Featured Post

Laissez tomber les opioïdes, « planez » grâce à la connexion

Michael nous appelle à retrouver le bonheur dans les relations humaines, et pas dans les stupéfiants

La véritable surprise est que le contraire de la dépendance n’est pas la sobriété ; c’est la connexion humaine.

Johann Hari est un journaliste et écrivain dont la vie a été affectée par la toxicomanie dans sa famille. Pourtant, la triste histoire de sa famille l’a incité à se lancer dans une quête personnelle de réponses, et ce qu’il a découvert peut nous être bénéfique à tous.

Aujourd’hui, la toxicomanie est devenue une épidémie qui tue des dizaines de milliers de personnes chaque année rien qu’aux États-Unis, et lui trouver des causes et des solutions est devenu un besoin urgent dans le monde entier, mais surtout aux États-Unis.

Tout est dans la cage

Dans un article fascinant du Huffington Post, M. Hari précise comment il a découvert la vérité sur la dépendance, et ce qui, selon lui, va la résoudre.

Hari a constaté que la théorie initiale pour expliquer la toxicomanie a été développée par des expériences sur des rats placés dans des cages avec deux bouteilles, l’une remplie d’eau ordinaire, l’autre avec de l’héroïne. Les rats ont goûté aux deux bouteilles, et après plusieurs fois sont devenus accros à l’héroïne.

Ils ne buvaient que de la bouteille pleine de drogue, jusqu’à en mourir.

Le problème, écrit Hari dans son article, était que les rats avaient été placés tout seuls dans la cage, alors qu’ils sont des animaux très sociaux, tout comme nous. Bruce Alexander, professeur de psychologie à Vancouver, a décidé de voir si la théorie sur la toxicomanie se vérifierait dans des circonstances différentes.

Il a mené la même expérience avec les deux bouteilles, mais a placé les rats dans une cage que Hari a décrite comme un « Parc pour Rats », pleine de « boules colorées et de meilleurs aliments, des tunnels pour courses effrénées, et beaucoup d’amis : tout ce qu’ils pouvaient désirer ».

Comme précédemment, les rats ont essayé les deux bouteilles, mais cette fois, ils sont à peine retournés à l’eau droguée et aucun d’entre eux n’est devenu accro.

En conclusion, écrit Hari, « Alors que tous les rats qui étaient seuls et malheureux sont devenus des consommateurs assidus, aucun des rats qui se trouvaient dans un environnement heureux ne l’est devenu ».

Encore plus étonnantes que les conclusions de Hari sur la dépendance chez les rats, ce sont celles sur la toxicomanie chez les humains. Hari a découvert des données qui révèlent que les patients hospitalisés soumis à des quantités énormes d’analgésiques à base d’opium deviennent rarement dépendants.

Il en était de même pour les soldats de la guerre du Vietnam. Pendant qu’ils étaient déployés, environ vingt pour cent d’entre eux sont devenus dépendants à l’héroïne. Mais à leur retour, ils ont simplement arrêté de l’utiliser, sans avoir eu besoin de programme de réadaptation.

Tout comme les rats, une fois que les gens retournent dans un environnement de soutien et d’amour, ils cessent d’utiliser des drogues parce qu’ils n’en ont tout simplement plus besoin. En conclusion, Hari a déclaré que « l’opposé de la dépendance n’est pas la sobriété, c’est la connexion humaine ».

Que se passe-t-il lorsque nous boudons la bonne cage

Le manque de connexion humaine se répercute au-delà de la toxicomanie. Il cause ou aggrave tant de problèmes de santé physique et mentale que s’il était comblé, cela éliminerait presque complètement le besoin de soins de santé.

Dans une entrevue pour Channel 2 en Israël, Thomas Friedman du New York Times a dit avoir récemment demandé à Vivek Murthy, Chef des services de santé, « Quelle est la maladie la plus répandue en Amérique, est-ce le cancer, le diabète, les maladies cardiaques ? Ce dernier a répondu : ‘Aucune d’entre elles : c’est l’isolement.’ »

Ni les maladies cardiaques, ni la dépression, ni même la toxicomanie, mais l’isolement social est le facteur principal des maladies aux États-Unis plutôt que tout autre problème de santé. Ajoutez à cela la facilité d’obtention et le prix abordable des drogues dans la rue et des médicaments d’ordonnance, et vous constaterez que nous nous sommes créé, sans nous en rendre compte, les conditions qui poussent les rats et les humains à l’abus et la toxicomanie.

Nous nous mettons dans la mauvaise cage, c’est-à-dire dans l’isolement social, puis essayons d’y échapper en nous tournant vers la drogue.

William Lisman est le médecin légiste du comté de Luzerne, en Pennsylvanie. Ce comté est officiellement « l’endroit le plus triste en Amérique ».

Au fil des ans, il a vu de nombreux décès causés par une surdose de médicaments d’ordonnance. Selon lui, la situation est assez simple : « Nous avons beaucoup de gens qui sont insatisfaits de la vie. Les gens qui utilisent la drogue cherchent à s’en échapper. »

D’où vient l’insatisfaction

Si nous étions des rats, il serait tout à fait simple de nous rendre heureux. Les rats sont parfaitement heureux avec des balles colorées, de la bonne nourriture et de la bonne compagnie. Nous, les humains, avons déjà cela, et plus encore.

La vie nous offre toutes sortes de divertissements inimaginables, une surabondance de nourriture, et les gens pullulent autour de nous. Pourtant, bon nombre d’entre nous fuient tout cela et s’isolent.

Pourquoi nous aliénons-nous les uns des autres ? Pourquoi y a-t-il tant de haine parmi nous alors que nous pourrions vivre heureux dans « Le Parc d’Humains » ?

Il n’y a qu’une seule réponse : l’ego.

La structure des désirs humains est unique. Tous les autres animaux ne cherchent qu’à satisfaire leurs besoins. Quand ils ont assez de nourriture pour s’alimenter et un abri pour protéger leur progéniture, ils sont satisfaits et contents. Mais pour nous, plus nous en avons, plus nous en voulons.

Au-delà de la subsistance et de la reproduction, nous aspirons au pouvoir, à la renommée, à la connaissance et au respect. Subsister ne nous suffit pas ; nous voulons la supériorité.

En 1998, le Journal of Economic Behavior & Organisation publiait une étude de recherche menée par David Hemenway et Sara Solnick, professeurs d’économie de l’Université de Harvard. Dans leur document de recherche, intitulé « Est-ce que plus équivaut à mieux ? Enquête sur les préoccupations de positionnement », Hemenway et Solnick concluent que beaucoup de gens préféreraient recevoir un salaire annuel de 50 000 $ alors que d’autres reçoivent 25 000 $, que de gagner 100 000 $ par année alors que d’autres gagnent 200 000 $.

En d’autres termes, tant que nous pouvons répondre à nos besoins fondamentaux, ce qui nous importe n’est pas de savoir si nous sommes riches ou non, mais que nous soyons ou non plus riches que d’autres.

Notre jalousie et notre haine envers autrui nous lient, car nous nous comparons constamment aux autres, et nous aliènent, puisque nous ne voulons pas nous lier à eux, mais obtenir la supériorité.

De cette façon, l’ego corrompt nos relations avec les autres. Si nous pouvions nous débarrasser de l’ego, nous serions heureux et satisfaits, mais nous serions essentiellement comme des rats, nous contentant de manger et de nous abriter.

Nous ne pouvons pas être comme des rats. L’ego est le moteur de notre évolution, la force motrice du progrès. Nos sages nous disent dans le Midrash (Kohelet) : « On quitte ce monde sans que la moitié de nos désirs soient satisfaits. Celui qui en a cent en veut deux cents, et celui qui en a deux cents en veut quatre cents. »

Comme le montre la recherche que nous venons de mentionner, nos ego sont parvenus au point qu’ils ne se contentent pas d’en avoir plus. Ils veulent en avoir plus que d’autres.

Pis encore, nous éprouvons souvent du plaisir à causer de la peine aux autres, simplement pour les blesser. Aucun animal ne se plait à infliger des souffrances sans raison, seuls les humains le font.

Le professeur Peter Cohen de l’Université d’Amsterdam, chercheur pionnier en matière d’abus des drogues, souligne que les gens ont un profond besoin de liens et de connexions, que c’est ainsi que nous nous sentons satisfaits.

Quand l’ego corrompt nos liens, il détruit notre plus grande source de satisfaction ; il nous fait détester le contact humain, et en même temps nous fait avoir peur de nous retrouver seuls.

Annuler les méfaits de l’ego

Comme l’a dit M. Hari dans son article : « Si nous assimilons vraiment cette nouvelle histoire », que la dépendance n’est pas causée par la chimie, mais par l’isolement des gens, « nous devrons changer beaucoup plus que la guerre contre les drogues. Nous devrons nous transformer. »

Pour revenir un instant à Thomas Friedman, dans une entrevue avec Tucker Carlson à l’émission Tucker Carlson Tonight, il a déclaré à propos de l’imminent chômage permanent et des défis qui en découlent :

« Nous avons d’abord travaillé avec nos mains, puis avec nos têtes, et maintenant nous allons travailler beaucoup plus avec nos cœurs. (…) Je pense que relier les gens entre eux sera une tâche gigantesque. (…) Je pense que les meilleurs emplois seront des emplois qui nous mettent l’un en face de l’autre. Nous allons voir un tout nouvel éventail d’emplois et d’industries centrés sur le cœur, et la connexion entre gens. »

Friedman a raison. En 2013, l’Institut ARI a publié le livre Les avantages de la nouvelle économie : résoudre la crise économique mondiale par la responsabilité mutuelle. Ses auteurs, dont certains sont mes étudiants, ont déclaré que :

« Un changement de concepts et de valeurs est nécessaire maintenant, un changement des rapports basés sur la solidarité et la cohésion sociale plutôt que sur le pouvoir. Le lien entre les gens est le sujet à l’ordre du jour public. L’économie est conçue uniquement pour encourager et préserver la connexion entre les gens. »

Au cours des dernières années, le Mouvement Arvout (responsabilité mutuelle), également fondé par mes étudiants, a organisé à travers le monde des séances de Tables rondes et de Cercles de connexion couronnées de succès retentissant.

Ces deux techniques, que je couvre en détail dans mon livre Completing the Circle, appliquent le principe découvert par le patriarche Abraham et perfectionné par ses descendants et disciples : « La haine engendre les conflits, et l’amour couvre tous les crimes. » (Proverbes 10:12)

Bref, n’essayez pas d’écraser l’ego ou de le supprimer, couvrez-le d’amour et il vous élèvera à de nouveaux sommets. Les auteurs du Livre du Zohar savaient cela et ont écrit : « Voyez combien il est agréable et plaisant que les frères s’assoient ensemble. Ce sont des amis quand ils sont assis ensemble, et ils ne sont pas séparés les uns des autres. Au début, ils semblaient être des guerriers voulant s’entretuer. Ensuite, ils sont à nouveau dans l’amour fraternel. Désormais, vous ne vous séparerez pas. (…) Et par votre mérite, la paix règnera dans le monde. » (Le Livre du Zohar, Akharei Mot)

Même si je suis ravi que les gens se rendent finalement compte que l’isolement social est notre plus grand problème, et que nous devons apprendre à nous relier les uns aux autres, je crains aussi que nous ne nous réveillions trop lentement.

À moins de nous dépêcher, les gens seront poussés à de tels niveaux de violence (qui sont déjà montés en flèche) que nous ne serons pas capables d’empêcher une catastrophe sociale, voire mondiale.

Plus vite nous réaliserons que nous devons introduire une éducation généralisée pour la connexion, meilleures seront nos chances de faire face rapidement, facilement et agréablement aux changements dans notre travail et nos liens sociaux.

à propos de l'auteur
Michael Laitman est Professeur en Ontologie, PhD en Philosophie et Kabbale, et MSc en Biocybernétique Médicale. Il était le disciple le plus notoire du kabbaliste, Rav Baruch Ashlag (le RABASH). Prof. Laitman a écrit plus de 40 livres, traduits dans une douzaine de langues; il est le fondateur et le président de l'Institut ARI, et il est un conférencier recherché. Son dernier livre, "Comme une Gerbe de Blé: pourquoi l'unité et la garantie mutuelle sont-elles à l'ordre du jour", explique la racine, la cause et la solution à l'antisémitisme.
Comments