L’accouchement #QuotidienIsraélien
Aujourd’hui, A. est venue en train depuis Haïfa nous présenter son bébé. Elle nous raconte le nouvel appartement dans lequel ils ont emménagé juste à temps pour l’accouchement… Et avant que la guerre ne commence au Nord. Le bébé est né le 22 septembre, le jour du terme… Mais aussi le premier jour de la guerre.
Elle débarque dans un hôpital vide. Étonnée, elle demande à l’infirmière pourquoi il n’y a personne. Cette dernière lui répond que la maternité n’est pas un bâtiment sécurisé. L’hôpital prévoit de transférer le département au sous-sol. Mais en attendant, toutes les femmes vont accoucher dans l’autre hôpital de la ville qui a déjà transféré la maternité au parking.
A. n’avait pas pensé à ça. Elle a des contractions rapprochées. Et puis, elle n’est pas du genre stressée.
On la transfère dans une salle d’accouchement. Et, on leur donne des instructions. « S’il y a une sirène et que votre femme n’est pas sous péridurale, vous allez dans le couloir. Si elle est sous péridurale, vous poussez le brancard vers l’entrée de la salle. C’est l’endroit le plus sûr ».
Les alertes retentissent les unes après les autres. Par contre, côté accouchement, ça avance lentement. À un moment donné, la sage femme lui dit : « Ecoutez, il faut faire plus vite parce qu’on est en train de transférer les salles d’accouchement au sous-sol. Donc si vous n’accouchez pas rapidement, on va devoir vous transférer et là-bas, c’est un open space, les salles d’accouchement sont séparées par un rideau ». A. se marre. « Ça ne m’a pas franchement aidée à me détendre ».
Du coup, on lui propose de l’ocytocine pour accélérer le travail. Elle accepte. Tout se passe bien. Le bébé arrive.
Ensuite, on la transfère dans une chambre. Qui est en fait un coin de parking. Elle y somnole une nuit. Le lendemain, elle se réveille, signe une décharge et rentre chez elle.
À cause de la guerre et des alertes incessantes, il n’y a pas école. Ses deux grands sont à la maison. Les sirènes continuent de retentir. Et eux, de courir à l’abri. « Mais ça va, quand on est à la maison, on a une minute pour s’abriter, c’est largement suffisant même quand ça te prend sous la douche. Mes parents ont 15 secondes. Parfois ça explose avant même qu’ils déclenchent la sirène ».
Voilà aujourd’hui, A. est venue nous raconter comment se passe sa nouvelle vie. Maintenant qu’elle est maman de trois garçons.