L’accouchement #QuotidienIsraélien

Un ruban jaune en solidarité avec les otages toujours retenus dans la bande de Gaza depuis le pogrom du du 7 octobre 2023 par le Hamas affiché lors d'un rassemblement appelant à leur libération, à Tel Aviv, le 15 août 2024. (Crédit : Gil Cohen-Magen/AFP)
Un ruban jaune en solidarité avec les otages toujours retenus dans la bande de Gaza depuis le pogrom du du 7 octobre 2023 par le Hamas affiché lors d'un rassemblement appelant à leur libération, à Tel Aviv, le 15 août 2024. (Crédit : Gil Cohen-Magen/AFP)

Aujourd’hui, A. est venue en train depuis Haïfa nous présenter son bébé. Elle nous raconte le nouvel appartement dans lequel ils ont emménagé juste à temps pour l’accouchement… Et avant que la guerre ne commence au Nord. Le bébé est né le 22 septembre, le jour du terme… Mais aussi le premier jour de la guerre.

Elle débarque dans un hôpital vide. Étonnée, elle demande à l’infirmière pourquoi il n’y a personne. Cette dernière lui répond que la maternité n’est pas un bâtiment sécurisé. L’hôpital prévoit de transférer le département au sous-sol. Mais en attendant, toutes les femmes vont accoucher dans l’autre hôpital de la ville qui a déjà transféré la maternité au parking.

A. n’avait pas pensé à ça. Elle a des contractions rapprochées. Et puis, elle n’est pas du genre stressée.

On la transfère dans une salle d’accouchement. Et, on leur donne des instructions. « S’il y a une sirène et que votre femme n’est pas sous péridurale, vous allez dans le couloir. Si elle est sous péridurale, vous poussez le brancard vers l’entrée de la salle. C’est l’endroit le plus sûr ».

Les alertes retentissent les unes après les autres. Par contre, côté accouchement, ça avance lentement. À un moment donné, la sage femme lui dit : « Ecoutez, il faut faire plus vite parce qu’on est en train de transférer les salles d’accouchement au sous-sol. Donc si vous n’accouchez pas rapidement, on va devoir vous transférer et là-bas, c’est un open space, les salles d’accouchement sont séparées par un rideau ». A. se marre. « Ça ne m’a pas franchement aidée à me détendre ».

Du coup, on lui propose de l’ocytocine pour accélérer le travail. Elle accepte. Tout se passe bien. Le bébé arrive.

Ensuite, on la transfère dans une chambre. Qui est en fait un coin de parking. Elle y somnole une nuit. Le lendemain, elle se réveille, signe une décharge et rentre chez elle.

À cause de la guerre et des alertes incessantes, il n’y a pas école. Ses deux grands sont à la maison. Les sirènes continuent de retentir. Et eux, de courir à l’abri. « Mais ça va, quand on est à la maison, on a une minute pour s’abriter, c’est largement suffisant même quand ça te prend sous la douche. Mes parents ont 15 secondes. Parfois ça explose avant même qu’ils déclenchent la sirène ».

Voilà aujourd’hui, A. est venue nous raconter comment se passe sa nouvelle vie. Maintenant qu’elle est maman de trois garçons.

à propos de l'auteur
Ornella Nomber est née à Paris en 1984. Après ses études, elle part vivre en Israël où elle habite depuis quinze ans avec sa famille. Dans sa vie professionnelle, Ornella gère des projets pour un géant Internet. En parallèle, Ornella écrit des chroniques littéraires et plus généralement des textes sur ce qui la touche sur Instagram (@ornellano). En 2023, elle a créé la newsletter Les filles de 1984 dans laquelle elle a publié plusieurs dizaines de portraits de femmes de sa génération. En décembre 2024, elle publie son premier roman sur Amazon: Le prix des bonnes intentions. Il parle de double culture, du poids des héritages familiaux et de maternité(s). Depuis le 7 octobre et devant l’absence d’empathie pour le peuple israélien, sa complexité et ses combats, Ornella décide d’écrire des notes pour informer sur le quotidien dans le pays sous le hashtag #quotidienisraélien. C’est l’objet de ce blog.
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