La voix de l’Europe, désinformation, corruption
Il y a voix et voix
L’Union Européenne donne régulièrement de la voix par ses très nombreux représentants. A ce concert, souvent discordant, est venue s’ajouter une voix venue d’ailleurs, implantée à Prague depuis 2023, mais initialement créé en 2017 pour organiser un référendum contre l’accord d’association entre l’UE et l’Ukraine, sa vocation a bifurqué. En 2023, le 14 mars, l’homme d’affaires polonais Jacek J. devient officiellement, fictivement semble-t-il, l’unique actionnaire.
L’intéressé lui-même affirme avoir découvert qu’il était proprietaire des actions. Usurpation d’identité, homme de paille ? le notaire qui a enregistré les actes n’en dira pas plus. Il n’a pas été officiellement possible de vérifier qui était le véritable détenteur de ce portail. En revanche, on constate la présence d’un citoyen russe Artem M. qui serait responsable du contenu de la propagande diffusée.
C’est un oligarque ukrainien membre important de l’opposition pro-russe, Viktor M. qui est considéré comme le financier de cette plateforme. Il a été assigné à résidence en Ukraine en 2021, pour trahison. A la faveur d’un échange de prisonniers en 2022, il rejoint la Russie. Voice Of Europe diffame les hommes politiques européens, propage des fakes news. Il aura fallu que la date de l’élection soit très proche, pour que la Commission et le gouvernement tchèque prennent des décisions, alors que cette station émet depuis 2023 et on ne l’ignorait pas.
De coïncidences en coïncidence
La proximité de l’élection européenne qui commencera le 6 en Allemagne pour culminer le 9 juin dans les 27 pays de l’Union Européenne.
Fin mars (soit 8 semaines avant les élections) le gouvernement tchèque dénonce la plateforme de propagande et de désinformation et la place sur la liste des sanctions contre la Russie, aux côtés de Russia Today et Spoutnik, médias radio et télé au service des autorités russes.
Le 24 avril en Allemagne, le procureur général fait arrêter un proche collaborateur du candidat, tête de liste de l’AFD, soupçonné d’espionnage
Autre coïncidence, la commission européenne a annoncé un 14ème jeu de sanctions contre la Russie fin mars 2024 dont les effets restent à démontrer quand on sait déjà que son PIB sera supérieur à 4% après 3,6% en 2023 pendant que l’Union Européenne cherche à éviter la récession et feint de menacer le géant chinois de mesures de rétorsion économiques. De même le FMI vient d’informer la France qu’elle sera incapable de réduire son déficit à 3% ( il sera supérieur à 4%) en l’absence de mesures d’économie beaucoup plus importantes que celles annoncées dernièrement. On attend la suite après le 9 juin.
Le 27 mars, après une enquete conjointe des autorités tchèques et polonaises, indique que Voice of Europe et l’homme politique ukrainien pro russe déjà cité, Viktor M. sont bien mêlés a une campagne d’influence et d’ingérence pro russe. Peu de temps après, le site est mis hors ligne.
Selon le site Euractiv, l’adresse IP a été formellement identifiée le 10 mars. Depuis la plateforme est hébergée sur Ghostkz, qui est un site web au Kazakhstan.
La Commission à la manoeuvre
Ce que l’on sait aussi : ces réactions de la Commission, de la Tchéquie et de la Pologne notamment, interviennent alors que des enquêtes en cours pour corruption, ont ébranlé les institutions européennes de la législature actuelle. Le Qatargate a ébranlé Bruxelles fin 2022. D’autres dossiers en cours n’ont pas encore été rendus publics.
Ingérences politiques
L’ingérence étrangère est probablement l’un des premiers sujets de préoccupation de la Commission. Mme von der Leyen, candidate auto-proclamée à son renouvellement, promet la mise en place d’un « bouclier de défense européenne « si elle est réélue. Devant la réaction des ONG et de la société civile, les textes législatifs proposés ont été repoussés à plusieurs reprises. On y voit la possible mise en cause des droits démocratiques des citoyens. Il s’agit d’établir divers contrôles sur les moyens de financement, des individus comme des institutions ou autres organismes financés par l’etranger dans l’opacité actuelle.
Vous avez dit transparence,
La question est également d’actualité quand on découvre que des fonds provenant de l’UE, transitent par diverses associations plus ou moins caritatives, voire culturelles pour finalement aboutir dans le financement d’organisations subversives ou terroristes agissant sous un faux nez. S’agit-il de la promesse implicite d’une grande opération Mains Propres, qui ne veut pas encore dire son nom, la suite le dira, peut-être, car, c’est bien connu, les promesses n’engagent que ceux qui les acceptent.
A propos de sanctions (voir l’article précédent Imbroglio des sanctions Russie, Iran) on constate que les exportations de produits ou composants hautement technologiques de l’UE vers l’Asie dont le Kazakhstan, ont augmenté de 333% comparées a la période précédente. Dans l’immédiat, il ne semble pas que le Kazakhstan rejoigne la liste des pays sous sanctions. Cherchez l’erreur.
Voice of Europe réagit en qualifiant toutes les accusations portées contre sa diffusion comme une volonté d’interdire la liberté de la presse, la liberté d’expression face à un diktat culturel européen de rejeter toute politique alternative et son expression. Voice of Europe, souligne enfin l’absence de preuves fournies par l’UE.
Selon le premier ministre belge Alexandre de Croo, des membres du parlement européen ont été approchés et payés (Corrompus) par Moscou pour participer activement à un réseau de propagande pro russe animé par Voice of Europe.
A date, il n’en reste pas moins vrai qu’aucune poursuite judiciaire n’a été engagée. Cherchez l’erreur.
On s’interroge sur l’irruption soudaine dans le paysage médiatique de l’affaire Voice of Europe, à quelques semaines de l’élection. A se demander s’il ne s’agit pas d’une diversion et de mettre la poussière sous le tapis concernant les divers dossiers de corruption, car s’ils étaient mis au grand jour actuellement – ils pourraient porter préjudice à divers partis.
On observe d’ailleurs que de ce côté là, personne ne semble vouloir que le sujet soit abordé. En effet, il est trop brulant et on craindrait un effet boomerang qui ferait tache d’huile et mettrait certains en difficulté, sans parler de perdre des voix et des députés, pendant qu’on s’attend déjà à une poussée significative des partis classés à l’extreme droite de l’échiquier. On semble confondre opacité avec discrétion.
Se rappeler aussi, qu’il y aurait, basés à Bruxelles, près de 50.000 lobbyistes. Peut être est-ce aussi dans cette présence qu’il faut rechercher la présence de corrupteurs, car la tentation est grande. Voilà bien un autre tabou.
Décidément le monde de la politique a tellement de faces obscures qu’on peut comprendre les citoyens et en particulier les plus jeunes qui se détournent de la politique.