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La soumission, c’est maintenant

Cette résolution est donc un crime historique contre la connaissance historique

Il n’est de pire soumission que celle que l’on nie. La France est soumise. Nous sommes soumis. Le début de l’insoumission commence par la prise de conscience de la grandeur de la servitude.

Le paradoxe est grand: c’est au moment précis où l’idéologie islamo-gauchisante aura révélé sa nocivité criminelle et qu’on peut la contester moins dangereusement qu’autrefois, qu’elle poursuit néanmoins inexorablement son chemin sans que rien ne l’arrête.

La soumission est partout. Le comble, c’est lorsqu’elle porte le masque de la rébellion. Ainsi, les jeunes écervelés, qu’écris-je, décérébrés, qui passent la nuit debout. Ils pourraient, à ce compte, protester contre le martyre des victimes de l’islamisme, ou même, et pourquoi non, organiser une brigade internationale pour aller le combattre. Ce serait romantique, utile et courageux. En France, ils pourraient prendre en charge des vieillards nécessiteux, des handicapés isolés, ou participer à la lutte contre la souffrance animale.

Non, ils passent la nuit debouts pour mettre à bas une loi destinée à combattre le chômage des jeunes.

Quand va-t-on comprendre que le succès médiatique de l’imposture s’explique, dans notre univers névrotique, non en dépit de son indigence, mais précisément en raison de celle-ci?

Étrangement, c’est à gauche plus qu’à droite, que le diagnostic politique le plus sévère aura été livré sur le sujet: Jean-Marie Le Guen (PS) a évoqué: «les manipulations grossières d’une extrême gauche qui vient ramener ici sa radicalisation, là sa violence» plus loin, (au Grand rendez-vous sur Europe 1) le secrétaire d’État aux relations avec le Parlement, étonnamment bien inspiré, n’a pas craint de mettre en cause «ceux qui manipulent politiquement les symboles d’asservissement des femmes» ce qu’il a qualifié «d’idéologie islamo-gauchiste» qu’il définit comme «une part de la gauche de la gauche», incarnée selon lui, par Clémentine Autain «prête à céder totalement au différentialisme culturel» en acceptant «de substituer des normes religieuses et communautaires à nos droits et nos règles républicaines».

À droite, on serait bien inspiré de décrire aussi vertement la soumission à la sottise rouge et verte. Curieusement, le ministre n’a pas cru demander la fin de la mascarade, en plein état d’urgence.

L’Europe est soumise, pieds et poings, au sultan ottoman. Madame Merkel, plutôt que d’arrêter enfin avec ses propres mains le flot invasif auquel elle avait ouvert imprudemment les bras, préfère s’en remettre à la Sublime Porte pour ne pas à avoir à cadenasser celles de l’Europe offerte.

Pour tenter d’échapper à l’arrivée de millions de Syriens, d’Érythréens et de Soudanais et bientôt peut-être, qui sait, d’Algériens, la chancelière accepte le chantage d’avoir à accueillir les yeux fermés 75 millions de Turcs.

La soumission intellectuelle vire à la tragi-comédie lorsque la madone de Berlin, hier coiffée d’un casque à pointe et aujourd’hui, par les mêmes, béatifiée, se couche sur le divin divan pour livrer en pâture un journaliste turc impertinent. Jusqu’au Pape, qui préfère accueillir à grand bruit seulement des musulmans qui ne risquaient plus rien en Turquie plutôt que d’aller sauver plus discrètement en Syrie des chrétiens ou des yézidis.

En Orient, le statut des chrétiens soumis est toujours celui des dhimmis. Et en Occident à présent, Saint-Père?

Elle court la soumission. Elle passe couramment par l’occultation de l’information. C’est ainsi que l’Unesco s’est soumise subrepticement, une nouvelle fois, aux firmans des vizirs. En octobre 2015 l’organisation culturelle condamnée à devenir inculte avait déjà décrété que le tombeau des patriarches et la tombe de Rachel faisaient «partie intégrante de la Palestine».

Mais on avait encore rien vu: l’Algérie, l’Égypte, le Liban, le Maroc, Oman, le Qatar et le Soudan, temples de la culture et de la civilisation apaisée, viennent de voter le 18 avril une motion dont l’épithète «infâme» relève de l’euphémisme galvaudé.

Cette résolution insensée fait du Mur des lamentations à Jérusalem, un monument exclusivement musulman, alors qu’il est l’épicentre matériel, historique et national de la foi juive.

Chacun sait, sauf désormais l’organisation culturelle des Nations unies , que le Mur a été bâti au plus tard au premier siècle avant l’ère chrétienne par Hérode le Grand. L’islam est apparu en l’an 622 après J-C…

Cette résolution est donc un crime historique contre la connaissance historique.

Pour le même et vil prix, les nations islamiques ont obtenu que soit consigné dans la résolution, le mythe de la construction par les juifs perfides de fausses tombes dans les cimetières musulmans de Jérusalem… Ce qu’a fait l’État islamique avec ses mains à Palmyre et ailleurs, l’Unesco l’a fait d’un trait de plume. Mais les vrais scandales habitent ailleurs. Le premier, c’est que la France a apporté sa voix à la résolution révisionniste. Et le second, c’est qu’il n’y a aucun scandale, mais indifférence soumise.

La tartufferie tourne à la farce: voilà un gouvernement qui, par la bouche de son premier ministre explique que la détestation pathologique d’Israël est la source sulfureuse de l’antisémitisme criminel en France et qui, de sa main gauche, cautionne la radicalité la plus abjecte. J’imagine déjà certains qui me lisent se dirent que c’est parce que je présiderais France-Israël, que j’y puiserais là ma propre indignation.

Ils ont parfaitement raison. Une telle résolution signe d’un nouveau méchant signe l’abandon de l’État juif. Et cela, effectivement, m’indigne.

Mais pas uniquement pour cette bonne raison.

Car dans France-Israël, il y aussi France. Nos diplomates cyniques et faibles s’imaginent sans doute qu’en apportant leur caution à l’étrange motion, ils ne font que céder, une nouvelle fois et à peu de frais, aux caprices d’Orient. Ils ne voient pas, ces aveugles acculturés, qu’ils soumettent l’histoire et la culture du monde à sa réécriture coranique. Regarder bien en face la soumission qui vient, devient la plus urgente des missions.

Cet article a été publié dans le Figaro. 

à propos de l'auteur
Gilles-William Goldnadel est avocat et écrivain.
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