La revanche de Netanyahu

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu s'exprimant lors d'une conférence de presse au ministère de la Défense, à Tel Aviv, le 28 octobre 2023. (Crédit : Dana Kopel/POOL).
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu s'exprimant lors d'une conférence de presse au ministère de la Défense, à Tel Aviv, le 28 octobre 2023. (Crédit : Dana Kopel/POOL).

Le 29 décembre 2022, Netanyahu fut réinvesti Premier ministre par la Knesset. Ce scrutin s’apparenta à un référendum destiné à le plébisciter ou le désavouer. Mais, il semblait déjà nourrir des désirs de vengeance : se venger de l’humiliation subie lors des enquêtes policières et pendant son procès. Il décida alors de « riposter » contre les instances judiciaires. Il mit en garde aussi ses trois juges, une menace camouflée. Il se transforma et devint un homme assoiffé de vengeance. Le sentiment d’humiliation s’aggrava lorsque ses opposants lui arrachèrent le pouvoir.

La vengeance n’est jamais constructive. Elle peut aller de petites actions agressives à des actes plus graves et violents – physiquement et psychologiquement, risque d’aggraver les conflits et d’entraîner des conséquences psychologiques néfastes. Elle cause aussi des souffrances supplémentaires à toutes les parties impliquées. Apparemment, l’humiliation d’une célébrité, et surtout d’un homme d’État, fait perdre, la raison, la morale et la dignité. Dès lors, les intérêts d’Israël et de sa population deviennent secondaires pour Netanyahu. Seule sa survie politique et les privilèges de sa famille comptent.

En considérant le parcours de sa famille, on peut émettre l’hypothèse que Benjamin (Bibi) Netanyahu cherche par ailleurs une revanche au nom de son père. En effet, Ben Tsion Netanyahu quitta à deux reprises le pays. En 1939, il partit à Londres et à New York, pour achever ses études. Il retourna en 1949 avec son épouse et son aîné, Yonathan. En 1962, Ben Tsion, déçu de ne pas être accepté comme professeur titulaire à l’Université Hébraïque de Jérusalem en raison de ses positions politiques et ses controverses avec la direction socialiste du pays, s’expatria de nouveau aux États-Unis. Benjamin avait alors 14 ans. La famille revint en Israël après la perte tragique de Yonathan (Yoni), commandant de l’opération d’Entebbe, le 14 juillet 1976.

Ben Tsion, préparait son fils Yoni à se venger du Mapaï et à devenir le « Ben Gourion de la droite ». Son rêve s’évanouit avec sa mort. Il reporta ses ambitions sur son cadet Bibi. Quelques semaines avant l’élection de ce dernier à la tête du pays, son père lui offrit la biographie complète de John Kennedy.

Netanyahu est sans doute frustré, voire jaloux, de ne pas être à la hauteur de Ben Gourion. Il l’a pourtant dépassé en termes de durée au pouvoir, mais ce dernier restera à jamais le « bâtisseur » de l’État d’Israël, tandis que Netanyahu se distingue de plus en plus comme le « destructeur ».

La formation politique de Ben Gourion, la gauche, peut être fière de son héritage éthique et patriotique. Elle donna au pays bon nombre de chercheurs, d’innovateurs, de penseurs, de créateurs de startups à succès mondial et surtout des démocrates viscéraux. Face à eux, on trouve des militants assoiffés de haine (La Familia, Lahava, No’ar hagva’ot) et de complexes d’infériorité, des semeurs de troubles, tout ce qui peut ressembler à un « gang » mené par l’illusionniste Netanyahu.

Apparemment, Bibi ne ressemble en rien à son frère Yoni, un vrai héros.

Israël est aujourd’hui prise en otage par un homme humilié, jaloux et indifférent à son peuple.

à propos de l'auteur
Né en 1947 à Meknès, au Maroc, il a vécu en Israël de 1962 à 1988 avant de s’installer à Paris. Éditeur franco-israélien, il a conçu et dirigé de nombreux projets culturels à Paris, en particulier : une galerie d’art moderne israélien, un club littéraire et artistique autour du judaïsme contemporain ainsi qu’une librairie-café méditerranéenne. En1998, il a conçu et dirigé, le stand « Israël – hôte d’honneur » (400 m2) au Salon du livre et de la presse à Genève. Auteur d’une thèse de doctorat socio-littéraire sur la littérature israélienne traduite et publiée en français, depuis la création d’Israël (1948) jusqu’à 2005, année de la soutenance. Mickael Pariente a également publié deux bibliographies : 2000 titres à thème juif - 1420 biographies d’auteurs, préfacée par Emmanuel Le Roy Ladurie, ancien président de la Bibliothèque nationale, éd. Stavit, Paris 1998 et Littératures d’Israël, éd. Stavit, Paris 2003. Écrivain bilingue (hébreu-français), il a publié : L’Autre Parnasse – Confessions de femmes dans un café littéraire, roman paru en hébreu et en français en 2011, et en anglais et en espagnol en 2013, éd. StavNet ; A l'Ombre des murailles – souvenirs d'enfance au mellah de Meknès, récit paru en hébreu et en français en 2015, ainsi qu’en anglais et en espagnol en 2023, éd. StavNet ; Israël : politique et société – de Ben Gourion à Netanyahu, paru en français, en anglais et allemand en 2021, éd. StavNet ; Papi, vient vite ! Papi, tu dérailles ?! Papi vient au désert ! – trilogie pour enfants, écrite en hébreu et accompagnée d’une traduction en français, illustrée par Alec Borenstein ; Sarah – Née sous X, roman paru en français, hébreu, anglais et en espagnol, en 2022, éd. StavNet Mickael Pariente publie régulièrement des articles d'opinion dans la presse israélienne : Haaretz, Ma’ariv, Zman Israel, Ynet... en hébreu et en français, Libération, Le Monde, et Times of Israel…
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