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La résilience de la nation israélienne est mise à l’épreuve

Le journal Haaretz. Illustration. (Crédit : Olivier Fitoussi/Flash90)
Le journal Haaretz. Illustration. (Crédit : Olivier Fitoussi/Flash90)

Une nation est mise à l’épreuve devant les dangers, et pendant les crises et les conflits armés. Seule une forte résilience est capable de naviguer contre vents et marées. La démoralisation tue l’action et risque de plonger le pays dans un coma irréversible.

Malgré les graves défaillances militaires et gouvernementales, la majorité écrasante du peuple israélien a prouvé, depuis le 7 octobre 2023, un courage exemplaire dans le combat contre le terrorisme islamiste, une détermination remarquable pour la libération des otages et un soutien inédit à l’égard de toutes les familles en détresse, en particulier envers la famille Bibas.

Dans les moments douloureux et pénibles, les Israéliens ont toujours eu la capacité de s’unir et de poursuivre leur train de vie. Cette solidarité populaire est unique au sein des nations et elle caractérise le destin du peuple juif depuis la nuit des temps.

Cependant, l’onde de choc du 7 octobre ne doit pas plonger le pays dans le découragement et la déprime quotidienne. Un peuple trimillénaire ne doit jamais perdre son âme. La résilience est notre force, notre union est un objectif noble.

En général, nous sommes craintifs, pessimistes et cyniques car le passé nous engloutit. Nous posons les mêmes questions et nous répondons les mêmes réponses. Des paroles optimistes ou pessimistes ne peuvent changer la réalité, c’est bien la réalité qui modifie les discours.

Malgré toutes les difficultés et les menaces, nous sommes les seuls de la planète à pouvoir toujours compter sur notre foi et sur la solidarité inébranlable des communautés juives. La zone de turbulence pourrait être passagère et la fatalité doit être combattue avec détermination.

Dans ce contexte, nous constatons que la majorité des reportages et des commentaires des journalistes sur les chaînes de télévision, dans la presse écrite et les réseaux sociaux demeurent sceptiques et pessimistes.

À gauche

Le quotidien de la gauche libérale, Haaretz, dicte souvent l’ordre du jour politique, en le présentant généralement dans un style toujours cynique et déprimant. Souvent, et d’une manière élitiste, certains commentateurs du journal se permettent avec vanité et prétention de donner des leçons de morale et de bonne conduite, et donnent également l’impression de détenir le monopole de La Vérité, de savoir ce qui est bon ou mauvais pour l’État d’Israël.

Certes, le devoir des médias est de diffuser des nouvelles et de critiquer toutes les injustices et les carences, mais en réalité nous observons malheureusement une surdose sur les mêmes sujets, une sorte de lavage de cerveau, un matraquage d’informations et de messages qui n’ont pas variés depuis le 7 octobre. On ne distingue plus entre la nouvelle brute et le commentaire, et souvent l’opinion personnelle domine.

Sur la chaîne 12, par exemple, on observe une véritable obsession de focaliser tous les journaux télévisés, toutes les émissions, sur la douleur des familles des otages, en diffusant en permanence des images pénibles des détenus et en accusant systématiquement le chef du gouvernement d’immobilisme et d’indifférence au sort des otages, sans expliquer avec un certain recul tous les enjeux et les contraintes.

Les débats sont médiocres, les commentaires prétentieux et les slogans démoralisants. Par avance on devine le contenu des analyses. On évoque rarement la politique internationale et la donne géopolitique.

À droite

En revanche, sur la chaîne 14, les conseillers en communication politique « proches du pouvoir » dominent les débats avec démagogie, sèment la zizanie et provoquent des querelles intestines inutiles.

Sur le fond, ils récitent les messages gouvernementaux sans émettre aucun doute. Ils critiquent sévèrement tous ceux qui ne pensent pas comme eux.

Cette attitude peu honorable ne représente pas le vrai métier du journalisme, ni non plus la déontologie et l’éthique. Malheureusement, ils nuisent à l’image d’Israël, et même à la crédibilité gouvernementale. Leur but est de brouiller les messages médiatiques et satisfaire les caprices du leader au pouvoir.

Certes, des réformes constitutionnelles sont nécessaires car elles enrichissent les valeurs démocratiques, mais elles doivent se faire en concertation avec toutes les parties. D’autre part, les attaques systématiques contre des généraux de Tsahal, contre les chefs des services de l’État et surtout contre le pouvoir judiciaire affaiblissent considérablement l’État de droit.

Sur ce sujet, Paul Valéry disait justement :

Si l’État est fort, il nous écrase ; s’il est faible, nous périssons.

À gauche comme à droite

La propagande n’est pas une évidence, le matraquage des messages creux ne forment pas une politique justifiée et applicable. La propagande, de gauche comme de droite, alimente les caprices du pouvoir, elle est extrêmement dangereuse dans un État démocratique en guerre permanente.

Sans prendre les choses à la légère ni avec insouciance, il est tout de même préférable de mettre les problèmes à leur juste proportion :

  • présenter la réalité de manière crédible,
  • voir l’ensemble des problèmes régionaux et internationaux,
  • ne pas croire – comme le font certains journalistes et experts en communication – qu’Israël est « le nombril du monde » etc…

Il ne faut ni commenter les événements uniquement sous un angle de politique intérieure, ni présenter une minable politique politicienne, qui mettrait en relief toute déclaration insignifiante de tel ou tel membre de la Knesset ou du gouvernement.

Choisir l’essentiel, l’important, et non la médiocrité, le futile et les ragots.

Dans ce contexte compliqué, le nouveau chef d’État-major, Eyal Zamir, devra préparer Tsahal à poursuivre le combat sur plusieurs fronts et surtout libérer tous les otages. Toutefois, pour pouvoir gagner une guerre, il doit en priorité :

  • éduquer à combattre pour une juste cause ;
  • inculquer aux officiers et aux soldats les principes de courage, de motivations patriotiques ;
  • réfléchir à des opérations militaires originales et spectaculaires ;
  • et toujours faire entrer dans les esprits que le but final est la recherche de la paix.

Les prochaines années s’annoncent imprévisibles tant sur l’avenir de notre pays que sur les affaires internationales suite à la crise ukrainienne.

Et pourtant, avec l’administration Trump, des opportunités pour l’État d’Israël peuvent se réaliser. De ce fait, ne ratons pas les grands rendez-vous de l’Histoire.

à propos de l'auteur
Ancien ambassadeur d'Israël. Journaliste-Ecrivain. Fondateur et directeur du CAPE de Jérusalem. Auteur de 25 ouvrages sur le conflit Israelo-arabe et sur la politique française au Moyen-Orient ainsi que des portraits-biographiques de Shimon Pérès, Ariel Sharon et Benjamin Netanyahou.
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