La reconnaissance occidentale de la Palestine n’est pas de la diplomatie, c’est une capitulation

Illustration réalisée par intelligence artificielle, avec l’aimable autorisation de Catherine Perez-Shakdam.
Illustration réalisée par intelligence artificielle, avec l’aimable autorisation de Catherine Perez-Shakdam.

Il fut un temps – pas si lointain – où le massacre de civils suscitait la clarté morale, non la confusion. Un temps où des atrocités telles que celles du 7 octobre – plus de 1 200 Israéliens massacrés, violés, brûlés vifs par les hommes de main du Hamas – unissaient le monde civilisé dans le deuil et la résolution. Ce monde, semble-t-il, est en train de s’effondrer.

À sa place, surgit un spectacle plus lâche encore : la politique de l’apaisement grimée en vertu internationale. Car que faut-il penser, sinon cela, de la décision prise par l’Espagne, la Norvège et l’Irlande, de reconnaître un « État de Palestine », quelques mois à peine après le plus atroce pogrom perpétré contre des Juifs depuis la Shoah ?

Ce n’est pas de la diplomatie. C’est du théâtre. Une mise en scène, jouée non pour les victimes, mais pour la foule des protestataires – pancartes brandies, téléphones levés, vociférations sur la « décolonisation », drapeaux de groupes terroristes flottant en arrière-plan. Et les politiciens occidentaux, au lieu de résister à cette dérive radicale, s’y soumettent, en direct, sous nos yeux.

Aucune contorsion rhétorique ne peut en dissimuler la vérité : c’est une récompense offerte au terrorisme, dans l’espoir illusoire d’apaiser une rue enragée, radicalisée. Ce n’est pas construire la paix, c’est gérer la peur – la peur d’États démocratiques de plus en plus effrayés par leur propre population.

Il n’y a eu aucune reconnaissance quand l’Autorité palestinienne pillait son peuple. Aucune urgence après des années de tirs de roquettes depuis Gaza. Aucun cri pour la souveraineté lorsque les dirigeants palestiniens emprisonnaient les dissidents ou annulaient les élections. Mais après que des familles juives ont été massacrées dans leurs foyers, après que des femmes ont été traînées hors de leurs abris pour être violées sous les acclamations, soudain, la reconnaissance s’impose – cynique, symbolique, médiatiquement satisfaisante.

Soyons clairs : on peut croire à une solution à deux États tout en reconnaissant que ce moment n’est pas celui du mensonge. On peut désirer l’autodétermination palestinienne tout en refusant d’accorder une légitimité diplomatique à un régime qui, à Gaza, agit comme Daech bien plus que comme un État en devenir. Il existe une frontière entre le réalisme et la reddition. Plusieurs gouvernements occidentaux viennent de la franchir.

Ce qui trouble, profondément, c’est la vitesse avec laquelle les principes moraux s’effondrent lorsqu’il s’agit d’Israël.

On nous dit que les droits de l’homme sont universels. Qu’il faut parler haut, parler vrai. Et pourtant, quand les victimes sont juives, cet impératif s’évanouit étrangement. Les ONG se taisent. Les militants universitaires détournent le regard. Les intellectuels publics se contorsionnent entre silence et justification.

Un État démocratique, attaqué par une entité génocidaire, devrait pouvoir compter sur une solidarité élémentaire. Mais non. Israël est plongé dans cette situation absurde où l’on le condamne plus sévèrement de se défendre qu’on ne condamne ses bourreaux pour avoir décapité des enfants ou diffusé en direct le viol collectif de femmes.

Les gouvernements qui reconnaissent aujourd’hui un État palestinien savent tout cela. Ils savent que ce pseudo-État est divisé entre deux factions : l’une, autocratie corrompue en Cisjordanie ; l’autre, un régime djihadiste à Gaza.

Ils savent que :

  • le Hamas n’est pas une anomalie mais une composante intégrée de la vie politique palestinienne ;
  • l’éducation palestinienne célèbre le martyre et l’assassinat,
  • ses dirigeants versent des salaires mensuels aux meurtriers ;
  • cette reconnaissance prématurée renforcera les extrêmes, non les modérés.

Et pourtant, ils persistent. Pourquoi ? Parce qu’il leur importe plus de calmer la rue que de maintenir un semblant de cohérence stratégique ou de principe moral.

Nous vivons une époque où les foules violentes façonnent la politique plus sûrement que les parlements. Où les slogans étouffent les faits. Où l’instinct de pacification remplace le devoir de gouverner avec responsabilité.

Israël ne demande pas de privilèges. Il demande l’équité. Le droit de se défendre face à ceux qui proclament vouloir l’effacer. Le droit de ne pas être jugé selon des critères qu’aucune autre démocratie n’endure. La reconnaissance élémentaire que la survie du seul État juif au monde ne devrait pas faire débat.

Cette vague de reconnaissances de l’ « État de Palestine » n’a rien à voir avec la paix, ni même avec l’État. Elle est un message. En message glaçant : le terrorisme paie. Qu’il soit assez criard, assez sanglant, assez politiquement commode pour qu’on détourne les yeux, et il sera récompensé.

Un jour viendra où les dirigeants qui ont entériné cette farce regretteront leur choix. Mais Israël, lui, persistera – comme toujours. Non pas parce que le monde l’aura soutenu. Mais parce que, face à la nuit, il aura choisi de se tenir debout, seul s’il le faut.

à propos de l'auteur
Catherine Perez-Shakdam est directrice exécutive de We Believe in Israel (WBII) et directrice du Forum for Foreign Relations (FFr). Analyste politique de renom spécialisée sur le Moyen-Orient, elle travaille au Royaume-Uni où elle conseille des responsables politiques britanniques et américains sur les questions géopolitiques, sécuritaires et idéologiques liées à la région. Militante engagée contre l'antisémitisme, l'extrémisme religieux et la désinformation, elle œuvre inlassablement pour la défense d'Israël, la promotion de la vérité historique et la protection des valeurs démocratiques.
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