La politique ambiguë de la France
Le lendemain[1] du « Samedi noir » le président Emmanuel Macron s’est rendu en Israël déclarant la solidarité du peuple français envers les Israéliens et les familles des victimes, assassinées ou kidnappées. Il exprima son écœurement face à la barbarie du Hamas et son soutien à une riposte légitime. Depuis, il a changé de cap, et critique clairement Israël et sa guerre contre un mouvement djihadiste-terroriste des plus intransigeants. Le discours de Macron devint critique et partial. Un double jeu qui laisse la France hors-jeu.
Un an après, Macron considère la réaction d’Israël comme disproportionnée. Préfère-t-il la disparition d’Israël que ses ennemis affichent ardemment ? S’il se soucie des victimes civiles de la bande de Gaza, pourquoi ne condamne-t-il pas les pratiques du Hamas, celles qui consistent à se servir de leurs citoyens comme bouclier humain ?
Les États-Unis, la Grande Bretagne, Le Canada, et bien d’autres pays n’utilisent pas une telle hypocrisie. Ils appellent à un cessez-le-feu afin d’épargner à la région un embrasement ingérable et ne condamnent pas partialement Israël alors qu’il lutte pour sa survie.
La France soutient une solution à deux États, à juste titre, et appelle régulièrement à des négociations avec l’espoir de résoudre le conflit israélo-palestinien. Elle tente de peser dans les discussions, mais les deux belligérants ne lui font pas confiance, et ne la considèrent pas comme un partenaire crédible.
La France a joué un rôle considérable dans le développement d’Israël à sa création. Depuis que le président Charles de Gaulle prononça son discours, le 27 novembre 1967, où il qualifia les Juifs de « peuple dominateur et sûr de lui », la politique du Quai d’Orsay reste ambiguë, sans réflexion sur les conséquences de sa position. Or, c’était juste après la guerre des Six Jours imposée par l’Égypte. Il qualifia le peuple juif (Israël) de « dominateur » alors qu’il n’avait pas cherché la guerre ni le pouvoir sur une population. Quant à « sûr de lui », c’est la moindre des qualités d’un peuple, aspirant à son indépendance et à sa survie, surtout après la Shoah.
Depuis, la politique arabe du Quai d’Orsay et des présidents successifs de la France est pour le moins ambiguë. Elle se prononce en faveur des pays arabes surtout pendant les guerres, tout en entretenant avec Israël des relations économiques, scientifiques, culturelles et touristiques avec peu d’équivalent avec d’autres pays. Ces manœuvres sont-elles sincères ? La France croit-elle que le monde arabe soit dupe ?
La France devrait avoir le courage de poursuivre une attitude ferme face au djihad islamique, que ce soit dans ses déclarations ou dans son comportement à l’ONU. Le « En même temps » de Macron ne peut fonctionner dans les affaires étrangères.
En politique, le monde est blanc ou noir. Il n’y a aucune place pour l’ambiguïté, la contradiction, le paradoxe
Milan Kundera
[1] Macron arriva en Israël le 24 octobre (NDLR).