La mise hors-jeu de l’UNRWA

C’est le drame du 7 octobre qui a révélé au grand jour le long processus des relations incestueuses de l’UNRWA avec le terrorisme. Les médias s’en sont largement fait les échos.
En revanche, on a beaucoup moins évoqué la transformation unique du statut de réfugié palestinien. L’UNRWA a tout simplement créé le statut de « réfugié forever ». À vie, pour ceux de 1948, leurs enfants, les petits-enfants et descendance, les parents par alliances, et d’autres. De sorte qu’on se réfère maintenant en permanence à plusieurs millions de personnes.
Comment l’UNRWA a procédé
Alors qu’on sait que parmi ceux qui encaissent les aides, un nombre important n’a jamais été réfugié mais revendique ce titre et bénéficie à titre permanent des aides fournies par le financement international, l’Office de secours de l’ONU pour les réfugiés de Palestine (UNRWA) avait mis en route un projet[1] afin de rendre public plusieurs millions de documents sur les déplacés de 1948 et leurs descendants.
La problématique
Initié en 2020, l’objectif était de légaliser le statut de réfugié pour les premiers concernés (1948), mais aussi pour leur descendance et plus encore.
Les auteurs affirmaient que « le projet est destiné à contribuer au ‘traitement des traumatismes’ ». En réalité, ce projet recouvrait depuis son origine un tout autre objectif : il était destiné à créer une base à façade historique et soi-disant légale, pour être opposée à Israël.
Les accords d’Abraham ont rebattu les cartes, comme le pogrom du 7 octobre l’a fait, et comme l’élection de Donald Trump les rebat encore actuellement.

L’éviction de l’organisation hors d’Israël et la suspension du financement par les États-Unis provoque un tsunami, qui oblige toutes les parties concernées à revoir leur copie des dernières années. Sans les États-Unis, pas de ressources de remplacement.
L’Europe, qui prétend poursuivre son soutien, n’y parviendra pas seule. Les pays arabes sont depuis toujours de faibles contributeurs.
Après plus de 15 mois de conflit, l’éviction de l’UNRWA prend tout son sens. En 1948, l’organisation avait pour mission de prendre en charge les quelque 750 000 réfugiés répertoriés. En 2021 ils devenaient près de 6 millions.
Le projet à son origine
Sa directrice des affaires sociales et du bien-être, Dorothee Klaus, indiquait :
Il s’agit de permettre à tous les réfugiés de prendre connaissance de leur parcours par la mise en ligne de toutes ces archives. […] Ils devraient pouvoir consulter l’historique de leur dossier familial.
Ces documents étaient notamment issus d’un recensement réalisé entre 1950 et 1951, qui visait à vérifier qui était vraiment « une personne déplacée ». Ces dossiers familiaux comportent des évaluations manuscrites des situations respectives, des informations sur la composition de la famille et le statut social et économique avant 1948.
L’UNRWA a hérité des listes d’organisations humanitaires telles que la Croix-Rouge et les Quakers (AFSC) avec toutes les imprécisions et erreurs qu’on connaît.
Cette question est devenue d’une actualité brûlante quand on a constaté l’inflation du nombre d’ayants droit, de personnels recrutés.
L’organisation est devenue une machine à embaucher, ce qui explique aussi en partie son infiltration massive par les terroristes – et parallèlement une « pompe à fric » pour les terroristes, membres d’organisations qui n’ont rien à voir avec l’aide aux « réfugiés historiques » qui l’ont infiltrée grâce à la porosité ambiante.
En conséquence, cette dernière a de fait établi des liens directs ou indirects avec des organisations terroristes, sous le label « militantes ».
La méthode
Ce qu’on sait : 30 millions de documents ont déjà été numérisés, mais environ 10 millions restent à numériser. L’indexation et le classement des dossiers historiques n’ont jamais eu lieu.
Mme Klaus estimait que dans le climat politique qui prévalait, la question des réfugiés était mise en suspens. Il était d’autant plus important pour l’UNRWA de sécuriser les documents de manière appropriée. Selon elle, des efforts étaient déjà en cours pour démanteler l’UNRWA.
Elle espérait que ces archives contribueraient à « faire prendre conscience de la situation des descendants des déplacés de 1948 ». Cette étape est dépassée. Les paradigmes ont changé.

Malgré les dénégations de ses responsables directs, l’UNRWA est accusée depuis longtemps d’entretenir le conflit en attribuant au plus grand nombre le statut de réfugié.
On peut donc imaginer que la mise en ligne de ce projet – qui ne voulait pas dire son vrai nom – aurait été utilisée comme un outil juridique et politique. Le but était de créer pour tous les inscrits un statut avec des droits, quand bien même on en est aujourd’hui à la troisième, voire la quatrième génération.
Ce projet aurait contribué à provoquer nombre de contestations au sein de la population des camps.
L’UNRWA, bien qu’accusée de gonfler le nombre de réfugiés, affirmait que les chiffres étaient basés sur des documents historiques vérifiables (?). On se demande pourquoi l’UNRWA a attendu si longtemps pour faire connaître son projet.
Comme elle n’a pas pris la peine d’ouvrir ses archives historiques depuis des décennies, cette annonce a provoqué une levée de boucliers parmi les « réfugiés », dont certains se sont auto-instaurés « personne déplacée ».
Elle soulèverait des problèmes réels parmi les diverses organisations militaro-politiques sous couvert d’associations de bienfaisance ou religieuses, qui ont réussi au fil des années à infiltrer l’organisation et à en tirer des avantages substantiels, qui sont désormais brutalement remis en cause.
Les dernières révélations augmentent d’autant la suspicion déjà lourde à son égard. « Tous les chiffres devaient être basés sur des documents historiques » affirmait-on.
Si on lit entre les lignes, on comprend que toutes les données étaient basées sur des documents de l’UNRWA. Alors, que pouvait-on réellement attendre de ce droit à l’information des réfugiés et de leurs descendants ?
Pour l’organisation, il était prévu que toute discussion au niveau politique sur « une solution juste et durable » pour les réfugiés s’appuierait inévitablement sur ces données.
Cette précision confirmait clairement que le but recherché était d’imposer l’UNRWA comme interlocuteur politique auto-légitimé par ses propres archives. Ce qui posait problème, car le simple fait de faire cette déclaration prêtait à contestation.
Israël pouvait tout aussi bien produire ses propres archives et rappelé le million de Juifs expulsés des pays arabes. On serait entré alors dans un débat pseudo-historique, archives contre archives, le débat pouvait durer quelques décennies de plus.
Caducité du droit au retour
Ce projet actualisait sous une forme différente la question déjà mille fois posée du « droit au retour ». On connaît la position d’Israël : le pays ne pouvait en aucun cas accepter de se voir imposer cette solution totalement irréaliste.
Cette situation perdure depuis des décennies. Elle pouvait être résolue par un plan d’ensemble avec tous les pays de la région comme parties prenantes. Les accords d’Abraham auraient pu être l’outil qui permettait à terme de trouver une solution. Il n’en restait pas moins qu’il était vain et contre-productif de continuer à bétonner le statut de réfugié, à enseigner dans les écoles que l’ennemi c’est Israël, que les Juifs étaient la cause de leur malheur.
Contrairement à cette thèse, Israël n’est pas à l’origine de leur traumatisme et de leur souffrance transmise aux générations actuelles. On voulait changer le narratif de l’histoire, là était le danger.
Cette démarche relevait du négationnisme. Ce sont les dirigeants arabes de l’époque qui sont à l‘origine de cet exode de 750 000 personnes, alors que l’ONU avait proposé un partage refusé par les Arabes.
On veut gommer la cause de l’exode pour ne retenir que la situation ainsi créée. Les responsables devenaient les victimes ; ce qu’on a largement répété le 7 octobre, pour certaines organisations soutenues par des politiciens en mal d’électeurs.
Pour Mme KLAUS, l’accès aux archives leur aurait permis de mieux faire face « au traumatisme » en question, transmis depuis l’exode de 1948.
Comme pour le massacre du 7 octobre, on a totalement oublié les 800 000 Juifs expulsés-réfugiés des pays arabes.
Cette initiative aurait pu assez facilement déboucher sur un large embrasement des camps, si elle avait abouti. Les événements en auront décidé autrement.
Le 7 octobre n’a pas fini de bouleverser la configuration du Moyen Orient, bien au-delà de ce que ses initiateurs pouvaient imaginer. La suite est en train de s’écrire.
Ainsi va le monde !