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La lumière sur « les enfants du Yémen »

1 enfant sur 8 aurait disparu et pour 93 % il s’agirait de décès mais pour lesquels il n’existe ni corps, ni tombe

Le Premier ministre Netanyahu et la Knesset sont en train d’avancer de façon significative dans un dossier vieux de près de 70 ans concernant les enfants venus du Yémen.

En effet, entre 1949 et 1950 l’Etat d’Israël lance l’opération « Tapis Volant » (en hébreu Knafay Nesherim, soit les ailes des aigles en référence à la prophétie d’Isaie) permettant à 45 000 Juifs du Yémen, victimes de pogroms, de quitter leur pays afin de venir s’installer en Israël. Dans l’année qui suivra plusieurs cas d’enfants de ces familles disparaîtront sans que l’on ne sache encore aujourd’hui ce qu’il était advenu de leurs sorts.

Il faut se remettre dans le contexte de l’époque… hiver 1950 en Israël. Celui-ci est dur et extrêmement froid, il a neigé jusque dans le centre du pays.

Les nouveaux immigrants venus du Yemen quelques mois plus tôt se retrouvent à devoir faire face à cela sans aucun moyen. D’ailleurs, à cette époque, ces populations nouvellement arrivées logent dans des logements de fortune dans des kibboutz, au pire dans des tentes. Le froid terrible de cette époque pousse les parents à amener leurs enfants malades à l’hôpital afin de se faire soigner.

Cependant, après quelques jours on fera savoir aux parents que les enfants sont décédés sans autre précision. Dans certains cas seront établis de faux certificats de décès, mais sépulture il n’y en aura pas. De ce jour, on nommera cette affaire celle des « enfants du Yémen ».

Beaucoup de témoignages et de rumeurs ont fait état de plusieurs possibilités, l’adoption d’enfants par des juifs vivant à l’étranger contre de l’argent, permettre à ces enfants de grandir dans un environnement plus laïc que celui de leur communauté ou encore dans de meilleures conditions de vie que celle leur étant offerte jusqu’à présent.

L’époque voulant, ces parents désœuvrés ne sachant pas quoi faire n’avaient ni les ressources ni les connaissances pour obtenir des réponses dans un pays qui était plus occupé à lutter pour sa survie au quotidien aussi bien sur un plan économique que militaire.

Tous les témoignages, plaintes et rapports sur le sujet ont alors été enterrés, pariant sur le fait que le temps ferait son œuvre et panserait les blessures.

A décharge pour l’Etat, il faut rappeler qu’existe une interdiction de publier les archives nationales que sont entre autre tous les protocoles de commissions ministérielles et gouvernementales ainsi que ceux des commissions d’enquêtes mandatées par le gouvernement ou par la Knesset, comme cela avait été le cas à l’époque et par la suite.

La loi encadre d’ailleurs de deux façons cette interdiction. La première par le biais la Loi sur les Archives de 1955 qui codifie l’interdiction de publication des archives pour 30 ans, sauf demande d’ouverture faite par le Gouvernement. La seconde est inscrite dans la Loi sur la Protection de l’Intimité de 1981 qui interdit toute publication sur des citoyens de leurs vivants ; mais dans le cas précis, comme il n’est pas possible de savoir s’ils sont vivants, la durée de protection est portée à 70 ans.

De plus, au nom du droit à l’intimité sur les données personnelles formulées par l’article 7 de la loi fondamentale de 1992 sur la dignité humaine et la liberté, la loi permettait de rejeter toute demande concernant ce lourd passé.

D’après les enquêtes effectuées, sur la Alyah du Yémen issue de l’opération « Tapis Volant », un enfant sur 8 aurait disparu et pour 93% il s’agirait de décès mais pour lesquels il n’existe ni corps, ni tombe.

Le Premier ministre est donc intervenu personnellement devant la commission parlementaire sur les lois lors d’une tenue qui avait été demandée et organisée par la députée Nurit Koren du Likud, elle même d’origine yéménite. Il semblerait que l’ensemble des partis représentés à la Knesset soient pour une telle « déclassification », ce qui ne sera pas inutile car personne ne sait encore ce que l’on pourrait trouver au milieu de ces millions de pages archivées.

à propos de l'auteur
Emmanuel vit à Tel-Aviv et exerce la profession d'avocat depuis plus de 10 ans au sein du cabinet qu'il a fondé en 2009. Précédemment à cela, il a exercé à Paris puis au sein des départements de droit commercial et de propriété intellectuelle du cabinet S. Horowitz & Co à Tel Aviv ainsi que comme juriste au sein de l'armée israélienne. Les grands centres de son activité sont le droit immobilier, le droit des successions ainsi que le droit des sociétés (essentiellement dans le domaine des nouvelles technologies et de la restauration). Emmanuel est également titulaire d'une Maîtrise en Science Politique.
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