La guerre longtemps

Après deux mois de raids aériens et une intervention au sol qui ont surtout provoqué la mort de civils et n’ont ramené aucun otage, le gouvernement israélien a décidé à l’unanimité d’étendre l’offensive terrestre en affichant deux objectifs : le retour des otages et la défaite du Hamas. Ce sont du moins les objectifs officiels.
Pour le premier, le chef d’État-Major a souligné que l’offensive terrestre risquait de mettre en danger la vie des captifs comme cela s’est déjà produit dans le passé. Leurs familles expriment le même sentiment et ne savent plus à quel saint se vouer.
Le second objectif, la défaite du Hamas, en cache un autre que le Premier ministre a dévoilé :
Nous passons des raids à l’occupation et nous y restons.
Benjamin Netanyahu a ajouté qu’il continue de promouvoir le plan du président américain Donald Trump visant à autoriser le départ volontaire des Gazaouis, et que :
Des contacts sont en cours avec plusieurs pays sur la question.
Sans doute une simple clause de style, ledit plan de transformation de l’enclave en riviera n’ayant pas reçu le moindre début de réalisation trois mois après sa formulation.
Plus sérieux est le projet de « rester ». Il s’agit de réoccuper la bande de Gaza sans envisager une autre autorité après la guerre, ce qui correspond aux demandes de l’extrême droite : une reconquête complète de la bande, et une administration israélienne, c’est-à-dire un gouvernement militaire « comme avant » (le retrait de 2005). Une administration qui coûterait 20 milliards de shekels par an, et impliquerait la présence de nombreuses unités militaires qui seront autant de cibles.
Car le Hamas ne va pas disparaître. Considérablement affaibli, coupé de ses sources d’approvisionnement en armes et n’ayant recruté que des jeunes sans entraînement, il restera encore capable de commettre des attentats.
La question de l’aide humanitaire semble avoir été résolue avec une distribution qui devrait échapper au Hamas, une société privée américaine en étant chargée. Une dernière difficulté devra être levée : mobiliser des réservistes, dont certains ont déjà servi plus de 300 jours.
En tout état de cause, cet « élargissement de l’offensive terrestre » devrait se poursuivre pendant plusieurs mois. Le ministre Ron Dermer a déclaré que la guerre serait finie dans un an, sans que l’on sache très bien s’il s’agit d’une date de fin prévisible ou d’une date limite. Une façon de dire que cela va durer longtemps.