La guerre : l’heure de revoir ses jugements

Nous sommes samedi. Depuis une semaine le Hamas a lancé une attaque contre Israël en massacrant des civils sans aucune pitié. En ce jour de Shabbat qui devrait être un jour de repos et de calme, peu de gens ont arrêté de suivre les actualités.

Certains dignitaires religieux, en France, ont demandé de faire une pause, en éteignant nos téléphones et en arrêtant de regarder la télévision mais je suis sûr que presque personne n’écoutera cette injonction rabbinique française. Il aurait été bon que les rabbins qui ont demandé cela se mettent au diapason de la réalité israélienne. Dans le judaïsme, il existe la notion de pikouah nefech qui explique que dans les moments très graves, les juifs ne sont pas obligés de suivre les règles. A situation exceptionnelle, mesures exceptionnelles ; le grand rabbin d’Israël a autorisé les Juifs orthodoxes à garder un poste de radio allumé ce Shabbat.

Cette semaine, j’ai assisté à différents évènements solidaires d’Israël : une manifestation et un office religieux. Enfin tous les courants du judaïsme étaient réunis pour une même cause. Enfin on ne faisait pas de différence entre juifs de gauche ou juifs de droite, juifs orthodoxes ou juifs libéraux, juifs croyants ou juifs non croyants.

Cette unité du judaïsme français pourra continuer que si certains se remettent cause et surtout regrettent les propos qu’ils ont tenus pendant près d’un an.

Depuis presque un an la société israélienne est divisée. Des centaines de milliers de personnes manifestent chaque samedi soir contre la réforme judiciaire proposée par le gouvernement Netanyahou. Les partisans de ce dernier ont insulté les manifestants en les traitant d’anarchistes, de gauchistes et de traitres. De nombreux membres de la communauté juive française ont relayé ces injures. Une certaine presse communautaire ne s’est pas gênée pour combattre les manifestants. Encore hier, un pseudo professeur imbécile écrivait dans un torchon extrémiste : « Il est totalement anormal qu’il ait fallu plusieurs heures pour que l’armée commence à intervenir. Je ne suis pas loin de penser qu’il y a eu du sabotage. Les saboteurs ne s’attendaient sans doute pas, le cas échéant, à tant d’atrocités. Une enquête sera indispensable. Sans enquête, Israël restera en danger. Le motif des saboteurs, le cas échéant, aura été de déstabiliser le gouvernement Netanyahou. Quand on voit certaines déclarations récentes d’Ehud Barak devenu un gauchiste putschiste et un traître qui devrait être en prison, on peut légitimement se poser les questions que je me pose.»

A tous ces idiots (il n’y a pas d’autres mots pour les qualifier) qui ont injurié ces gauchistes, il est bon de rappeler que les premières victimes du Hamas étaient des membres des kibboutz qui sont aujourd’hui considérés comme les « Guiborim », héros d’Israël car ils se sont battus comme des lions jusqu’à la dernière cartouche.

A tous ces idiots, il est bon de rappeler que ceux qu’ils appelaient les « traîtres » sont les premiers à avoir rejoint leurs bases militaires pour défendre Israël.

A tous ces idiots, il est bon de rappeler que les pilotes qu’ils traitaient de tous les noms sont ceux qui détruisent en ce moment le Hamas.

Enfin, à tous ces idiots, il serait bon qu’avant de prier, ils demandent pardon à ces « gauchistes, anarchistes et traîtres ». Même si les fêtes de Rosh HaShana (nouvel an) et de Yom kippour (Grand pardon) sont passées, il est grand temps qu’ils fassent repentance.

à propos de l'auteur
Eric Gozlan est co-directeur de l'International Council for Diplomacy and Dialogue . il est Conseiller diplomatique de plusieurs gouvernements Son dernier ouvrage est : Extrémisme et radicalisme : pistes de réflexion pour en sortir. Éric a toujours été intéressé par le social et les relations intrernationales. Il a été nommé il y a peu par le roi des Roms ambassadeur de sa cause pour la France et a reçu la médaille de la paix en Roumanie et celle de la Belgique Il a participé à de nombreux colloques sur la paix en Corée, Russie, Etats-Unis, Bahreïn, Belgique, Angleterre, Italie, Roumanie… Eric Gozlan écrit dans plusieurs revues dont le Nouvel Observateur en France, Times of Israël en Israël et a publié dernièrement, suite à une demande du Vatican, une étude sur l’apostasie dans le Judaïsme
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