La France contre Daech vs Israël contre le Hamas (2/2)

Le secrétaire général des Nations Unies, Antonio Guterres, aborde la situation en Israël et à Gaza lors d'une conférence de presse au siège des Nations Unies le vendredi 13 octobre 2023, à la suite de l'attaque de la semaine dernière contre Israël par le Hamas. (Photo AP/Craig Ruttle)
Le secrétaire général des Nations Unies, Antonio Guterres, aborde la situation en Israël et à Gaza lors d'une conférence de presse au siège des Nations Unies le vendredi 13 octobre 2023, à la suite de l'attaque de la semaine dernière contre Israël par le Hamas. (Photo AP/Craig Ruttle)

Dans la 1ère partie de mon article, j’ai tenté, à partir de l’exemple français, de dégager les moyens à mettre en œuvre dans cette guerre contre le terrorisme. (1) Connaître ses ennemis ; (2) préciser son objectif (3) ; être impitoyable ; (4) se donner tout le temps nécessaire pour le détruire ; (5) obtenir le soutien inconditionnel de l’ONU.

6. Un combat mondial

« Le terrorisme nous le combattons partout là où des États sont menacés pour leur survie même. C’est ce qui a justifié la décision que j’avais prise d’intervenir au Mali, et encore en ce moment même la présence de nos militaires au Sahel, là où Boko Haram massacre, enlève, viole, tue » nous a dit le président français.

Faut-il en conclure que la France et ses alliés jugent que l’État juif n’est pas menacé pour sa survie même ? Ne voient-ils pas, ou feignent-ils de ne pas voir, la menace existentielle qui pèse sur lui depuis 1948 ? En quoi Boko Haram qui, disent-ils, « massacre, enlève, viole et tue », diffère-t-il du Hamas ?

L’État juif n’est pas menacé ?! L’Iran et ses mandataires (Hezbollah, Hamas, Jihad islamique, etc…) constituent pourtant un danger indéniable pour Israël ! Et la communauté internationale, qui prétend combattre le terrorisme partout où il se trouve, et qui reconnait que le 7 octobre est l’équivalent de 10 Bataclan ou du 11 septembre, n’est pas venue, à ma connaissance, prêter main forte à Tsahal, pas même avec des mots d’encouragement.

Pourtant, dans son combat contre Daech, la France a d’abord sollicité le soutien de l’ONU, soutien qu’elle a obtenu dans un délai très court et qui sera renforcé le 20 novembre 2015 par une autre résolution du Conseil de sécurité qui demande aux « États qui ont la capacité de le faire de mettre un terme aux actes de terrorisme commis par Daech ». Ensuite, elle a lancé un appel à tous ses partenaires « pour qu’ils contribuent directement aux opérations militaires […] » au sein d’« une grande et unique coalition ».

7. Des coalitions

« Aujourd’hui, il faut plus de frappes – nous en faisons –, plus de soutien à tous ceux qui se battent contre Daech– nous l’apportons, nous la France , mais il faut un rassemblement de tous ceux qui peuvent réellement lutter contre cette armée terroriste dans le cadre d’une grande et unique coalition – c’est ce à quoi nous travaillons ».

L’appel de la France a été entendu. Conscients que le terrorisme n’a pas de frontières et qu’il exige par conséquent une réponse internationale, pas moins de 79 États auxquels se sont ajoutés l’OTAN et l’UE étaient partants pour une attaque contre Daech avec pour objectif son affaiblissement sur les plans militaire, certes, mais aussi financier et même idéologique.

Sans les efforts exercés par la coalition internationale, Daech n’aurait certainement pas été mis hors d’état de nuire.

La solitude d’Israël dans ce combat

Rendons toutefois justice à la France. Le 24 octobre, soit dix-sept jours après l’attaque du Hamas, Emmanuel Macron s’est rendu à Jérusalem, et a envisagé de « bâtir une coalition régionale et internationale » pour lutter contre le mouvement islamiste palestinien. Il a même suggéré d’ajouter le Hamas à la coalition contre Daech, à laquelle participent également des pays arabes.

Était-il sous le coup de l’émotion après avoir visionné les massacres, ou cette proposition a-t-elle été lancée après mûre réflexion ?

Toujours est-il que, comme il fallait s’y attendre, la proposition du Président est restée lettre morte. Pas question pour la communauté internationale d’apporter quelque aide que ce soit au peuple juif. Surtout pas former une coalition pour défendre Israël !

Exception faite des États-Unis pour le matériel militaire, dans son combat contre le terrorisme, Israël n’a aucun partenaire. Il est seul, désespérément seul, seul à « porter le fardeau de la guerre » contre un ennemi dépourvu de toute valeur humaine, même quand il s’agit de son propre peuple. Non seulement Israël est seul, mais il est aussi contraint de garder le cap alors que la planète tout entière l’enjoint de cesser le combat.

Pourtant, avouons que même si Israël est habitué à combattre seul, dans ce combat contre le terrorisme, fort différent des guerres interétatiques conventionnelles, le soutien d’une coalition, même très limitée en nombre, eût été très utile.

Et ce d’autant plus qu’Israël rencontre dans cette guerre deux obstacles de taille pour atteindre son but : (1) la prise de 250 otages dont seule une centaine a été libérée et (2) les pressions de la communauté internationale.

Et comme toujours, ce qui est valable pour la quasi-totalité de la planète, ne l’est pas pour l’État juif. Deux poids, deux mesures !

8. Les otages

La prise d’otages fait partie des modes opératoires du terrorisme, et c’est l’un des « délits les plus odieux et les plus condamnables ». Elle est assimilée à un crime de guerre par la CPI. Comme le Hamas est déterminé à se servir des otages comme monnaie d’échange dans les négociations, Israël est contraint d’agir seul pour leur libération. C’est au prix de graves difficultés et après une lutte acharnée qu’Israël a réussi à libérer quatre otages retenus chez des civils, dont trois dans la maison d’un médecin ! Et on nous dira que les tous civils sont innocents !

Quelques chefs d’État, dont le président des États-Unis, ont vu dans cet acte un exploit de Tsahal. Mais, comme dans l’histoire des relations d’Israël avec la communauté internationale et l’ONU, une déception n’attend pas l’autre, peu de temps après cet exploit, on apprend que :

  1. un haut responsable américain, a déclaré sur NBC que l’opération de sauvetage de Tsahal entrave les efforts du secrétaire d’État Antony Blinken pour promouvoir un accord sur les otages !
  2. les États-Unis ont envisagé un accord unilatéral avec le Hamas pour libérer les cinq otages américains ;
  3. l’ONU profite de la situation pour ajouter un crime de guerre supplémentaire à la liste des accusations portées contre Tsahal. Elle prétend que le sauvetage des otages s’est soldé par la mort de 250 civils lors d’un massacre inouï avec les forces du Hamas, alors que Tsahal affirme avoir abattu une centaine, non pas de civils, mais bien de terroristes. Mais pour l’ONU, seul le Hamas dit la vérité !

Réaction de la communauté internationale : silence-radio dans un premier temps, puis pressions sur Israël pour un cessez-le-feu.

Dans un monde censé, gouverné par la raison et non par la haine du Juif, la prise d’otages aurait dû mobiliser toute la communauté internationale, laquelle aurait dû exercer des pressions sur le Hamas et tout mettre en œuvre pour qu’il libère les otages. Au lieu de cela, pour se dégager de ses responsabilités, c’est sur Israël qu’elle choisit d’exercer ses pressions.

Les pressions de la communauté internationale

Israël est tous les jours accusé de tuer les civils palestiniens, de les laisser mourir de faim, de commettre un génocide, etc… Finalement, Israël consent à un énième cessez-le-feu. Il soumet un plan à Biden pour approbation, le plan est accepté et présenté aux Hamas. Mais au lieu de saisir cette occasion pour sauver leur peuple, les dirigeants de l’organisation terroriste modifient le plan à l’insu de l’État juif et veulent négocier !

Et la communauté internationale, au lieu d’être scandalisée par les actions du Hamas, choisit encore une fois de garder le silence. Or, se taire, c’est approuver le Hamas ! Choisir de ne pas choisir, c’est encore choisir, donc c’est soutenir le Hamas !

Mais elle préfère clamer que la lutte contre le terrorisme palestinien ne se résout pas par des moyens coercitifs. Pourtant, ce sont ces moyens que la coalition, dans sa lutte contre Daech, a privilégiés ! Alors, que doit faire Israël ?

Conclusion : Daech a-t-il été vaincu ?

« Non seulement la guerre s’est éternisée », nous dit Laurent Fabius, mais la coalition, malgré une « détermination totale » et un « combat de long terme » s’est révélée « impuissante ». Et il ajoute que « l’impuissance de cette coalition, menée par les États-Unis, est aussi celle de la France, qui y prend part depuis son lancement en septembre dernier. Elle est au maximum de ce qu’elle peut faire ».

Alors si la guerre contre le terrorisme semble vouée à l’échec, Israël doit-il baisser les bras et renoncer à cette guerre tout à fait légitime et absolument nécessaire ?

Pourquoi ne pas se fier plutôt à la réponse du ministère des Affaires étrangères français : « L’action de la Coalition internationale contre Daech en 2014 a permis de priver l’organisation terroriste de la totalité des territoires qu’elle contrôlait en Irak et en Syrie. Grâce à la mobilisation internationale, ses capacités de planification d’attentats, d’attraction de combattants étrangers ou encore de financement ont été considérablement réduites ».

N’est-ce pas là justement l’objectif d’Israël contre le Hamas ? Si Israël réussissait à priver l’organisation terroriste au moins du contrôle qu’elle exerce sur la totalité de la bande de Gaza, il serait satisfait et se considèrerait en sécurité.

Le Hamas sera-t-il vaincu ? Non, entendons-nous dire, on ne peut pas éradiquer une idéologie ! Quoique, si Israël n’était pas bousculé par le temps et assailli de condamnations, il pourrait mettre un terme au Hamas.

Autrement, quelle solution à la guerre contre le Hamas ? La planète tout entière a la solution, elle crie à l’unisson : « On exige un cessez-le-feu », c’est devenu son leitmotiv ; ensuite, elle exige la création d’un État palestinien, de façon unilatérale le cas échéant. Autrement dit, au lieu de punir le Hamas et ses supporters pour avoir en grand nombre participé au pogrom du 7 octobre, les Juifs doivent reconnaitre que, contre le terrorisme palestinien, le bâton ne sert à rien ; donnez-leur donc la carotte, donnez-leur l’État juif. Seuls les Juifs savent pertinemment que cette solution ne fera que renforcer les terroristes et les conforter dans leur détermination à éradiquer l’État juif et son peuple. Rien ne pourra les détourner de leur objectif.

En conclusion, faisons confiance à Tsahal et continuons à caresser l’espoir de voir le peuple palestinien abandonner son rêve fou. Ce n’est pas pour demain !

Source : https://www.diplomatie.gouv.fr/

 

 

 

à propos de l'auteur
Dora a été professeur de français pendant 30 ans au Collège français de Montréal. Elle a été chroniqueuse pour Radio-Shalom Montreal, puis pour Europe-Israël.
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