La double réalité de la crise du Yémen !
La crise du Yémen est une véritable épreuve pour la population du Yemen et un cauchemar pour la communauté internationale. La guerre a créé une double réalité, celle du Yemen sous domination houthi qui souffre de tous les maux et celle sous souveraineté du gouvernement légitime qui voit les conditions de vie de sa population s’améliorer et l’optimisme s’installer.
Le Yemen a vécu huit années de guerre acharnée insupportable pour les 30 millions de Yéménites qui ont souffert de tous les maux… la pauvreté aiguë, le déplacement forcé des populations. Le spectre de la famine est devenu une réalité, augurant un avenir sombre aggravé par le manque d’aide internationale et la perte des moyens de subsistance.
Avec l’élargissement du cycle de cette tragédie yéménite et la détérioration de la situation des populations, de nombreux Yéménites ont commencé à envisager des options pour surmonter les répercussions de cette catastrophe humanitaire, en particulier la population vivant dans les zones contrôlées par le groupe Houthi dont la domination et le contrôle autoritaire ont sapé la vie publique, restreint les moyens de subsistance et provoqué une catastrophe humanitaire que les Nations Unies classent comme la pire au monde.
Dans ce contexte, de nombreux observateurs soulignent que les zones sous le contrôle du gouvernement internationalement reconnu dans le sud et l’ouest sont dans un meilleur état par rapport aux zones contrôlées par les Houthis qui exercent une violente mainmise sécuritaire.
La situation est particulière à Aden et sur la côte ouest en particulier, là où la densité de population a augmenté de façon exponentielle. Ces zones sont proches des foyers de conflit dans le centre et l’ouest du Yémen ont constitué un refuge pour des millions de personnes.
L’afflux massif de population dans ces zones ont transformé des villes éloignées telles que Moka en zones urbaines bondées d’un grand nombre d’arrivées, y compris des investisseurs et des hommes d’affaires qui ont fui les zones contrôlées par les Houthis ou les zones contrôlées par des formations militaires affiliées aux Frères musulmans, telles que Taïz, qui est dominé par des seigneurs de la guerre depuis des années.
Ces derniers pratiquent de nombreuses violations, à tel point que la ville de Marib qui est censée être sous le contrôle du gouvernement est devenue un environnement dangereux, en particulier pour les journalistes, les professionnels des médias et même le commun des mortels car quiconque critique les groupes religieux ou exprime une opinion contre l’extrémisme et l’islam politique est pourchassé, arrêté et humilié.
Il est aussi à relever que des groupes islamistes radicaux tels qu’Ansar Allah Al-Houthi et gèrent les zones qu’ils contrôlent depuis des années sous la férule des chefs de guerre imposent de nombreuses taxes et arrêtent ou tuent quiconque les critique et les accusent de travailler pour l’Arabie saoudite.
Le Yémen connaît une guerre civile dévastatrice depuis septembre 2014, au cours duquel le groupe Ansar Allah Houthi a pris le contrôle de la capitale, Sanaa, quelques semaines après avoir quitté son principal bastion à Saada, dans l’extrême nord du pays, ce qui a forcé Le président du pays, Abd Rabbuh Hadi, et son gouvernement à fuir vers la ville méridionale d’Aden.
Avant que les combats ne s’étendent à tous les gouvernorats yéménites, une résistance populaire soutenue par une coalition internationale dirigée par l’Arabie saoudite a réussi à vaincre les Houthis dans les villes du sud et gouvernorats et les régions de la côte ouest, où les forces gouvernementales ont réussi à assoir leur contrôle.
Au cours des huit dernières années, les Nations Unies ont essayé d’amener les parties belligérantes à une table de dialogue pour lancer un processus de paix qui mettrait fin à la guerre, mais les efforts de quatre envoyés désignés par les Nations Unies n’ont pas abouti à un succès significatif. Les observateurs attribuent cet échec en partie aux agendas des groupes politiques islamistes qui se battent d’un point de vue purement religieux, ce qui est difficile à gérer pour tout médiateur.
Les pays européens, dont l’Allemagne, s’efforcent de persuader les parties de s’engager dans un processus de paix global, mais tous ces efforts n’ont pas réussi à faire une percée nette dans cette crise.
Et dans une démarche surprenante qui a suscité des critiques, l’ambassadeur d’Allemagne au Yémen, Hubert Becker, s’est rendu dans la capitale yéménite, Sanaa, contrôlée par le groupe Ansar Allah, les Houthis, et a rencontré des dirigeants du groupe armé.
Cette visite d’un ambassadeur occidental voire international à Sanaa est la première du genre depuis le coup d’État au cours duquel le groupe houthi a pris le contrôle de la capitale Sanaa en septembre 2014.
Il est difficile de devoir aujourd’hui si cette démarche allemande contestée par de nombreuses parties yéménites changera la perception allemande de ce conflit. Il est à rappeler que le président de l’autorité internationalement reconnue Rashad Al-Alimi s’est rendu à Berlin en octobre dernier.
Toujours est il que les solutions de cette crise yéménite ne peuvent provenir que d’une pression internationale accrue sur les Houthis pour les obliger à accepter un cessez le feu durable et inscrire leurs actions dans un compromis politique pour mettre fin à ces drames humanitaires. Au lieu de choisir la politique de la terre brûlée qui ne fait qu’aggraver la crise yéménite et reporter sa solution aux calendes grecs.