La démocratie d’Itamar face à la vérité de Ben-Gvir

Le député d'extrême droite israélien Itamar Ben Gvir montrant son bulletin de vote dans l'implantation cisjordanienne de Kiryat Arba lors des élections israéliennes, le mardi 1er novembre 2022. (AP Photo/Tsafrir Abayov)
Le député d'extrême droite israélien Itamar Ben Gvir montrant son bulletin de vote dans l'implantation cisjordanienne de Kiryat Arba lors des élections israéliennes, le mardi 1er novembre 2022. (AP Photo/Tsafrir Abayov)

Pour Platon, la recherche de la vérité ne rime en aucun cas avec l’exercice du pouvoir politique. Tout est subjectif. La vérité devient alors subjective, les faits de la science importe peu dans le débat politique. Autrement dit, le lapsus d’Éric Zemmour « je ne vois que ce que je crois » résume parfaitement notre époque.

En 2016, le mot « post-vérité » a été introduit, par les modérateurs du site du dictionnaire Oxford dans le jargon officiel, en raison de sa circulation et son utilisation répétitive. Ainsi, il méritait d’être sélectionné parmi un ensemble de vocabulaire, largement diffusé cette année.

La définition qui lui était attribuée toujours selon la même source allait dans le cadre ou dans la description de circonstances dans laquelle les faits objectifs deviennent moins influents dans la formation de l’opinion publique que la charge émotionnelle et les croyances individuelles.

L’utilisation du terme « post-vérité » est apparue au début de la dernière décennie du siècle dernier, en particulier l’année 1992, lorsque l’expression a été évoquée dans un article de l’écrivain américain, d’origine serbe, Steve Tesich dans le magazine américain, spécialisé dans les affaires politiques et culturelles, « The Nation », pour désigner la circonstance dans laquelle la vérité perd sa référence et devient inutile ou sans aucun effet. Les faits objectifs deviennent moins influents dans la formation de l’opinion publique que la charge émotionnelle et les croyances personnelles.

Cependant, la diffusion du mot est restée cloitrée dans un cadre relativement restreint jusqu’à ces dernières années. Or, les événements tels que le printemps arabe, guerre en Libye/Syrie, propagande anti-islam en occident, guerre en Ukraine, Brexit, élection de Donald Trump, blocus du Qatar, arrivée de Bolsonaro au pouvoir et la pandémie mondiale ont tous participé à enraciner les bases de l’ère de la post-vérité dans le champ politicomédiatique.

Un exemple résumant la situation.

À propos de l’enquête touchant le président Donald Trump par le commissaire Muller, l’avocat de l’ancien président rétorquant à une question que « the tuth isn’t truth ». Cette réponse relate la forme de désinformation la plus courante au sein de plusieurs mouvements, qu’ils soient fondamentalistes, pragmatiques ou manipulateurs. Les premiers lisent la situation de manière parabolique, les seconds manient le texte pour justifier leurs actes, tandis que les derniers justifient leurs actes selon les bénéfices qu’ils en tirent.

En conclusion, nous devons traiter le manque de confiance rampant des populations envers les institutions publiques et remédier au cynisme médiatique ambiant. Tant que nous évitons et fermons les yeux sur les excès du mensonge, les Ben Gvir de ce monde auront le dessus sur nos démocraties. En Israël, le virage à droite élargit la fenêtre d’Overton et rend toute proposition de paix régionale caduque. Nous pouvons même présumer que le gain récent de Netanyahu et ses alliés est un effet de la post-vérité régnante en Israël.

à propos de l'auteur
Blogueur, M.sc politique appliquée, propagande et communication politique, ÉPA PhDing, Diplomatie religieuse et culturelle
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