La confusion des faits
L’actualité semble être un train lancé à vive allure sans que rien ni personne ne puisse le contrôler ou le diriger.
Et ce sentiment d’être dans ce train qui se dirige vers un mur.
Alors les mots me manquent. L’incompréhension. L’incertitude quant au lendemain. L’impression de vivre un cauchemar éveillé où les repères n’existent plus. La vérité, les faits, l’histoire et même la géographie sont devenus des notions abstraites dont on peut débattre.
Des émotions en montagnes russes.
En une semaine nous avons assisté, incrédules, à une pantomime de justice tandis que l’Afrique du Sud, hôte privilégié des tyrans en tout genre et pays peu regardant sur les libertés fondamentales, a attrait Israël devant la Cour pénale Internationale pour génocide. Alors qu’Israël s’est fait attaquer sur son territoire par un groupe terroriste génocidaire clamant sa volonté d’exterminer les juifs. Alors que les communautés juives du monde entier assistent médusées à une flambée d’antisémitisme sans précédent.
La France, déjà coutumière du fait depuis de nombreuses années voit néanmoins le nombre d’actes antisémites augmenter de 1 000 %, 60 % d’entre eux étant dirigés contre les personnes, et non pas de simples dégradations.
Le Canada et les Etats Unis, pourtant à l’abri jusqu’à présent de ces statistiques alarmantes, ont vu des manifestations de haine surgir et des Juifs pris à partie et ciblés parce que juifs.
Je n’évoquerai même pas le mouvement hallucinant d’individus venant arracher les posters d’enfants, de femmes, de vieillards kidnappés par les terroristes et dont 136 sont encore entre leurs mains dans des conditions inhumaines et victimes de sévices sexuels.
Car le Juif ne peut être la victime.
Pendant 2 000 ans le Juif a été persécuté parce qu’accusé de déicide.
Et tandis que ce mensonge historique et factuel était finalement dénoncé par le Vatican, une autre accusation s’est abattue sur le Juif, désormais voleur de sa propre terre.
Et tandis que des survivants du génocide commis par les nazis se faisaient assassiner et enlever par le Hamas, c’est aujourd’hui le Juif qui est accusé de génocide.
Ce renversement de réalité, cette négation de la vérité, doublés de contradictions et d’ignorance, plongent Israel dans un état de sidération.
Alors que les puissances derrière les groupes terroristes qui nous attaquent ont comme agenda la destruction du monde occidental, des valeurs humanistes telles que nous les connaissons, les Israéliens ont l’impression de mener seuls une guerre pour tout le monde.
Seuls.
Alors que les otages qui vivent dans des conditions inhumaines n’ont accès à aucun soin aucune visite des organisations internationales soi-disant humanitaires, Israel est sommé de fournir en nourriture, essence et autre biens la bande de Gaza, Hamas et civils indistinctement.
Et pourtant nous avons le sale rôle.
Nos pertes civiles sont moins lourdes qu’à Gaza parce qu’Israel a investi des milliards dans la protection des civils grâce au Dôme de Fer, des abris ont été construits partout dans le pays, les immeubles sont tous dotés d’abris, qu’ils soient communautaires ou individuels. Mais à Gaza, il n’y a pas d’abri. Seuls les membres du Hamas ont le droit de se réfugier dans les tunnels.
C’est un fait facilement vérifiable qui explique la différence du nombre de victimes.
Mais pourtant Israel est accusé.
En vérité, Israel est accusé de ne pas se laisser massacrer. De ne pas céder à la volonté génocidaire de ses ennemis.
De refuser d’être une victime éternelle et de se révolter.
Et il suffit de venir ici pour le comprendre.
Je l’ai toujours pensé et ces trois derniers mois n’ont fait que renforcer ce sentiment. Ce qui fait d’Israël ce pays incroyable, ce n’est pas son high tech, ses innovations. Ce qui fait la richesse de ce pays réside dans sa population.
La société civile.
Celle qui envoie ses enfants et ses conjoints se battre ; celle qui paie de ses propres deniers pour cuisiner des repas pour les soldats au front ; celle qui organise des baby-sitting pour les mères dont le mari est au front depuis des semaines et qui se bat pour mener de front sa propre guerre, élever ses enfants, les rassurer tout en continuant à travailler ; la société qui a en son sein des bédouins, des druzes, des arabes qui ne se sont jamais sentis tant israéliens et qui participent à l’effort national.
Alors bien sûr, cela n’empêche pas les divergences d’opinions. Dans un pays où chaque citoyen se prend à la fois pour le premier ministre ou le chef d’état-major, les divergences d’opinions quant à la conduite de la guerre font légion.
Mais une chose unit cette société : le refus de disparaître.
N’en déplaise à nos ennemis qui non contents de s’en prendre aux Israéliens, pourchassent également les Juifs en Occident par le biais de leurs idiots inutiles incapables de situer notre pays sur une carte.
Je n’écris pas ces lignes pour attirer de la sympathie ou susciter de l’apitoiement.
Alors que les cérémonies de souvenir de la Shoah vont prendre place dans les grandes capitales et que l’on va assister à des discours gênés de « plus jamais ça » trois mois après le 7 octobre, mon but est de réitérer ma mise en garde.
L’Europe a mis des années à se relever de la barbarie nazie. Beaucoup de gens pensaient lors de l’avènement d’Hitler que son obsession envers les Juifs ne les concernait pas.
Pourtant en s’en prenant à un groupe d’individus puis à d’autres minorités, c’est à l’humanité que l’Allemagne nazie et ses soutiens s’en sont pris. Et le monde a payé cher.
Si aujourd’hui vous pensez qu’il suffirait qu’Israël et les Juifs disparaissent pour rassasier la bête féroce, vous vous trompez. Votre tour viendra. Et nous ne disparaîtrons pas car nous continuerons à nous battre.
Nous venons de célébrer le Nouvel An des arbres, une fête juive qui marque le début de la floraison en Israel. Le genre de célébrations que seul un peuple indigène de cette terre peut fêter.
Non, nous ne partirons pas de chez nous.