Israélien d’origine marocaine, j’appelle Aryeh Deri et ses partisans à la raison

Le président du Shass, le député Aryeh Deri, après des pourparlers avec le chef du parti sioniste religieux, le député Bezalel Smotrich, et le chef du Likud, le député Benjamin Netanyahu devant un hôtel à Jérusalem, le 5 décembre 2022. Photo de Yonatan Sindel/Flash90
Le président du Shass, le député Aryeh Deri, après des pourparlers avec le chef du parti sioniste religieux, le député Bezalel Smotrich, et le chef du Likud, le député Benjamin Netanyahu devant un hôtel à Jérusalem, le 5 décembre 2022. Photo de Yonatan Sindel/Flash90

En tant qu’Israélien d’origine marocaine, j’appelle Aryeh Deri et ses partisans à la raison

La situation dans laquelle se trouve le pays est particulièrement préoccupante. Où est la pudeur ? Où est la dignité ? – ne serait-ce que face aux enfants, aux petits-enfants et à tous les proches.

Nombreux se demande pourquoi l’électorat d’Aryeh Deri (quatre cent mille aux dernières élections) continue à le soutenir ? La réponse n’est pas simple. Il est important de souligner que la plupart des électeurs du Shas, des Orientaux, majoritairement d’Afrique du Nord, sont encore très en colère contre les gouvernements successifs de gauche des années 50, 60 et 70 qui, à leurs yeux, les ont humiliés, et en plus devant leurs enfants.

L’humiliation ne s’efface jamais de la mémoire collective. Elle se perpétue de génération en génération, surtout lorsqu’il s’agit de population défavorisée qui vit principalement, dans la périphérie, sans infrastructures et sans aides gouvernementales

Le soutien du Shas à cette population au moyen d’aides sociales (jardins d’enfants gratuits et autres subventions) a créé une dépendance envers le parti et de la gratitude envers son chef, et permit d’ignorer ses condamnations judiciaires.

Deri refuse d’accepter le jugement de la Haute Cour. Celle qui a condamné Olmert et Hirschzon, tous deux ashkénazes, à une peine de prison ferme. Cette même cour dont la plupart des membres ont été nommés sous le règne de Netanyahu. Celle qui comprend des juges conservateurs, religieux et laïcs ; celle qui lui a été favorable lors d’un précédent procès. Deri tend maintenant à contrecarrer la démocratie et l’État de droit.

Assez de se servir de l’« hégémonie » (ashkénaze) ! Assez de maintenir un « Second Israël » (mizrahi) ! De nos jours, la plupart des citoyens juifs d’Israël sont nés dans le pays, de couples mixtes : d’origine ashkénaze et mizrahi ; de culture européenne ou orientale ; de foi, laïque, traditionaliste ou ultra-orthodoxe… Nous sommes tous des Israéliens.

Dans l’état actuel, je fais appel à toi Aryeh, en tant que personne qui connaissait bien tes parents zal et en tant que proche de la famille : démissionne de toute activité politique, au gouvernement et à la Knesset. Il vaut mieux sortir par la porte la tête haute, que s’échapper par la fenêtre ou par le plafond. Le bien du pays et son unité doivent être au centre de tes préoccupations et de tes actions.

Au début de ta carrière politique, tu étais traditionaliste et tolérant, l’un des favoris du public en Israël. Il est encore possible de récupérer sa sympathie, non pas en tant qu’homme politique, mais en tant que sage qui unit et qui rassemble. C’est ainsi que se sont comportés nos grands rabbins à Meknès et c’est ainsi que tes parents t’ont éduqué !

à propos de l'auteur
Mickaël Parienté, éditeur franco-israélien, a conçu et dirigé à Paris de nombreux projets culturels, en particulier : une galerie d’art israélien moderne, un club littéraire et artistique autour du judaïsme contemporain et une librairie-café méditerranéenne. Auteur d’une thèse de doctorat socio-littéraire sur la littérature israélienne, traduite et publiée en français, depuis la création d’Israël (1948) jusqu’à nos jours, il a publié deux bibliographies : "2000 titres à thème juif - 1420 biographies d’auteurs", préfacée par Emmanuel Le Roy Ladurie, éd. Stavit, "Paris 1998 ; Littératures d’Israël", éd. Stavit, Paris 2003. Auteur bilingue, il a publié : "L'Autre Parnasse", roman paru en hébreu et en français en 2011, en anglais et en espagnol en 2013, éd. StavNet ; "A l'Ombre des Murailles - souvenirs d'enfance du mellah de Meknès, Maroc", paru en hébreu et en français en 2015, ed. StavNet. Mickael Pariente publie régulièrement des articles d'opinion dans la presse israélienne : Le Haaretz, Jérusalem Post, Ynet, Itonout... et en France, Libération, Le Monde...
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