Israël – Palestine, chronologie d’une catastrophe annoncée
Il est impossible de comprendre l’escalade meurtrière de ces derniers jours sans revenir sur les jalons de l’histoire qui nous y ont menés. J’ai décidé pour ce récit de démarrer l’origine de cette catastrophe à la Guerre des 6 Jours. Ce choix est parfaitement arbitraire, mais cet évènement représente, à mon sens, le véritable tournant tragique et fondateur de la situation actuelle. J’aurais pu remonter cette chronologie à près de 3000 ans, où la présence juive est attestée de manière unanime par les historiens et les nombreuses découvertes archéologiques dans la région,
– ou à la fin du 19ème siècle avec le sentiment de révolte de Théodore Hertzl lors de l’affaire Dreyfus qui l’amena à fonder le Mouvement Sioniste,
– ou à la fin de l’Empire Ottoman en 17,
– ou au partage de la région du Proche-Orient par les accords Sykes-Picot entre la France et l’Angleterre,
– ou à la 2ème Guerre Mondiale et la Shoah,
– ou au départ précipité des Anglais en 47,
– ou au plan de partage proposé par la Société des Nations, accepté par Israël et rejeté par les Nations Arabes,
– ou au plébiscite pour la création de l’Etat d’Israël par la Société des Nations en mai 1948.
– ou à la Guerre d’Indépendance d’Israël, gagnée sur ces même nations et le départ massif des Palestiniens vers ces mêmes pays (Egypte, Jordanie, Liban, Syrie jusqu’à ce jour maintenus comme réfugiés), que le Palestiniens désignent comme la Nakba (catastrophe), avec toutes les arguties d’historiens sur les conditions de ce départ,
Mais ce qui caractérise le tournant dramatique de la Guerre des 6 Jours est la situation inadmissible pour toute démocratie, où Israël se retrouve être une force occupante sur des millions d’individus depuis près de 60 ans. Cet évènement est fondateur pour aborder la terrible escalade récente à laquelle nous assistons avec effroi.
De 1948 à 1967 l’Etat d’Israël a vécu une forme de lune de miel durant laquelle le pays se développa d’une manière impressionnante vu le contexte. L’immigration de Juifs du monde entier, particulièrement venant des pays arabes, aussi bien du Maghreb que du Mashrek, devenus pour le moins inaccueillants pour les Juifs installés depuis des millénaires dans ces pays, qui sont arrivés par millions ; et les Palestiniens qui n’avaient pas quitté le pays lors de la Nakba furent reconnus citoyens israéliens en 63 et représentent aujourd’hui plus de 20% de la population d’Israël.
Cependant, le Monde Arabe ne pouvait se résoudre à accepter l’existence de cet Etat, majoritairement juif et d’orientation culturelle fortement occidentale, au cœur de leur région. Ainsi, depuis l’année 66, les accords de coalition entre Gamal Abdel Nasser, Président de l’Egypte, et Hafez El Assad (père de l’actuel Bashar), les discours incendiaires et guerriers contre Israël des deux protagonistes repris par tous les médias de la planète, le mouvement massif des troupes aux frontières et la fermeture des voies maritimes vers Israël, amena ce dernier à déclencher une offensive militaire.
L’issue, pour le moins surprenante aux yeux du monde entier, de cette guerre fulgurante, fut qu’en moins d’une semaine Israël avait conquis toute la péninsule du Sinaï et Gaza à l’Egypte, le plateau du Golan à la Syrie et la partie orientale de Jérusalem et toute la Cisjordanie à la Jordanie qui s’était jointe à cette guerre.
— Alors que le peuple d’Israël célébrait frénétiquement cette inimaginable victoire, un homme, issu de ce même peuple, décida de s’imposer deux jours de jeûne, tant cet évènement lui est immédiatement apparu comme un véritable cataclysme pour l’avenir d’Israël. Son nom : Yeshayahou Leibowitz.
Considéré alors comme une des sommités intellectuelles d’Israël, Juif pratiquant, cet homme a vu, au premier jour de l’occupation de millions de Palestinien par son pays, la fin inévitable de la gouvernance démocratique, qui était pour lui la seule garantie pour que ce peuple profondément déchiré ait une chance d’exister. Il n’a cessé d’alerter le peuple d’Israël jusqu’à son dernier souffle, en 1991. —
Le Sinaï fut restitué à l’Egypte en 78, (sauf Gaza que pour des raisons évidentes les Egyptiens avait préféré laisser entre les mains d’Israël) dans le cadre d’un accord de Paix conclu en 81, le plateau du Golan, haut lieu stratégique militaire, fut simplement annexé, ainsi que la partie Est de Jérusalem, et la Cisjordanie, jusqu’à ce jour occupée par Israël. La conquête de ce territoire, que l’on désigne comme la Judée et la Samarie en Israël, a mis en branle un très actif mouvement de Juifs religieux nationalistes qui attendaient jusque-là, patiemment, l’avènement du Grand Retour des Juifs sur la terre qui fut le théâtre de l’histoire des Hébreux, leurs ancêtres.
Leur dialectique était implacable. Ils disaient en substance :
« Avant 67 nous vivions dans un ersatz de la Terre d’Israël. Tel Aviv, Jaffa, Haïfa, Saint Jean d’Acre, etc… ne revêtent aucune importance biblique. Par contre, Bethlehem, Hébron, Sichem, Bethel, Elon-Moreh, le tombeau de Rachel, des Patriarches, celui de Joseph etc…, ces lieux portent notre histoire sacrée, et si nous les avons obtenus aussi facilement en moins de 6 jours contre plusieurs armées arabes déterminées à en finir avec nous, c’est qu’il y eut indubitablement une intervention divine. Le Seigneur nous a offert sur un plateau d’argent tous les lieux qui furent le théâtre de notre épopée biblique. Les rendre à l’ennemi serait comme faire offense à la face du Divin ».
Le pouvoir travailliste de l’époque redoutait au-delà de tout, cette frénésie mystique qui allait suivre immanquablement à cette victoire éclair. Depuis le début de son histoire, le projet sioniste était porté par, globalement, trois grands courants : la mouvance socialiste, la plus active et politisée, dont Ben Gourion fut le leader et le premier Chef d’Etat, qui engendra plus tard le Parti Travailliste, la mouvance nationaliste dont la figure principale était Zeev Vladimir Jabotinski, duquel est inspiré l’actuel parti Likoud de Netanyahou et la troisième, mouvance sioniste-religieuse, d’inspiration messianique, portée par le Rav KooK, Rabbin maître-penseur des colons actuels. Après cette victoire, Levi Eshkol, alors Premier Ministre travailliste de l’Etat avait tout tenté pour aboutir à un accord de Paix avec ses voisins arabes en échange de la restitution de ces territoires conquis. Il lui paraissait inacceptable de gérer ces territoires densément peuplés de millions d’habitants palestiniens, et surtout, il était bien conscient aussi que cette fulgurante victoire allait être récupérée par les 2 autres mouvements sionistes : les mouvances nationalistes et sionistes religieux
En réponse à cette démarche d’Israël, l’ensemble des pays arabes s’étaient réunis en Septembre 67 lors de la fameuse conférence de Khartoum (connue sous le nom de « Conférence des trois négations») et a abouti à trois résolutions :
Non aux négociations avec Israël,
Non à la reconnaissance d’Israël,
Non à la Paix avec Israël.
Des pourparlers secrets perduraient pourtant pendant encore plusieurs années avec les voisins arabes qui se sont irréductiblement tenus à ces trois refus.
Ainsi, après avoir contenu difficilement les foules de Juifs nationalistes et religieux résolus, déferlant par vagues, déterminés à remplir de populations juives ces territoires conquis, le gouvernement israélien finit par céder et en 73 s’installèrent les premières « implantations » ou « colonies » dont la première officiellement reconnue fut Sebastia, en Cisjordanie, autorisée par Shimon Peres alors Ministre de l’Intérieur.
Ainsi, durant plus de six années, de 1967 à 1973, les autorités israéliennes tentèrent désespérément de sortir de cette impasse, et de ne pas se laisser déborder par ces foules trépignantes, parfois violentes, en vain. Vagues après vagues, des citoyens israéliens se sont depuis installés dans ces territoires, qui ne sont pas reconnus jusqu’à ce jour par la communauté internationale.
La motivation de ces colons est de trois ordres : politique, religieux et économique. (Le terme de « colon » que je choisis d’employer, est largement réfuté par la Droite israélienne, mais il est justement employé, à mes yeux, car ils occupent un territoire qui n’appartient pas à l’Etat d’Israël et n’est pas reconnu comme tel par les instances internationales. Même si la comparaison entre cette occupation et les diverses colonisations des puissances occidentales sur de nombreuses régions des pays du Sud s’appuyaient sur des motivations radicalement différentes).
Nombre de ces colons sont politiquement de Droite nationaliste, majoritairement laïques même s’ils prônent le Grand Israël, en référence au Royaume de David, pour justifier leur positionnement idéologique. Pour eux, les Palestiniens ont déjà leur propre pays, la Jordanie, composée de 70% de population palestinienne, et dont la solution, pour certains, serait tout simplement d’opérer un transfert de population. Ils sont très motivés, déterminés, n’hésitant pas à user de la violence pour museler leurs opposants.
Les colons religieux invoquent bien sûr le récit biblique pour justifier leur démarche.
Ils peuvent être aussi virulents que les colons de la Droite politique, tels que les adeptes du Rabbin Kahana, figure paroxystique du suprématisme juif, dont deux des ministres importants de l’actuel gouvernement, Itamar Ben Gvir, Ministre de la Sécurité Nationale et Betzalel Smotrich, Ministre des Finances, revendiquent l’appartenance. Mais nombre d’entre eux ne sont pas forcément mus par cet élan nationaliste et exclusiviste. Ils seraient même, pour certains, prêts à vivre sous souveraineté palestinienne, pour peu qu’il leur soit permis de demeurer dans ces lieux bibliques où ils ont choisi de vivre. Le défunt Rabbin Fruhman, de la colonie de Tekoah en était une des figures emblématiques.
Le troisième groupe, à mon sens majoritaire, est composé d’une population ayant trouvé dans ces colonies des opportunités pour acquérir des habitations confortables et très abordables sur le plan financier avec une qualité de vie et des infrastructures de haut niveau. Les gouvernements de Droite, qui ont majoritairement régi le pays depuis la fin des années 70, ont fortement encouragé, jusqu’à ce jour, ces populations à s’installer dans ces territoires.
On évalue aujourd’hui à plus de 600 000 le nombre d’habitants installés dans cette région. Ils y ont développé depuis plus de 50 ans une culture et un comportement collectif qui leur est propre et très souvent en rupture avec le reste de la société israélienne. Ils sont considérés aujourd’hui comme le principal obstacle à l’éventuelle solution à deux Etats, soutenue par une grande partie de la société israélienne et par l’ensemble des démocraties internationales. Leur proximité, très souvent hostile, avec la population palestinienne occupée, encore largement majoritaire dans cette région, est très régulièrement extrêmement tendue, atteignant parfois des sommets de violence.
En 1987, les populations palestiniennes se sont massivement soulevées contre cette occupation. Ce fut la première Intifada (soulèvement en arabe).
L’on pourrait se questionner sur cette longue période, de 1967 à 1987, de calme relatif avant l’expression de cette violente colère.
Entre 67 et 87, les Palestiniens avaient encore en mémoire leurs souffrances sous le joug des régimes égyptien à Gaza et jordanien en Cisjordanie. Elle fut terrible, et pour beaucoup de vieux palestiniens que j’avais rencontré dans les années 80, bien pire que celle qu’ils subissaient sous occupation d’Israël.
Mais en 87, ceux qui sont nés après la Guerre des 6 jours avaient 20 ans, ils ne connaissaient que ce que leur faisaient subir l’occupation israélienne. De plus, l’idée d’un Etat Palestinien devenait envisageable car en cette même année 87 le roi Hussein de Jordanie avait officiellement renoncé à la Cisjordanie. Une fenêtre s’ouvrait alors pour véritablement envisager un Etat indépendant pour ces populations palestiniennes.
La résolution de la question palestinienne était alors devenue cruciale pour Israël.
En 91 eut lieu la Conférence de Madrid, visant à réunir les Israéliens, les principaux pays arabes, des délégués européens et américains et une délégation palestinienne. Cette conférence n’aboutit à aucun résultat, mais entre-temps les élections israéliennes accordèrent le pouvoir aux partis de Gauche et Yitzhak Rabin devint le Premier Ministre.
Des négociations secrètes aboutirent en 93 aux accords d’Oslo. Les négociateurs du processus d’Oslo, l’OLP d’Arafat et le Gouvernement Rabin s’engagèrent à trouver une issue politico-territoriale à ce conflit.
Mais l’acharnement hystérique des colons extrémistes juifs messianiques, jusqu’à l’assassinat pur et simple de leur Premier Ministre en novembre 95, d’une part, et l’apparition des premiers attentats suicides meurtriers sur des bus, des lieux publics ou des restaurants israéliens perpétrés par les prédécesseurs des criminels du 7 octobre, fanatisés depuis des années par des prédicateurs fous du Hamas qui les envoyaient au « martyr » sans aucune vergogne, d’autre part, ont eu raison de l’effort inouï qui était en cours pour l’aboutissement de ce processus de Paix.
En août 2000, lors d’une ultime tentative de résolution, sous l’égide du Président américain Clinton, à Camp David, le Premier Ministre israélien d’alors, Ehud Barak avait fait des concessions inédites aux Palestiniens. Pourtant un mois plus tard, pour de multiples raisons qui précédaient ce sommet de Camp David, et la provocation du leader de la Droite israélienne, Ariel Sharon, qui s’était rendu à l’esplanade des Mosquées, une foule palestinienne se mobilisa pour engager ce qu’ils ont nommé l’« Intifada Al Aqsa », du nom de la Mosquée Sacrée, troisième lieu saint des Musulmans. La Gauche israélienne s’effondra littéralement car les Israéliens ne pouvaient admettre qu’en réponse à de si conséquentes concessions faites aux Palestiniens, jamais aussi généreuses par tous les précédents gouvernements d’Israël, les Palestiniens déclenchèrent une si violente réaction, aussi soudaine que meurtrière.
Après avoir difficilement mis un terme à ce soulèvement au bout de trois années sans aucune concession, le même Ariel Sharon devenu Premier Ministre d’Israël, pris la surprenante décision deux ans plus tard d’évacuer définitivement la bande de Gaza de toute présence israélienne. Ce fut une décision unilatérale sans aucune prise en compte de l’Autorité Palestinienne. Il s’agissait de maintenir cette population sous contrôle à distance. L’eau, le carburant, l’électricité, les denrées, les matériaux de construction, jusqu’à la monnaie qui circule à Gaza qui est encore la monnaie israélienne, le Shekel, tout cela allait dépendre du bon vouloir de l’Etat d’Israël.
En 2006 le Hamas fut élu démocratiquement par une majorité de Palestiniens. Forts de cette victoire, les dirigeants du Hamas ont expulsé les gens Fatah avec une violence inouïe. Benyamin Netanyahou reprit alors le pouvoir. Cette division des Palestiniens lui convenait parfaitement. Il était convaincu d’avoir définitivement maté les velléités palestiniennes en décuplant les colonies en Cisjordanie, où plus de 600 000 habitants sont aujourd’hui installés, en contrôlant les populations avec brutalité et en imposant aux jeunes de Palestine un quotidien humiliant et désespérant, sans aucune perspective d’avenir, en multipliant les destructions de maisons des familles lorsqu’un de ses membres perpétrait des agressions terroristes sur des Israéliens, en instaurant un régime carcéral faisant fi de toute légalité, à des milliers de Palestiniens équivalents des fichés S en France, sans aucun jugement, sous l’intitulé « détention administrative », sur des périodes allant d’un mois à plusieurs années. Autant d’exactions étatiques ignobles et irresponsables qui ont contribué à une véritable fabrique des terroristes à venir.
Dans ce contexte, les soi-disant « frères arabes » des Palestiniens venaient signer des traités de « normalisation » avec Israël, dans le cadre des « Accords d’Abraham », sans aucune concertation avec les Palestiniens, aucune considération pour ceux qui n’intéressaient plus personne. Et le Monde observait et soutenait tout cela avec une placidité déconcertante. A tel point que la Droite suprématiste, intégrée par Netanyahou dans son gouvernement à des postes clé, pouvait ouvertement commencer à envisager une annexion pure et simple des territoires occupés de Cisjordanie quitte à transgresser sans vergogne le projet originel d’un « Etat Juif et Démocratique », faisant fi de l’aspect démographique qui annulerait à la fois la dimension juive et démocratique de l’Etat, tandis que le contrôle israélien extérieur de Gaza, gouverné sans partage par le Hamas, tacitement soutenu par Israël, perdurerait comme à son origine.
Jusqu’à cet effroyable 7 octobre 2023, qui restera dans l’histoire comme une faillite et une honte incommensurable pour la cause palestinienne. La meurtrière déferlante militaire d’Israël qui s’ensuivit, tombé dans le piège littéral tendu par le Hamas, alors que ces derniers détiennent 6 mois plus tard des dizaines d’otages israéliens, pour la plupart civils, n‘est que l’extension de l’horrible massacre du 7 octobre. Pour la première fois de son histoire, l’Etat d’Israël serait prêt à risquer de sacrifier ses propres enfants pour assouvir une soif de vengeance, aussi justifiée soit-elle, alors qu’à mon sens sa priorité absolue aurait dû être d’obtenir leur libération, quel qu’en soit le prix, quitte même à libérer en échange les milliers de Palestiniens détenus dans les prisons israéliennes. L’abandon de ces citoyens israéliens, déjà traumatisés par l’ignoble carnage commis par leurs ravisseurs, sera sans aucun doute une tâche à jamais gravée dans l’âme et l’histoire de ce pays.
Le règlement politico-militaire contre ces terroristes du Hamas pouvait souffrir un report et se penser autrement que la mise en œuvre aveugle d’une terrible puissance militaire vengeresse entraînant des milliers de victimes civiles dont le nombre se multiplie jour après jour, faisant fi de toute éthique militaire qui fut la priorité absolue de l’armée d’Israël, depuis le début de son histoire. Je sais déjà les réactions courroucées que provoquera ma position, mais je reste convaincu que ce qui a permis la pérennisation du peuple juif dans l’histoire a été ce sens moral affuté, qui n’en finit pas de s’éroder depuis la Guerre de 67, depuis l’occupation de millions de d’individus qui refuseront obstinément cette situation inacceptable.
La terrible nouvelle est que l’actuel leadership politique des deux camps n’a jamais été aussi incompétent, voire criminel. A ce propos, quand bien même la décision de la Cour Suprême Internationale de placer les deux protagonistes dos à dos peut paraître révoltante, il n’empêche que des déclarations scandaleuses de plusieurs ministres, incluant le Ministre de la Défense concernant le traitement des Palestiniens de Gaza, sans aucune sanction ni démenti du Premier Ministre, ou de quelconque instance officielle, ont pu justifier l’accusation d’Israël de génocide, décision qui fera date, terrible à mes yeux, dans l’histoire de l’Etat d’Israël.
Le piège du Hamas a parfaitement fonctionné. La bonne nouvelle est qu’au regard d’une telle catastrophe, on peut rêver que ces deux sociétés civiles prennent conscience, d’une part, que les millions de Palestiniens ne partiront jamais vers un quelconque « ailleurs ». Ils y ont développé une culture, des traditions qui leur sont propres. Ils ont su fertiliser cette terre aride, ils ont appris à l’aimer depuis la nuit des temps et ils en connaissent tous les mystères. Et que, d’autre part, les Israéliens ne renonceront jamais à ces retrouvailles avec cette même terre ancestrale, à laquelle ils ont rêvé depuis des millénaires. Ils y ont créé de très profondes fondations, ils y ont développé une société remarquable et se sont hissés à la pointe des Arts et des Sciences à échelle mondiale en seulement quelques décennies.
Aujourd’hui, l’extrême urgence existentielle à la fois pour les Israéliens et pour les Palestiniens, sera dès « le jour d’après », de s’emparer de cette double évidence et d’élever en priorité absolue une résolution politique, dont tous les contours sont déjà définis depuis des années, afin de mettre un terme à cet immense et interminable désastre.