Israël, notre lumière malgré la nuit
Sur le deuxième voyage de solidarité organisé par l’association NETSAH, du 23 au 27 mars 2025.
Am Yisrael Chai – Le peuple d’Israël est vivant
Je mettrai mon esprit en vous, et vous vivrez. Je vous rétablirai sur votre terre, et vous saurez que je suis l’Éternel. [Ézéchiel 37:14]
Chaque pas sur cette terre, chaque prière murmurée, chaque larme versée porte la mémoire et l’espérance du peuple juif. Nous ne sommes pas venus en touristes, mais en témoins, en frères, en porteurs de lumière.
Il y a des voyages qui ne s’oublient pas. Il y a ceux qui bouleversent, ceux qui éclairent, ceux qui donnent un sens. Le second voyage de solidarité organisé par l’association NETSAH, du 23 au 30 mars 2025, est de ceux-là.
18 mois après le pogrom du 7 octobre 2023, 46 hommes et femmes, venus de toute la France, ont parcouru Israël, du Golan à la bande de Gaza, en passant par Jérusalem, Tel-Aviv, Nahariya, Afula, Nir Oz et Sderot. Leur objectif : rencontrer, écouter, consoler, aider, témoigner, prier.
Ce voyage n’était pas un séjour touristique. Il fut une marche de solidarité et de mémoire, une immersion dans l’histoire vivante du peuple juif, une plongée dans la douleur mais aussi dans la résilience d’Israël. Chaque jour, entre les témoignages déchirants et les instants de recueillement, une lumière persistait. Celle de l’unité, de la foi, de la fidélité à la vie, qui ne cesse jamais d’animer Israël. Une plongée dans la douleur, la mémoire, la fierté.
Nous avons vu les cendres, mais aussi les semences. Nous avons entendu les cris, mais aussi les chants. Nous avons rencontré des familles endeuillées, des héros silencieux, des survivants debout. Et à travers eux, le visage authentique d’Israël : celui d’un peuple digne, indomptable, infiniment vivant.
Jour 1 – Du Golan à la dignité druze
Nous prenons la route du Nord, jusqu’à la frontière syrienne. Le paysage est paisible, presque irréel. Mais les alertes qui s’affichent sur nos téléphones nous rappellent que cette terre vit sous menace constante. À Ein Keshatot, nous visitons les ruines d’une antique synagogue, magnifiquement restaurée, témoignage émouvant de la présence juive ancienne sur le Golan. Mille ans d’histoire nous contemplent. La pierre parle, et nous rappelle que notre peuple est enraciné ici depuis toujours.
À Ramat Hagolan, Yaakov Sehlavan, vice-conseiller de la région, nous reçoit. Il évoque la situation sécuritaire : les tensions avec le Hezbollah, les bombardements, les habitants déplacés. Mais il parle aussi de courage, de responsabilité collective, d’un avenir à reconstruire malgré tout. Nous étions le 1er groupe sur place depuis le 7 octobre 2023.
Au village druze de Majdal Shams, l’émotion est à son comble. Le 27 juillet 2024, une roquette du Hezbollah a frappé un terrain de sport : douze enfants ont été tués, quarante-cinq grièvement blessés. Les parents, présents pour nous parler, nous bouleversent par leur dignité. Ils nous remercient d’être venus, mais nous recevons une leçon de grandeur morale.
NETSAH s’engage à les soutenir concrètement. La solidarité ne doit jamais s’arrêter aux mots. La journée se termine au bord du lac de Tibériade (le Kinneret). Le soleil descend lentement. Nous sommes là, en silence, tournés vers cette lumière dorée. La beauté de cette terre est à la mesure de ce qu’elle endure.
Jour 2 – Du Liban à Nahariya : frontières et soins
La journée débute par une visite exceptionnelle de Metula, tout au nord d’Israël, à seulement 100 mètres du Liban. Le journaliste Stéphane Juffa, rescapé miraculeux d’une attaque, nous guide dans cette ville à moitié détruite, quasiment désertée. Seuls 50 habitants sur 2 500 y vivent encore. Depuis les hauteurs, nous apercevons les villages chiites libanais, dont certains ont été réduits en ruines – transformés en arsenaux du Hezbollah. Les villages chrétiens et druzes, eux, n’ont pas été touchés. Une guerre ciblée, implacable.
Nous longeons le mur de séparation, bordé de vergers d’amandiers. En face, le Mont Hermon enneigé nous rappelle que la beauté cohabite souvent avec la menace.
À Nahariya, nous visitons l’hôpital de la ville entièrement souterrain, il a fonctionné 16 mois sous les roquettes. Les équipes nous accueillent chaleureusement et nous livrent une leçon de résilience médicale, d’organisation, et d’humanité. Voici ce qu’ils ont écrit après notre passage :
Nous avons été honorés d’accueillir une délégation de l’association NETSAH au centre médical de Galilée. Dirigée par le Dr Bruno Lellouche, la délégation est venue exprimer sa solidarité et acquérir une compréhension plus approfondie de la façon dont notre centre médical fonctionnait en première ligne, en fournissant des soins dans notre hôpital souterrain, pendant « les épées de la guerre de fer ».
La visite a commencé par une présentation du Dr Tsvi Sheleg, directeur adjoint du centre médical Galilée, qui a donné un aperçu de nos activités pendant la guerre et des défis uniques auxquels nous sommes confrontés en tant qu’hôpital de première ligne à seulement 10 km de la frontière entre Israël et le Liban.
La délégation a ensuite visité notre complexe d’hospitalisation souterrain et le service des urgences, en comprenant notre résilience, notre adaptabilité et notre engagement indéfectible envers les soins aux patients. Cette visite significative, coordonnée par notre département des affaires internationales et dirigée par Aya Kagade, a été une expression puissante du soutien inébranlable de NETSAH à Israël.
Nous apprécions votre solidarité avec Israël et le centre médical de Galilée.
À Afula, nous visitons un orphelinat soutenu par NETSAH, et inaugurons un bâtiment pour les jeunes adultes sortis de l’armée. Même dans l’ombre de la guerre, la vie continue de pousser. Quelle émotion que de voir plus de 90 enfants dans des familles d’accueil.
La journée s’achève par une rencontre avec Olivier Rafowicz, porte-parole de Tsahal. Son analyse géopolitique, précise, lucide, mais plus optimiste qu’un an plus tôt, nous offre un souffle d’espoir.
Jour 3 – Otages, mémoire et espérance
À Tel-Aviv, nous marchons jusqu’à la Place des Otages. Les visages imprimés sur les tentes, les portraits, les objets personnels : tout parle. Tout crie. Nous sommes reçus par Daniel Shek, ancien ambassadeur, et Colette Avital, ancienne députée et diplomate.
Puis Ayelet Samerano prend la parole. Son fils, Yonatan, a été enlevé et blessé par le Hamas. Son témoignage mêle douleur, dignité, incertitude. Elle dit :
On nous a dit qu’il n’était plus vivant. Mais nous n’avons aucune preuve. Au contraire, nous avons plusieurs indices qui nous laissent croire qu’il est encore là, quelque part.
Son espoir, à lui seul, est un acte de résistance.
Puis départ vers la ville éternelle de Jérusalem, où nous rendons hommage aux soldats tombés depuis le 7 octobre. Deux familles nous accueillent au mont Herzl. Leurs mots, simples et profonds, transpercent le silence. Des fils tombés pour que d’autres vivent. Des parents debout dans le chagrin.
Le soir, au restaurant Hatsot, nous recevons Jérémie Ganizate, frère de Ronny, tombé au combat au Liban.
Il portait l’uniforme d’Israël, mais il incarnait bien plus : le courage d’un peuple, l’amour de la vie, la fidélité à ses valeurs.
Le journaliste Stéphane Amar conclut la journée par une analyse puissante de l’Israël d’aujourd’hui : solide, blessé, mais lucide et debout.
Jour 4 – Nir Oz, Nova, Sderot : aux racines du 7 octobre
Nous descendons vers le sud, en direction de la bande de Gaza.
Le kibboutz Nir Oz, l’un des plus meurtris le 7 octobre, est un champ de ruines. Plus de 100 morts sur 400 habitants. Des familles entières massacrées. C’est ici qu’habitaient Shiri, Ariel et Kfir Bibas, mais aussi Ofer Kalderon et Ohad Yahalomi. Chaque récit, chaque image, chaque silence est une déchirure.
Au site du festival Nova, les visages des jeunes assassinés jalonnent les sentiers. Piquets, portraits, coquelicots, bracelets, guirlandes. Le sol danse encore de leur mémoire. 400 vies fauchées.
À Tkouma, le cimetière des véhicules brûlés, nous écoutons Rafi, père de Ben Shimoni, héros du 7 octobre. Son fils a sauvé plusieurs jeunes en les ramenant un à un sous le feu. Trois d’entre eux sont encore hospitalisés en psychiatrie. Le récit est insoutenable. Mais nécessaire.
Enfin à Sderot, un habitant francophone nous raconte la journée du pogrom. Les missiles, l’invasion, les coupures d’électricité, la terreur. Le commissariat pris d’assaut et théâtre de massacres a été rasé. Un lieu de mémoire a été construit.
La conclusion de ce voyage revient à Olivier Amram du groupe NETSAH, qui écrit :
Ce que nous vivons ensemble n’est pas seulement un combat politique ou historique, c’est un engagement de l’âme, une bataille pour Israël, pour sa force, pour la résilience d’un peuple qui, malgré les épreuves, se dresse avec dignité, avec courage, avec une lumière qui transcende le temps et l’adversité. Nous sommes unis, Juifs et non-Juifs, dans cette lutte qui dépasse nos individualités.
Israël nous insuffle son courage, son amour indéfectible de la vie, cette volonté farouche de ne jamais plier, de rester debout, droits et fiers face à ceux qui voudraient nous voir vaciller. Nous sommes un fer de lance face au monde, une voix qui refuse le silence, une force qui puise dans l’histoire et l’avenir.
Mais comment avancer sans penser à ceux qui se sacrifient pour que nous puissions tenir debout ? Chaque soldat tombé est une étoile gravée dans nos cœurs, un éclat de lumière qui éclaire nos pas, une présence silencieuse qui nous guide. Leur sacrifice n’est pas vain : il est l’héritage de ceux qui refusent la soumission, la flamme de ceux qui choisissent de protéger plutôt que de céder. Ils sont notre boussole, notre force invisible, notre serment de ne jamais abandonner.
Cette lutte est la nôtre, fragile en apparence, mais indestructible dans sa foi et son espérance. Elle s’élèvera, elle nous ouvrira un chemin, comme la mer Rouge s’est ouverte pour le peuple juif, lui offrant un avenir plus grand, un destin qui le dépasse, un sillon façonné par le courage et l’histoire.
Un feu sacré
Ce voyage restera dans nos cœurs.
Il nous a rendus plus unis, plus éveillés, plus déterminés. Le peuple juif, face aux pires assaillants, continue d’aimer la vie. Israël, malgré cela, continue d’être ce phare au milieu des tempêtes.
Merci à l’association NETSAH, aux accompagnants, aux témoins, aux familles.
Merci à Israël pour son courage et son accueil.
Nous reviendrons avec des actes, des mots, des prières.
Nous sommes, et resterons, les porteurs de cette lumière.
Olivier Amram et Daniel Bensoussan, de l’équipe de NETSAH.