Israël, le choix de la Vie !

Partisans et proches d'otages enlevés par des terroristes palestiniens lors des attaques du 7 octobre 2023 et séquestrés depuis dans la bande de Gaza réagissent à une émission en direct consacrée à la libération de trois otages israéliens, sur la Place des Otages de Tel Aviv, le 19 janvier 2025. (Crédit : Menahem Kahana / AFP)
Partisans et proches d'otages enlevés par des terroristes palestiniens lors des attaques du 7 octobre 2023 et séquestrés depuis dans la bande de Gaza réagissent à une émission en direct consacrée à la libération de trois otages israéliens, sur la Place des Otages de Tel Aviv, le 19 janvier 2025. (Crédit : Menahem Kahana / AFP)

Cet article est dédié tout particulièrement aux otages, femmes, hommes et enfants capturés par le mouvement terroriste du Hamas et aux parents attendant le retour des leurs.

Depuis les massacres du 7 octobre 2023 perpétrés par les terroristes du Hamas, le peuple juif ne cesse d’être soumis à de nombreux dilemmes d’ordre éthique. Ces derniers mois et plus particulièrement ces derniers jours, la société israélienne s’active pleinement à sauver l’ensemble des otages des griffes de leurs bourreaux sadiques et ce, même au prix de la libération de milliers de terroristes détenus dans les prisons israéliennes.

Cette libération qui n’est point sans susciter de nombreux débats au sein de la société israélienne peut-elle se justifier sur le plan moral et sécuritaire, lorsque l’on sait qu’une grande part des terroristes libérés après les négociations ayant conduit à la libération de Guilad Shalit, en 2011, ont pris une part plus qu’active aux massacres du 7 octobre ? Yahya Sinwar n’en est-t-il point la preuve flagrante ?

Pour autant, détenons-nous le droit moral d’abandonner les nôtres afin de préserver la vie de dix millions d’Israéliens vivant sous l’épée de Damoclès d’une menace terroriste toujours imminente ?

D’aucuns affirment qu’Israël n’a pas le droit moral de se soumettre aux requêtes exagérées de l’organisation terroriste du Hamas en acceptant la libération de milliers de terroristes en échange du retour de 33 otages, échange qui rendrait caducs tous les efforts de guerre.

En d’autres termes, Israël aurait échoué dans sa mission d’écraser le Hamas. Si vouloir détruire les terroristes et leurs infrastructures se justifie d’emblée par l’ampleur des massacres du 7 octobre, cela ne suffit jamais à effacer totalement une idéologie génocidaire qui, inculquée aux enfants, fera de ces derniers de futurs shahids, des « témoins fidèles d’Allah ».

D’autres, contrairement à la propagande diffusée par le Hamas et de certains pays arabes, affirment qu’Israël n’a pas perdu la guerre en négociant le retour des trois jeunes otages Romi, Emily et Doron.

Bien au contraire, la victoire, même amère – il n’y a pas d’autres mots pour le dire – appartient à Israël. Car la victoire véritable dans le contexte du retour des otages n’est jamais sur l’ennemi, elle est toujours et avant tout sur soi-même.

L’ampleur de la victoire d’Israël se mesure essentiellement à sa faculté extraordinaire éprouvée sur quatre millénaires à demeurer sans cesse fidèle à ses propres valeurs d’Humanité et à ses principes fondamentaux de Justice, de Compassion et d’Empathie. Israël porteur d’un message universel de respect et de solidarité envers l’autre ne peut en aucune façon trahir ses idéaux éthiques inscrits dans la Bible et le Talmud et ressembler à ses ennemis prônant le culte de la mort.

Le secret de la pérennité d’Israël réside en sa Tradition qui n’a de cesse de cultiver le principe de la Sainteté de la Vie (Qedoushat HaHayim).

Toute pratique religieuse dénuée de dimension éthique ressemble à un corps sans âme. Le sens de cette pratique ne vise d’autre but que la Vie !

Et vous observerez donc mes lois et mes statuts, parce que l’homme qui les pratique obtient, par eux, la Vie (Va’HAY Bahem) : Je suis l’Éternel. (Lévitique 18 : 5)

Les Sages du Talmud, s’inspirant d’Exode 22 : 24, enseignent :

Les pauvres de ta ville [sous-entendu : de ton pays, qui te sont proches] ont la préséance. (Traité Baba Metsia, 1, a)

Cet enseignement fait écho à l’une des plus grandes ordonnances bibliques, celle de libérer les captifs et les otages (Pidion Shevouim).

אֵין לְךָ מִצְוָה רַבָּה כְּפִדְיוֹן שְׁבוּיִים

Il n’existe pas de commandement plus grand que celui de libérer les prisonniers[1].

Le Patriarche Avraham, la figure emblématique du ‘Hessed de la Bonté, éprouve immédiatement le devoir d’aller en guerre libérer son neveu Lot (Genèse 14: 14) avec lequel il entretient, pourtant, une relation familiale mitigée.

Le roi David, quant à lui, suivra l’exemple d’Avraham lors de son combat contre Amalek à Tsiklag afin de ramener tous les captifs et otages capturés par ce dernier (I Samuel 30: 1-19).

La Sainteté de la Vie constitue le principe éthique le plus important au point qu’il repousse même la Sainteté du jour le plus sacré du calendrier hébraïque, le Shabbat (Pikouah Nefesh Do’hé Shabbat). La préservation et le respect de la Vie humaine et même animale constituent l’Essence même du Judaïsme !

Ainsi enseignent les Sages : toutes les fois qu’un être humain est assassiné c’est une part de divin qui disparaît du monde car dans la Tradition juive, chaque être humain est considéré comme créé à l’image du Divin, ce qui confère une dignité et une sainteté intrinsèques à toute vie humaine.

C’est la raison pour laquelle les dirigeants d’Israël doivent continuer à tout mettre en œuvre afin que, nous l’espérons, tous les autres 65 otages restants puissent enfin recouvrer la Liberté.

Et tu ne seras pas indifférent au sang de ton prochain : je suis l’Éternel. (Lévitique 19: 16)

Le Judaïsme prône le culte de la Vie impliquant chaque être humain à plus de responsabilité et d’altruisme. La souffrance des nôtres n’est-elle point aussi la nôtre !

…וּבָחַרְתָּ בַּחַיִּים לְמַעַן תִּחְיֶה אַתָּה וְזַרְעֶךָ

…Et tu choisiras la Vie afin que tu vives toi et tes descendants. (Deutéronome 30: 19).

Là est la vraie victoire d’Israël ! Là est la lumière d’Israël qui éclaire le monde !

[1] Selon Maïmonide (Mishneh Tora, Zeraim, Hil’hot Matnot Anyim, Chapt 8 halakha 10).

à propos de l'auteur
Diplômé de l’Institut des Civilisations et Langues Orientales de Paris (INALCO) et certifié de l’Institut Catholique de Paris (ICP) enseigne la Bible (TaNa’Kh), sa langue, son éthique et son histoire. Installé, depuis son Alya en 1989 à Ashkelon, il participe activement au refleurissement d'Erets Israël. Végétarien par conviction morale, Haïm rêve d'une ère nouvelle où les grandes spiritualités pourraient se rencontrer en vue d'instaurer un monde meilleur. Convaincu que le retour du peuple d’Israël en Erets-Israël annonce la restauration de l'idéal de fraternité abrahamique, il encourage le dialogue interreligieux dans le respect de l'autre
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