Israël-France, même combat budgétaire
Les Israéliens suivent avec un sourire complice l’inquiétude des Français pour la continuité de l’État, le budget 2025 n’ayant pas encore été adopté par l’Assemblée nationale.
Si la situation politique en France n’a pas permis de voter dans les délais requis un budget pour l’année 2025, une loi spéciale permettra de garantir la continuité de l’État, c’est-à-dire d’assurer un service public minimum et de payer les fonctionnaires tout en continuant de prélever les impôts.
Cette situation exceptionnelle en France a fait sourire de nombreux Israéliens qui font face à la même situation : la Knesset n’a pas encore adopté le budget 2025, ce qui obligera à reconduire le budget 2024 jusqu’au vote d’un nouveau budget.
En revanche, les Israéliens sont beaucoup moins inquiets que les Français, et pour cause : le retard dans le vote du budget de l’État est devenu monnaie courante en Israël !
Normalité budgétaire
Contrairement à la France, l’absence d’une loi de finances pour l’année courante est (presque) une normalité budgétaire en Israël.
Au cours des vingt dernières années, le scénario s’est reproduit fréquemment, obligeant le gouvernement israélien à se débrouiller avec un budget de continuité :
- le budget 2023 a été approuvé en mai 2023, soit un retard de cinq mois par suite des élections anticipées tenues en novembre 2022 ;
- 2020 et 2021 n’ont pas connu de budget ordinaire, le gouvernement a géré la pandémie de coronavirus par des décrets d’urgence jusqu’aux élections anticipées en mars 2021 ;
- 2013 et 2015 ont démarré sans budget, entraînant des élections anticipées ;
- 2009 a démarré sans budget en raison de la démission du Premier ministre Ehoud Olmert en septembre 2008 ;
- 2006 démarra sans budget à la suite de la dégradation de l’état de santé du Premier ministre Ariel Sharon qui conduisit à des élections anticipées ;
- le budget 2005 préparé par le ministre des Finances Benyamin Netanyahou (en poste depuis février 2003) fut adopté le 29 mars 2005, soit avec trois mois de retard.
Dans la plupart des cas, le calendrier d’adoption du budget a été retardé par la tenue d’élections anticipées, mais pas seulement : parfois, c’est l’absence de budget qui a provoqué la tenue de législatives anticipées (comme en mars 2021).
Budget provisoire
La procédure budgétaire en Israël est prévue par une loi fondamentale de 1975 ; un budget qui n’est pas adopté jusqu’au 31 mars de l’année en cours provoque automatiquement la dissolution de la Knesset et la tenue d’élections anticipées.
Entretemps, c’est le budget de l’année précédente qui est reconduit durant les trois premiers mois de l’année en cours. Pour 2025, c’est donc le budget 2024 qui sera reconduit provisoirement, au plus tard jusqu’au 31 mars 2025 ; à défaut, la Knesset sera dissoute.
Après plus d’un an de guerre, les Israéliens méritent mieux que les grandes manœuvres budgétaires de leur gouvernement, au mépris d’une gestion efficace des fonds publics.
On comprend pourquoi, vue d’Israël, l’absence de budget 2025 en France n’a rien de grave ni d’exceptionnel.
En Israël d’aujourd’hui, l’exception est devenue la règle et la règle l’exception…