Israël est beau et admiré quand il est victorieux

Le Premier ministre David Ben Gourion décorant Moshé Dayan, 1958. (Crédit : Moshe Friedan)
Le Premier ministre David Ben Gourion décorant Moshé Dayan, 1958. (Crédit : Moshe Friedan)

Partie 1

On pourrait penser que le monde soutient Israël quand il est attaqué, et qu’il le critique lorsqu’il se défend et contre-attaque. Mais cette idée simpliste est démentie par la réalité. Dans un recueil de textes inédits en français, à paraître dans la Bibliothèque Sioniste, David Ben Gourion énumérait en 1957 les trois éléments qui attestaient selon lui que l’État d’Israël incarne déjà le « peuple spécial » (Am Segoula) qu’il a vocation à devenir. Ces trois éléments, selon lui, « indiquent clairement la capacité morale et intellectuelle enfouie en nous, à savoir: l’implantation ouvrière, l’armée de défense d’Israël et l’ensemble des personnes qui travaillent dans la science, la recherche, la littérature et les arts ». Il est frappant de voir comment le premier dirigeant de l’État juif considérait Tsahal comme une des “preuves” de la réalisation du caractère “spécial” de notre peuple et de notre État.

A l’occasion de la disparition de Yael Dayan, ancienne députée travailliste et fille de Moshé Dayan, j’ai entrepris de relire deux livres qu’ils ont chacun écrit: le premier, « Journal de la campagne du Sinaï », publié par Moshé Dayan en 1966, relate la campagne de Suez. Le second, publié par sa fille en 1967, est intitulé « Lieutenant au Sinaï, journal d’une guerre de six jours ». Les deux livres ont le parfum de l’Israël d’antan, celui qui suscitait l’admiration d’une grande partie du monde. En regardant les photos d’autrefois, sur lesquelles on peut la voir en uniforme, aux côtés de son père, on ne peut s’empêcher d’éprouver un brin de nostalgie pour cette époque lointaine, où Moshé Dayan faisait la « Une » des journaux du monde entier, et où le petit État d’Israël était encore admiré et célébré.

Partie 2

Bien entendu, cette image d’Épinal est trompeuse : sur le plan international tout d’abord parce que l’opinion a toujours été divisée concernant Israël, et ensuite que la situation actuelle est loin d’être aussi catastrophique que ne peuvent le faire croire les manifestations sur les campus, ou la décision du procureur de la CPI. Si la majorité des Français – malgré le bombardement d’images favorables aux “civils innocents” de Gaza auquel ils sont soumis chaque jour – reste favorable à Israël dans le conflit actuel, c’est pour une raison simple, que nous avons tendance à oublier. Israël est admiré et soutenu quand il combat, quand il se défend et contre-attaque, et quand il est victorieux !

Cette réalité simple, évidente à l’époque de Moshé Dayan et de la guerre des Six Jours, a été depuis lors effacée par des décennies d’un lavage de cerveau, qui a procédé tout autant d’éléments extérieurs à Israël que d’éléments intérieurs.

A force de clamer que le fondement de notre politique étrangère était le « processus de paix », et que nous étions prêts à faire des « concessions douloureuses » dans ce but, nous avons oublié que la paix n’existe pas dans le vocabulaire politique de l’islam, qui ne connaît que des trêves provisoires.

Partie 3

Cet oubli tragique, qui nous a coûté très cher, s’est manifesté dans le fait que Tsahal, l’armée de défense d’Israël et le joyau de la couronne du sionisme, a été transformée en instrument politique et a oublié sa vocation première (remporter la guerre), pour se consacrer à toutes sortes de missions qui n’ont rien à voir avec la défense d’Israël : éducation, politique, voire lutte contre le réchauffement climatique ! Les généraux de l’état-major sont devenus des politiciens, qui n’attendaient même plus de retirer l’uniforme pour faire de la politique politicienne, au lieu de se consacrer à gagner les guerres.

La guerre actuelle, qui ressemble à la Guerre d’Indépendance par sa durée et par son enjeu existentiel, a remis les pendules à l’heure. Tsahal n’est pas une antenne de « La Paix maintenant » ou de Greenpeace.

Les héros qui combattent et paient le prix du sang à Gaza et ailleurs ne sont pas la cause de la détestation d’Israël dans le monde, au contraire. Ils sont la meilleure raison pour laquelle une large partie du monde continue de nous soutenir et de nous admirer. Israël est beau quand il combat ! Ad Hanitsa’hon !

à propos de l'auteur
Pierre est né à Princeton et a grandi à Paris avant de faire son alyah en 1993. Il a travaillé comme avocat et traducteur. Il a notamment traduit en français l'autobiographie de Vladimir Jabotinsky. Pierre vit depuis plus de 20 ans à Jérusalem et a collaboré avec des publications francophones, parmi lesquels le Jerusalem Post et Israel Magazine. Il est passionné par le sionisme et son histoire.
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