Israël démocratique et juif ?

© Stocklib / Fabrizio Misson
© Stocklib / Fabrizio Misson

Depuis l’indépendance d’Israël en 1948, et pendant des décennies, il allait de soi que le courant politique dominant était celui d’une social-démocratie accommodante, à la fois avec l’humanisme et avec le judaïsme.

C’était d’ailleurs ce que la plupart des pères fondateurs avaient souhaité. Mais les temps ont changé, et il va falloir déterminer ce que signifie « Israël Etat juif et démocratique », selon la formule consacrée.

En réalité cette formule implique une hiérarchie dans les termes. Mais la sociologie de la population a changé, et l’espèce de consensus silencieux qui a prévalu si longtemps ne semble plus avoir cours face à la polarisation de la vie politique. Les nouvelles générations n’ont peut-être pas grandi, à tort ou à raison, avec le sentiment qu’une menace existentielle pesait encore sur Israël.

Suzie Navot est professeure de droit constitutionnel et vice-présidente de la recherche à l’Israël Democracy Institute. Elle est opposée au projet de réforme du gouvernement actuel. Mais au-delà de cette prise de position ponctuelle il est intéressant d’entendre ce que cette juriste au dessus de tout soupçon entend par Israël pays « juif et démocratique ».

Au cours d’une interview récente, Navot explique que cette formule doit être comprise « dans cet ordre ». En d’autres termes qu’Israël est d’abord juif et ensuite démocratique.

Elle estime que le pays ne pourra jamais être cent pour cent démocratique, parce que la démocratie doit parfois céder la place au caractère juif de l’Etat. Cela entraine que certains droits, au sens humaniste du terme, ne seront jamais accordés dès lors qu’ils entreraient en conflit avec des valeurs juives.

Navot précise qu’elle l’assume volontiers et estime qu’il fait bon vivre dans un tel pays en tant que juif.

à propos de l'auteur
Daniel Horowitz est né en Suisse, où ses parents s’étaient réfugiés pour fuir l’occupation de la Belgique. Revenu à Anvers il grandit au sein de la communauté juive. A l’âge de quinze ans il entre dans l’industrie diamantaire et y fait carrière. Passé la soixantaine il émigre en Israël où il se consacre désormais à l’écriture. Il a récemment publié aux éditions l'Harmattan un ouvrage intitulé "Leibowitz ou l'absence de Dieu".
Comments