Israël aspire désespérement à un nouveau leadership

La situation politique en Israël exige un renouvellement du leadership. Les dirigeants tels que David Ben Gourion, Menachem Begin et Yitzhak Rabin, qui ont toujours agi dans l’intérêt du pays plutôt que pour leurs propres profits, se font rares. Il est temps d’écarter ceux qui ont conduit le pays au Shabbat noir en refusant d’assumer leurs responsabilités. Assez des intrigues ! Assez des considérations électorales ! Assez de l’égoïsme !
Benny Gantz, qui rassemble une partie importante de l’électorat selon les sondages, a échoué à deux reprises, en rejoignant le gouvernement de Netanyahu. Ses bonnes intentions ne suffisent pas. Au fil des jours, il se révèle dépourvue d’une véritable faculté de leadership. Il se laisse porter par les vents politiques, prêt à changer de direction au gré des circonstances.
Gantz manque de vision et d’idéologie claires. Certains le considèrent comme étant de droite, ayant fusionné avec Gideon Sa’ar et son parti militant pour le Grand Israël. D’autres gardent l’espoir qu’il représente le centre-gauche. Récemment, dans un ultimatum lancé à Netanyahu, Gantz a proféré des slogans vides de sens et contradictoires. Comment peut-il prétendre vaincre le Hamas sans la libération des kidnappés ? Pourquoi n’a-t-il pas annoncé son retrait immédiat ? Accorde-t-il à Netanyahu trois semaines pour trouver le moyen ultime de le ridiculiser à nouveau ?
Dernièrement, Gantz et son parti se sont précités pour s’opposer à l’annonce d’un accord imminent de normalisation avec l’Arabie Saoudite. Comme Netanyahu, il refuse le projet de deux États, même s’il ne s’agit que d’une intention. Absurdité ou calcul électoral ? Ou encore droitisation selon l’esprit régnant depuis le 7 octobre 2024 ?
Yoav Gallant est le seul membre du Likoud à avoir osé défier Netanyahu jusqu’à présent. Il a eu le courage de réclamer la fin de la réforme judiciaire du gouvernement. Pourtant, lorsque l’épreuve est survenue, il s’est rétracté et s’est aligné sur l’autorité du chef. Il a voté avec la coalition en faveur de la modification des lois fondamentales, y compris celle de la suppression de l’« Inaptitude du Premier ministre ».
En tant que ministre de la Défense menant la guerre, Gallant agit comme un robot dont le logiciel n’a pas évolué, bien que dernièrement il a encore une fois défié Netanyahu en lui demandant de définir les objectifs de l’après-guerre. Son leadership sera mis à l’épreuve selon son endurance et sa détermination. S’il s’aligne à nouveau sur le chef et ne provoque pas de révolution au sein du Likoud, le robot sera de retour…
Trois nouveaux « prétendants » se manifestent :
- Yossi Cohen, ancien chef du Mossad, bien qu’il ait un passé glorieux au service de la sécurité de l’État, semble être un clone de Netanyahu, arrogant, hédoniste et tyrannique.
- Naftali Bennett, opportuniste de droite, a empêché le « gouvernement de changement » qu’il a dirigé de promulguer une loi interdisant à tout citoyen accusé de crimes et traduit en justice d’exercer la fonction de Premier ministre. Il l’a fait pour des raisons politiques et égoïstes, sans penser au bien du pays. Il semble également être un admirateur de Netanyahu.
- Gideon Sa’ar, toujours enclin aux manœuvres politiques, œuvre pour son propre intérêt. Ses idées de droite inflexible ne peuvent que renforcer l’aile droite extrême qui nuit au pays et à ses relations avec le monde occidental.
Les trois ont coopéré avec Netanyahu et soutenu sa politique qui a conduit au renforcement du Hamas jusqu’au pogrome du 7 octobre. Leur temps est révolu et leur retour sur la scène politique serait navrant.
De nouveaux leaders émergeront de la protestation contre le pouvoir actuel, des familles des kidnappés et des organisations qui se sont manifestées après le Shabbat noir, pour offrir leur aide aux victimes. Pour l’instant, ils ne se déclarent pas explicitement comme candidats aux prochaines élections. Toutefois, l’histoire nous montre qu’une lutte démocratique déterminée et de longue haleine, d’une qualité et d’une ampleur sans précédent, finit par donner naissance à une nouvelle génération de dirigeants.
- Yair Golan, ancien adjoint du chef d’état-major de Tsahal, un homme qui défend des opinions claires, et a le courage de les exprimer même lorsque celles-ci vont à l’encontre à l’état d’esprit de la majorité des électeurs. En temps réel, alors que tous les ministres du gouvernement faisaient preuve d’indifférence, voire de lâcheté, Golan est descendu sur le terrain pour sauver de nombreux participants au « Festival Nova », au risque de sa propre vie. Yair Golan vient d’emporter les primaires des Travaillistes, et devint le dixième leader depuis Rabin. Golan sauve le parti du risque de son déclin. Il réussira s’il garde sa clarté, son franc parlé et ses convictions, sans les intrigues électorales.
- Tzipi Livni, une femme qui possède une vaste expérience de la politique étrangère d’Israël et de la question palestinienne, devrait être rappelée pour participer à la restauration de la gouvernance du pays. Elle a déjà prouvé son leadership par sa détermination intransigeante face au chantage des ultra-orthodoxes, même si cela lui a coûté l’accès au trône en 2009.
- Gady Eizenkot, bien qu’il ait rejoint le gouvernement actuel et continue de soutenir la position de Netanyahu qui entrave un accord pour la libération des kidnappés à tout prix, est porteur d’un certain espoir. Cependant, il doit faire preuve de courage en quittant le gouvernement et mettre fin à son partenariat avec Gantz pour bouleverser l’arène politique. Contrairement à Gantz, Eizenkot ne se contente pas de vains discours, et ses actions témoignent de son malaise au sein du cabinet de guerre. Il défend un accord avec les Palestiniens. Espérons qu’il ne se laissera pas influencer par des intérêts électoraux.
En ce qui concerne Yair Lapid, un vrai leader charismatique, est arrivé au sommet grâce à son initiative et son talent. Il a malheureusement négligé le bloc de gauche avant les dernières élections une fois devenu chef de gouvernement, même si ce n’était qu’un gouvernement de transition. Il semble avoir aussi négligé son propre parti, presque au point de le laisser sous le contrôle de Ran Barak. Malgré tout, son retour complet est souhaitable, avec le même espoir et la même audace qui l’ont caractérisé lors de ses débuts en politique.
L’urgence est que Netanyahu et tous ses valets quittent le pouvoir. Il faut un nouveau leadership, qui déclare explicitement que tous les membres de la coalition qui ont soutenu Netanyahu et sa conception ayant abouti au 7 octobre doivent être jugés. Et bien sûr, il faut qu’il agisse avant tout pour la libération des kidnappés – vivants ou morts –, et le retour des personnes déplacées de leurs foyers, des alentours de Gaza et dans le nord d’Israël, tout en leurs assurant la sécurité.
Le nouveau leadership devrait s’engager à une reforme radicale des institutions du pays et surtout au renforcement de la protection des lois fondamentales et de la démocratie.