Israël a signé un accord vulnérable en position de force

Des manifestants participant à un rassemblement appelant à la libération des Israéliens retenus en otage à Gaza par le Hamas, à Tel Aviv, le 15 janvier 2025. (Crédit : Jack Guez/AFP)
Des manifestants participant à un rassemblement appelant à la libération des Israéliens retenus en otage à Gaza par le Hamas, à Tel Aviv, le 15 janvier 2025. (Crédit : Jack Guez/AFP)

Les graves défaillances du 7 octobre 2023 ont eu des retombées directes sur les négociations de l’accord qui vient d’être approuvé par le gouvernement israélien.

Certes, cet accord est vulnérable et la feuille de route est semée de nombreux obstacles, mais comment ne pas se réjouir de la libération des otages détenus dans des conditions inhumaines. D’être fiers qu’Israël applique une tradition millénaire, éthique et morale, et qu’il est l’un des rares pays au monde qui utilise tous les moyens pour libérer ses ressortissants, qu’il n’abandonne jamais un camarade de régiment sur le champ de bataille, vivant ou mort.

Malheureusement, nous payons à chaque fois un lourd et douloureux tribut car nous avons à faire à des terroristes sanguinaires, à des islamistes barbares qui se moquent éperdument des lois internationales, des traités sur les prisonniers de guerre et du contrôle de la Croix-Rouge.

Nous déplorons que cet accord fut signé tardivement et que des raisons politiciennes et partisanes planent toujours sur les négociations, mais une fois la décision prise, et malgré l’opposition et le départ de plusieurs ministres, elle doit être appliquée à la lettre même, au risque de la chute du gouvernement et d’élections anticipées.

Israël est isolé dans l’arène internationale, et après le cessez-le-feu, la bataille diplomatique, juridique, et médiatique débutera avec intensité. De ce fait, le soutien de l’Amérique de Trump est nécessaire pour contrecarrer toute violation de l’accord, tous les diktats et pressions et les condamnations à venir, et surtout assurer la sécurité le long de nos frontières, en évitant la reprise des attentats terroristes également en Cisjordanie.

Fort heureusement, nous avons réussi à changer complètement la donne géopolitique de la région : le Hezbollah et le Hamas ont perdu la guerre et sont affaiblis considérablement, leurs chefs furent éliminés. Cependant, la reprise des hostilités est probable, et donc le combat n’est pas encore achevé.

Bien entendu, nous ne pouvons pas éradiquer l’idéologie religieuse et fanatique des islamistes, mais sur le plan militaire et stratégique, la victoire est claire et Tsahal redevient l’armée la plus puissante du Moyen-Orient.

À Washington, Donald Trump s’installe à la Maison-Blanche en position de force et assure Israël et ses alliés de ses bonnes intentions. Désormais, l’Amérique change de cap dans notre région et sa diplomatie devient claire, directe et intransigeante sur tous les plans. Le combat contre le terrorisme islamique, notamment contre les Houthis du Yémen, sera enfin mené inlassablement et sans aucune pitié.

La majorité des pays arabes – dont l’Arabie saoudite, l’Egypte et la Jordanie – sont satisfaits du retour de Donald Trump. Les dirigeants palestiniens craignent que la création de leur État ne soit reportée à une date bien lointaine, tandis que les ayatollahs d’Iran préfèrent le dialogue pour éviter la destruction de leurs sites nucléaires.

La politique de Trump pourra être très bénéfique à Israël, à condition d’établir avec lui un dialogue franc et crédible, lui présenter un plan réaliste, une feuille de route pragmatique pour pouvoir poursuivre ensemble l’application des Accords d’Abraham et la normalisation diplomatique avec l’Arabie saoudite.

C’est dans ce contexte géopolitique nouveau que le gouvernement Netanyahu a accepté de signer un accord qui permettra la libération des otages et un retrait de Tsahal de la bande de Gaza et du Liban.

Certes, les questions demeurent toujours ouvertes et on s’interroge sur le caractère fougueux et imprévisible de Donald Trump, et ses capacités d’appliquer à la lettre ses promesses. Toutefois, son message demeure toujours limpide : dans la jungle politique de la planète, et surtout au Moyen-Orient, seul le plus fort est respecté.

à propos de l'auteur
Ancien ambassadeur d'Israël. Journaliste-Ecrivain. Fondateur et directeur du CAPE de Jérusalem. Auteur de 25 ouvrages sur le conflit Israelo-arabe et sur la politique française au Moyen-Orient ainsi que des portraits-biographiques de Shimon Pérès, Ariel Sharon et Benjamin Netanyahou.
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