Israël a ouvert les yeux : gam zou létova (2/2)

Les représentants des États-membres lors d'un vote sur une résolution portant sur Gaza pendant une réunion du Conseil de sécurité des Nations unies au siège de l'ONU, le 22 décembre 2024. (Crédit : Yuki Iwamura/AP)
Les représentants des États-membres lors d'un vote sur une résolution portant sur Gaza pendant une réunion du Conseil de sécurité des Nations unies au siège de l'ONU, le 22 décembre 2024. (Crédit : Yuki Iwamura/AP)

L’antisémitisme dans les organisations internationales

L’épouvantable pogrom du 7 octobre a été vécu par les Israéliens comme un véritable tsunami intérieur dont les répercussions sont incommensurables. Pourtant cet évènement, si on se fie à la sagesse juive, devrait nous faire dire « Gam zou Letova », autrement dit « Ceci aussi est pour le bien ».

Et en effet, cette tragédie a permis de lever le voile non seulement sur l’objectif réel du Hamas et sur la fragilité des alliances internationales, mais aussi sur l’antisémitisme des organisations internationales.

Les Juifs découvrent que toutes ces organisations internationales (ONU, HCR, CPI, CIJ, UNRWA), censées lutter contre la haine et œuvrer pour le maintien de la paix dans le monde et la protection des droits de l’homme, sont en réalité politisées et contaminées au plus haut point par ce mal qui répand la terreur : l’antisémitisme ou antisionisme ou antijudaïsme. Qu’importe le nom qu’on lui donne, sa signification reste la même : refuser à Israël le droit d’exister. Point barre.

L’ONU : Israël coupable ! 

De toute évidence, Israël est traité par toutes ces organisations différemment de toutes les autres nations. Sans doute existe-t-il un agenda à part pour traiter les problèmes d’Israël et dont la règle peut se résumer en 2 mots : Israël coupable !

1. L’Assemblée générale des Nations Unies (AGNU) 

Les Résolutions

Le rôle de l’ONU, on le sait depuis la création de l’État, consiste essentiellement à voter des résolutions contre Israël. Et elle ne s’en prive pas ! Comment ne pas être frappé par la sur-représentation des résolutions contre Israël et dont le but est de nier son droit à l’existence ?

Entre 1948 et 2024, l’Assemblée a pris 250 résolutions contre Israël, mais 26 seulement contre l’Iran entre 1946 et 2024. Une compilation des résolutions permet de constater que, certaines années, près de 50% des résolutions sont prises contre Israël : à titre d’exemples : 1967 : 7 sur un total de 12 ; 1968 : 8 sur un total de 17 ; 1982 : 13 sur un total de 28[1].

En revanche, l’AGNU a non seulement donné carte blanche à l’Amérique et à la France dans leur guerre contre le terrorisme, mais elle leur a apporté son soutien en votant un nombre incroyable de résolutions contre le terrorisme. Mais ces lois votées ne s’appliquent qu’à Daech (EI) et non à son frère jumeau le Hamas, que l’ONU se refuse à considérer comme une organisation terroriste, même si elle l’est aux yeux des États-Unis et des pays occidentaux .

Relations de l’AGNU avec Israël

À la lumière de ces chiffres, il va sans dire que les relations ONU-Israël sont pour le moins tendues. Certes, elles l’ont toujours été, mais avec la guerre déclenchée par le Hamas, on n’est pas loin d’un point de rupture.

Bien sûr, on nous dira qu’Israël ne respecte jamais les Résolutions. Et c’est vrai ! Comment pourrait-il en être autrement quand l’État juif constate la disproportion des résolutions par rapport à des États qui enfreignent les droits de l’homme et emprisonnent ceux qui ont le malheur de s’opposer ? Comment ne pas en conclure que l’AGNU fait preuve d’antisémitisme ?

Si autrefois l’ONU réussissait à cacher tant bien que mal son antisémitisme, ce n’est plus le cas aujourd’hui. Son Secrétaire général, Antonio Guterres, ne réussit pas à dissimuler sa haine des Juifs et son anti-israélisme quand, par exemple, devant la presse, il tente de justifier, pour ne pas dire d’excuser, la terreur du 7 octobre : « Les attaques du Hamas ne se sont pas produites dans le vide. Le peuple palestinien a été soumis à 56 ans d’occupation étouffante », a-t-il déclaré. Et il est secondé dans cette « tâche » par la nommée Francesca Albanese, rapporteuse indépendante spéciale de l’ONU, qui éprouve une haine absolument viscérale pour l’État juif. Contrairement à Guterres, elle ne craint même pas de l’affirmer ouvertement. Sans doute est-ce la raison pour laquelle Danny Danon, nouvel ambassadeur d’Israël à l’ONU, a dit d’elle qu’elle est une « des personnalités les plus antisémites de l’Histoire moderne ».

Et cet antisémitisme de l’ONU a un impact considérable sur la perception mondiale de l’État juif. Avec ses multiples condamnations, l’ONU a contribué à donner d’Israël l’image d’un État-voyou, et surtout à faire oublier à la communauté internationale le pogrom à visée génocidaire du 7 octobre. Ce faisant, l’agressé – en l’occurrence Israël – devient l’agresseur. Tout nous porte à croire que c’était précisément son but.

Gam zou Letova ? 

Certes, depuis 1948, Israël a eu à maintes reprises l’occasion de constater que l’ONU s’est donné pour mission l’éradication de l’État juif. Mais cette guerre est fort différente des guerres précédentes : elle a pour effet de libérer la parole si bien qu’on assiste à des réactions d’Israël comme on n’en avait jamais vu auparavant.

Le choc du 7 octobre a été tel que les réactions de l’État juif en ont certainement surpris plus d’un.

Israël n’est plus, comme par le passé, disposé à se plier aux demandes de cessez-le-feu de la communauté internationale. Israël a fait de la protection de son peuple sa priorité, et ce en dépit de la désapprobation quasi générale de la plupart des dirigeants de ce monde.

De la parole aux actes

Non seulement Israël va répondre avec des mots parfois très durs aux attaques antisémites d’où qu’elles viennent, mais il va aussi passer de la parole aux actes : Gam zou Létova !

Ainsi, en août dernier, face à cet antisémitisme qui a gagné la planète, l’ambassadeur d’Israël à l’ONU, Gilad Erdan, n’a pas mâché ses mots pour décrire l’ONU : « Dans cet endroit pervers, j’espère qu’un jour vous verrez aussi la partialité et la perversion de la morale ici, et je prie pour que vous voyiez la vérité ».

Et peu de temps après, le 1er octobre, comme il a jugé insuffisante la réaction du Secrétaire général à l’attaque iranienne contre l’État juif, Israël déclare le Secrétaire général de l’ONU persona non grata, une mesure qui lui interdit l’entrée sur le territoire israélien. Une décision scandaleuse aux yeux de la communauté internationale, à commencer par la France.

Sans l’ONU, Israël n’existerait pas ? 

Comme il fallait s’y attendre, certains pays ont été choqués par la décision d’Israël, à commencer par le président français qui, dans une déclaration malheureuse et irréfléchie, a laissé entendre qu’Israël doit son existence à l’ONU : « Monsieur Netanyahu ne doit pas oublier que son pays a été créé par une décision de l’ONU », a-t-il dit.

Ce qui lui a valu les foudres du gouvernement israélien dans un communiqué choc : « Ce n’est pas la décision de l’ONU qui a permis la création de l’État d’Israël, mais la victoire pendant la guerre d’indépendance acquise au prix du sang de valeureux combattants qui étaient pour beaucoup des rescapés de la Shoah, y compris du régime de Vichy en France ».

Peut-être eût-il été bon de conseiller au Président français de lire l’Histoire d’Israël pour qu’il y découvre une preuve intangible du lien qui unit le Peuple juif à la Terre d’Israël. Peut-être eût-il été bon également de lui rappeler que c’est en réalité à David Ben Gourion qu’Israël doit son existence en tant qu’État : le 14 mai 1948, il a eu le courage de proclamer la Déclaration d’indépendance, ce qui a obligé l’ONU à admettre Israël en tant que membre à part entière au sein de cette organisation.

Cet antisémitisme ne se limite pas, hélas, à l’Assemblée générale de l’ONU, mais il règne en maître dans toutes les organisations qui lui sont affiliées.

2. L’UNRWA

L’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient a beaucoup fait parler de lui cette année. Israël va accuser l’agence onusienne pour les réfugiés palestiniens d’avoir des accointances avec le Hamas étant donné qu’une douzaine de ses membres sont impliqués dans les attaques du 7 octobre.

Gam zou Letova ? 

Et disons que « ceci aussi est pour le bien » : Israël a ainsi prouvé à la communauté internationale que, comme l’a affirmé Danny Danon, le représentant permanent d’Israël auprès des Nations Unies, « L’UNRWA a failli à sa mission, elle a été infiltrée par le Hamas et n’est plus apte à fonctionner comme agence humanitaire ».

Sans l’horreur du 7 octobre, qui aurait pu accuser cette organisation de compter parmi ses membres des assassins de la pire espèce qui ont participé au massacre du 7 octobre ? Quant aux autres, comment ne pas les soupçonner d’y avoir participé, sinon activement, tout au moins silencieusement ?

De la parole aux actes

Et Israël, encore une fois, va passer de la parole aux actes. Danny Danon va annoncer que « cette organisation qui abrite en son sein des terroristes ayant participé au massacre du 7 octobre ne pourra jamais plus exercer la moindre activité dans l’État juif ». La loi a été adoptée le 28 octobre par une majorité écrasante de 92 voix contre 10.

Comme il fallait s’y attendre, il s’en est suivi un véritable tollé international. D’ailleurs, avant même son adoption, les États-Unis, l’ONU et les grandes capitales européennes avaient exercé des pressions sur Israël pour qu’il bloque le projet de loi. « Il n’y a pas d’alternative à l’UNRWA », avait martelé Antonio Guterres. En vain !

Avant même son adoption, les ministres des Affaires étrangères de plusieurs pays (Canada, Allemagne, Australie, France, Japon, République de Corée et Royaume-Uni) y sont allés d’une déclaration enjoignant Israël à renoncer à son projet de loi.

Qu’importe ! Israël reste insensible à toutes les déclarations de l’ONU et des dirigeants de la planète. Et le lundi 4 novembre, Israël interdit officiellement la présence de l’agence onusienne en Israël. La communauté internationale découvre maintenant que l’Israël d’aujourd’hui a rompu avec l’Israël qu’elle connait : l’État juif ne se soucie plus des réactions internationales.

3. Le CDH

Au sein de l’ONU, le Conseil des droits de l’Homme (CDH) a pour mission de promouvoir et protéger les droits de l’Homme dans le monde. Or, de toute évidence, comme l’Assemblée générale des Nations-Unies, le CDH est payé pour défendre les droits des Palestiniens. Ce n’est pas pour rien qu’Israël l’a baptisé le « Conseil des droits des terroristes ».

Depuis 2007, dans le « Guide pratique »[2], un paragraphe, l’item 7, a été ajouté : il ne concerne que l’État juif, et exige du Conseil qu’à chaque session, un point permanent soit consacré à « la situation des droits de l’homme en Palestine et dans les autres territoires arabes occupés ». Et donc, chaque session du CDH s’achève par une condamnation d’Israël .

Aucun autre pays ne « jouit » de ce traitement spécial. Il faut dire que, trop occupé à surveiller la violation des droits des Palestiniens, le Conseil n’a pas le temps de se pencher sur les condamnation à mort dans les autres pays . À moins qu’il n’ignore, par exemple, que 160 personnes ont été pendues en Iran juste pendant le mois d’octobre 2024.

Et on nous dira que le CDH est impartial ! Le père de la Déclaration des droits de l’homme, René Cassin, doit se retourner dans sa tombe !

4. La CIJ

La Cour de justice internationale, basée à La Haye, est l’organe judiciaire de l’ONU. Contrairement aux décisions de l’AGNU, celles de la CIJ sont « contraignantes ». Les dirigeants de cette Cour ont sans doute bu du petit lait quand l’Afrique du Sud a déposé une plainte contre Israël pour génocide. Il y a quelques jours, la plainte a été reçue avec la remise des preuves par le plaignant.

Mais pour éviter d’être accusée de partialité, la CIJ, basée à La Haye, réclame la « libération immédiate et inconditionnelle » des otages retenus à Gaza.

L’ONU s’est empressée de rappeler que les décisions de la CIJ sont « contraignantes » et qu’elles doivent être « dûment »respectées.

Et pourtant ! Pourtant, Israël n’a pas tenu compte de ses mises en garde et Tsahal est entré à Rafah, violant ainsi l’interdiction de la CIJ.

La CPI

La CPI ou Cour pénale internationale ne fait pas partie de l’ONU. Toutefois la Résolution 58/318 régit depuis 2004 les relations entre ces deux organismes. Son président, Karim Khan, est habité par une telle haine des Juifs qu’il met sur le même plan le Hamas et le gouvernement israélien et lance des mandats d’arrêt contre le Premier ministre d’Israël, B. Netanyahu et contre son ex-ministre de la Défense, Y. Gallant.

Gam zou Letova ? Sans doute pourrons-nous le dire bientôt. Déjà, nous pouvons nous « réjouir » car il fait face à des accusations de harcèlement sexuel. Et ce n’est pas tout : non seulement les États-Unis rejettent les accusations de la CPI, mais Alan Dershowitz constitue une équipe d’avocats pour déposer une plainte contre cette organisation.

Conclusion

« Gam zou Letova » nous enseigne qu’il est possible de transformer la douleur et la destruction en opportunités de croissance. Si le peuple juif a survécu à des siècles d’adversité, c’est précisément parce qu’il a su tirer des leçons de ses épreuves, sans jamais renoncer à son espoir d’un avenir meilleur. Et cette guerre ne fera pas exception. Au contraire !

Le pogrom du 7 octobre lui a révélé, dans une souffrance collective inqualifiable, les véritables intentions de ses ennemis.

Cette fois, l’État juif réalise que la voie diplomatique, prônée par la communauté internationale et chapeautée par l’ONU, ne mène qu’au désastre.

Cette fois, c’en est désormais fini du statu quo ante auquel il était contraint de revenir infailliblement après chaque guerre imposée par ses ennemis.

Cette fois, il reste sourd aux critiques, aux menaces et aux jugements de la communauté internationale pour une raison et une seule : c’est son existence qui est en jeu.

Désormais, le pays est pleinement conscient des dangers et peut se préparer pour éviter à l’avenir des tragédies similaires. De ce terrible événement, Israël ne peut en ressortir que plus fort. Non seulement en termes de solidarité sociale et de prise de conscience collective, mais aussi en termes de préparation militaire. Car ces épreuves ont obligé l’État hébreu d’une part à réaffirmer haut et fort son engagement à protéger son peuple et à récupérer les otages, et d’autre part à réfléchir à de nouvelles stratégies de défense.

[1] https://main.un.org/securitycouncil/fr/content/resolutions 

[2] Le Conseil des droits de l’Homme : Guide pratique

à propos de l'auteur
Dora a été professeur de français pendant 30 ans au Collège français de Montréal. Elle a été chroniqueuse pour Radio-Shalom Montreal, puis pour Europe-Israël.
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