Israël a ouvert les yeux : gam zou létova (1/2)

Quand on enferme la vérité sous terre, elle s’y amasse, elle y prend une force telle d’explosion, que, le jour où elle éclate, elle fait tout sauter avec elle.
Émile Zola « J’accuse » !
Le 7 octobre 2023 est une date qui restera gravée à tout jamais dans la mémoire collective israélienne, marquant un tournant décisif dans l’histoire contemporaine du pays. Ce jour-là, Israël a été frappé par un pogrom d’une rare cruauté, un acte de barbarie qui, par son ampleur et sa cruauté, a choqué le monde entier pendant environ 48 heures, pas plus ! Israël s’est vue de nouveau contrainte d’entrer en guerre, dans un premier temps contre le Hamas, puis contre les Houthis, le Hezbollah, l’Irak, la Syrie et l’Iran.
Cependant, au milieu de cette tragédie, je suis de ceux et celles qui commencent, à la suite des victoires de Tsahal, mais aussi à la suite des découvertes des préparatifs de ses ennemis, à envisager sous un jour plus positif le dénouement de cette guerre, à discerner une forme de « bien » qui en est ressortie, suivant la sagesse hébraïque qui proclame « Gam Zou Létova », que « Ceci aussi est pour le bien ».
Quels aspects positifs ? me direz-vous.
Israël a ouvert les yeux, Israël a perdu ses illusions
La terreur du 7 octobre a donné lieu à une série de prises de conscience qui ont eu pour effet de sortir les Juifs de leur aveuglement, de leur ouvrir les yeux sur une réalité qu’ils avaient choisi d’ignorer, à savoir l’objectif que s’étaient fixé leurs voisins immédiats : l’éradication du peuple juif et de l’État juif.
La terreur du 7 octobre leur a permis, dans une souffrance indicible, de réaliser :
- que le Hamas les a dupés ;
- qu’ils n’ont pas d’alliés véritables en cas de guerre, exception faite, peut-être, de l’Amérique ;
- que l’antisémitisme a pris des dimensions planétaires ;
- et que la paix est impossible et que la création d’un État palestinien est à renvoyer aux calendes grecques.
Gam Zou Letova ! « Tout ceci est pour le bien d’Israël » !
Comme toutes les tragédies que le peuple juif a eu à vivre, celle du 7 octobre va marquer un retour à la résilience et sa détermination à survivre. À travers l’adversité, avec la perte de leurs illusions, les Israéliens vont tirer des leçons, corriger des erreurs, formuler des théories pour expliquer, prédire et comprendre les phénomènes. Ils vont mieux appréhender la réalité, ils vont l’assumer au lieu de vivre dans le déni.
Toutes ces prises de conscience auront pour effet premièrement de modifier radicalement ce que les Allemands appellent la « Weltanschaung », c’est-à-dire leur vision du monde et leur façon d’être au monde ; deuxièmement, sans ce pogrom du 7 octobre, les conséquences à plus ou moins longue échéance auraient été apocalyptiques : leurs ennemis auraient eu davantage de temps d’une part pour perfectionner leur armement, et d’autre part pour obtenir le soutien du Hezbollah et de l’Iran dans la mise en œuvre de ce qu’ils considéraient comme leur « Grand Projet ».
1.Prise de conscience de la duperie
Avant le 7 octobre
Israël aurait dû tirer des leçons des attaques précédentes, ce qu’il n’a pas fait. Il n’a pas cherché à découvrir les vraies raisons pour lesquelles le Hamas avait fait preuve de retenue lors des évènements d’août 2015 et avait abandonné le Jihad islamique à son sort. Au lieu de trouver ce comportement suspect et, par conséquent, de ne pas accorder foi aux raisons invoquées par le Hamas pour justifier sa non-participation, Israël en a conclu trop vite qu’avec l’amélioration du niveau de vie des Gazaouis, le Hamas était satisfait et donc qu’il ne présentait plus aucun danger pour l’État juif.
Israël n’a pas compris, hélas, que le Hamas tentait de le berner, pas même quand celui-ci, pour le convaincre de sa bonne foi et de son souhait de paix, a fait pression sur le Jihad pour qu’il dépose les armes. En réalité, si le Hamas s’était tenu à l’écart du Jihad, c’est essentiellement parce qu’il était guidé par sa vision à long terme et qu’il n’était pas encore prêt pour la guerre génocidaire qu’il envisageait. Et pendant que leurs ennemis conspiraient pour porter un coup fatal à la nation juive, les Israéliens espéraient des ouvertures de paix, et œuvraient pour une entente entre les deux peuples.
Avec le 7 octobre
Les citoyens israéliens ont dû faire face à une réalité glaçante. Ce jour-là, la vérité leur a littéralement explosé au visage avec une force inimaginable.
Ce jour-là, confrontés à une violence extrême, organisée et planifiée, ils découvrent hébétés, horrifiés, la haine viscérale que nourrissent contre eux leurs voisins géographiques.
Ce jour-là, ils constatent que les Palestiniens ne se contentaient pas de les menacer à distance, qu’ils avaient des plans concrets pour attaquer, violer, décapiter, tuer et capturer le plus grand nombre possible de Juifs.
Et il leur faut alors admettre qu’ils viennent d’assister à une tentative génocidaire dont le but est l’éradication du peuple juif et de l’État juif.
Ils réalisent alors qu’ils ont été dupés par le Hamas qui leur a fait croire qu’ils n’avaient rien à craindre de lui.
La gauche israélienne, dont font partie de nombreux habitants des kibboutzim, a été profondément ébranlée, comme tous les Juifs du monde. Mais ce fut encore plus douloureux pour elle qui réalise alors qu’elle s’était fait des illusions sur les habitants de Gaza dont elle aidait à améliorer le niveau de vie et auxquels elle portait secours en toute circonstance. Pendant des décennies, elle les a défendus corps et âme. Et ils l’ont trompée ! Et ils l’ont trompée ! Difficile à accepter !
Gam Zou Letova ! (Ceci aussi est pour le bien)
Finalement, force est de reconnaître que, somme toute, le 7 octobre a eu, malgré l’horreur, un effet bénéfique : il a permis à Israël d’ouvrir les yeux sur l’ampleur des menaces réelles qui pesaient, et qui pèsent toujours, sur ses citoyens, mettant en lumière la fragilité de ses frontières et de sa sécurité intérieure.
Israël retiendra de cette journée tragique que l’ennemi ne dort pas, qu’il ne vit que pour réaliser l’objectif fixé par l’ « Axe de la résistance » : éradiquer et l’État juif et le peuple juif.
Et surtout, avec le 7 octobre, les Israéliens ont eu un avant-goût de ce que représenterait un État palestinien qui jouxterait l’État juif.
2. Prise de conscience de la fragilité des alliances internationales
Immédiatement après le 7 octobre, beaucoup de chefs d’État européens sont venus assurer les Juifs de leur soutien. Et le 24 octobre, Emmanuel Macron, sous le coup de l’émotion au vu des horreurs commises par les membres du Hamas, a même suggéré d’organiser une coalition sur le modèle de celle qui a combattu Daech.
Or l’empathie du monde, celle des chefs d’État comme celle des populations, fut de très courte durée. Aussitôt que les Juifs ont décidé de se prévaloir de leur Droit à l’autodéfense, le comportement de ses « alliés » changea.
En moins de temps qu’il n’en faut pour le dire, Israël subit une véritable agression verbale, sans doute la plus douloureuse qu’il ait jamais eu à vivre. Les pires jugements sont portés sur cette guerre (guerre coloniale, guerre génocidaire, etc…), on use et abuse de termes aux connotations négatives, et Israël est même accusé, par certains pays, de génocide contre le peuple palestinien.
Face à la solitude presque absolue à laquelle il est condamné, aux menaces constantes de l’Iran et de ses proxys – le Hamas, le Hezbollah, les Houthis, l’Irak, la Syrie – Israël et tous les Juifs à travers le monde ne peuvent éprouver qu’un terrible sentiment de frustration, de fureur, de désarroi et d’indignation.
Bien sûr, ce phénomène n’est pas nouveau, il se répète lors de chaque guerre : depuis 1948, le peuple juif ne jouit du soutien de ses alliés que lorsqu’il est attaqué et que son existence même est en danger. Mais aussitôt qu’il reprend le dessus, il passe du statut d’agressé à celui d’agresseur. Et c’est le cas dans la guerre actuelle déclenchée par le Hamas.
Déçu par le comportement de ses « alliés », le Président d’Israël a déclaré à son homologue français, qui a appelé à un embargo sur les armes à destination de l’État juif, que « les amis n’appellent pas à un embargo ; ils aident dans les moments difficiles ». Et, au Premier ministre britannique, il a rappelé qu’Israël soutient ses alliés et qu’il attend leur soutien : « Malgré nos excellentes relations, nous attendons de nos amis qu’ils nous soutiennent comme nous les soutenons ». Comme l’avait fait le Premier ministre, il a rappelé à la communauté internationale que le combat d’Israël contre les terroristes concerne « le monde entier ». Quant à Benjamin Netanyahou, il « attend de ses amis qu’ils se tiennent derrière lui et n’imposent pas de restrictions qui ne feraient que renforcer l’axe du mal iranien ».
Mais la communauté internationale reste imperturbable : elle veut et exige un cessez-le-feu. Et le pays se trouve contraint de justifier ses actions d’auto-défense alors même que cette guerre est, encore une fois, une guerre pour sa survie, ce que ses alliés feignent d’ignorer.
Faites ce que je vous dis, ne faites pas ce que je fais !
C’est en réalité le message qu’adresse la communauté internationale à Israël.
De l’importance d’une coalition
Comment ne pas se rappeler la « Guerre contre le terrorisme » ou « Guerre contre Al-Qaïda », lancée par Georges Bush avec l’appui non seulement de l’OTAN, mais aussi celui du Conseil de sécurité de l’ONU qui a voté une Résolution en faveur de cette guerre ?
Comment ne pas se rappeler également la coalition internationale, sous l’égide des États-Unis, dans le but d’anéantir Daech/EI? De nombreux pays européens y ont participé, ainsi qu’un certain nombre d’États arabes : l’Arabie saoudite, la Jordanie, le Qatar, Bahreïn et les Émirats arabes unis.
En revanche, quand le président français, Emmanuel Macron a suggéré au lendemain du 7 octobre d’organiser une coalition pour aider Israël à vaincre le Hamas, aucun État « allié » n’a proposé sa collaboration.
Pourtant, la formation de coalitions, que ce soit celle pour combattre Al-Qaïda ou Daech, a montré ce que la communauté internationale peut accomplir lorsqu’elle s’unit. Alors pourquoi cette unité fait-elle défaut lorsqu’il s’agit de combattre le Hamas qui s’est juré d’éradiquer l’État juif et le peuple juif ? Les attaques terroristes du Hamas sont toutes aussi meurtrières et destructrices que celles des autres groupes terroristes. Ignorer cette menace et laisser Israël lutter seul envoie un message dangereux.
Difficile de nier l’importance d’une coalition dans une guerre. Alors, pour justifier leur refus, les pays occidentaux ont laissé entendre qu’on ne peut pas comparer le Hamas à Daech car le premier justifie ses actes par la « Résistance à l’occupation ». Admettons ! Mais alors, quelles étaient les raisons pour lesquelles Daech/EI a commis des attentats en Europe et en Amérique ? Poser la question, c’est y répondre. Exactement les mêmes que celles du Hamas : Le Djihad.
Ensuite, face à la détermination d’Israël de poursuivre son objectif, ils se sont écriés, tous en chœur, qu’Israël se leurre, qu’on ne détruit pas une idéologie. Pourtant, n’était-ce pas dans le but avoué de détruire Daech, donc une idéologie, que cette coalition a été organisée ?
La guerre a assez duré ! Cessez-le-feu !
Encore une fois, souvenons-nous : la coalition contre Daech a commencé en août 2014 et a pris fin le 27 septembre 2024 sans qu’aucun État, durant cette décennie, n’ait jugé bon de mettre un terme à cette guerre ou n’ait déclaré qu’elle n’avait que trop duré.
En revanche, s’agissant d’Israël, non seulement la suggestion de Macron est restée lettre morte, aucun État ne partageant son point de vue, mais dès les premiers bombardements de Tsahal sur Gaza, les appels au cessez-le-feu jaillissaient de partout : « Le bain de sang à Gaza doit cesser immédiatement », avait déclaré la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen. Et le 16 octobre, soit 9 jours seulement après cette tragédie, l’équivalent du 11 septembre, le Conseil de sécurité de l’ONU, à la demande de la Russie, lançait un appel à une résolution pour l’arrêt des combats. Des combats qui n’avaient même pas commencé !
Le président Biden lui-même ne tarda pas à juger que la guerre avait « assez duré », et il exhorta à maintes reprises Israël d’y mettre un terme sous peine de sanctions. Et pendant toute cette année de guerre, les appels au cessez-le-feu vont être quasi-quotidiens de la part des puissances occidentales.
Pourtant, durant 2 ans de guerre en Ukraine, à aucun moment le président Biden et les puissances européennes n’ont appelé à un cessez-le-feu. Qui plus est, ils ont encouragé régulièrement l’Ukraine à poursuivre le combat et ont répondu sans conditions à toutes ses demandes d’assistance.
Et les États arabes ?
Aucune réaction des Occidentaux ni même de l’Amérique face au silence assourdissant des États arabes et à leur refus d’ouvrir leurs frontières pour offrir l’asile à leurs frères de Gaza. Ils ont brillé par leur silence, c’est le moins qu’on puisse dire. Ils craignent les organisations terroristes comme la peste et le statu quo qui prévalait jusque-là leur convient à merveille.
Une « coalition » contre le droit à l’auto-défense ?
Les Occidentaux ne cessent de répéter qu’ils reconnaissent le droit d’Israël à se défendre. Comment pourrait-il en être autrement puisque ce droit est accordé à tout État qui subit sur son territoire une agression armée. Ce n’est donc pas un privilège qu’on accorde à l’État hébreu !
Mais comment peut-il se défendre quand le 27 octobre 2023, le jour même où Tsahal est entré dans Gaza, une résolution est adoptée par le Conseil de sécurité de l’ONU pour exiger « une trêve humanitaire immédiate, durable et soutenue, menant à la cessation des hostilités ». La résolution, « Protection des civils et respect des obligations juridiques et humanitaires »[1] a été adoptée par 120 voix pour, 14 contre et 45 abstentions.
À partir de ce jour-là, la communauté internationale a organisé en quelque sorte une véritable « coalition » à laquelle se sont joints les États arabes, en particulier l’Égypte et la Jordanie, pour exiger, presque quotidiennement, un cessez-le-feu, remettant donc en question le Droit à l’auto-défense dont Israël a osé se prévaloir ! Tous ces pays partagent le même but : se protéger et protéger leurs populations du terrorisme international. Et laisser les terroristes à Gaza.
C’est à croire que pour calmer ces organisations terroristes qui créent déjà des problèmes dans les pays européens, la communauté internationale n’hésite pas à leur offrir Israël en sacrifice.
Encore une fois disons, Gam zou Letova (Ceci aussi est pour le bien)
Aujourd’hui, plus que jamais, on ne peut que se dire : « Heureusement qu’Israël a ignoré toutes les mises en garde de la communauté internationale ! ». Et le 17 octobre, Tsahal a ajouté à la longue liste des personnalités terroristes dont il a débarrassé la planète, le nom de Yahya Sinwar, le monstre à l’origine des évènements du 7 octobre. Il a été tué à Rafah, précisément à l’endroit où le président Biden avait menacé Israël de sanctions s’il y entrait.
Israël a maintenant pris conscience qu’il est seul, abandonné de tous, qu’il doit aller à l’encontre des exigences de la communauté internationale, et poursuivre cette guerre qui, comme toutes les guerres précédentes, lui est imposée par les ennemis de l’État juif et du peuple juif.