Israël à 75 ans : Indépendance réalisée et défis pressants

Drapeau israélien lors du passage d'une équipe de voltige de l'armée de l'air au-dessus du centre médical Hillel Yaffe,  le jour de l'indépendance d'Israël, dans la ville de Hadera, au nord d'Israël, Israël, mercredi 29 avril 2020. (AP Photo/Ariel Schalit)
Drapeau israélien lors du passage d'une équipe de voltige de l'armée de l'air au-dessus du centre médical Hillel Yaffe, le jour de l'indépendance d'Israël, dans la ville de Hadera, au nord d'Israël, Israël, mercredi 29 avril 2020. (AP Photo/Ariel Schalit)

Il y a 75 ans ces jours-ci, un groupe d’hommes soupesaient une décision monumentale : déclarer ou pas l’indépendance d’un État juif dans les terres ancestrales du peuple juif.

La tension était à son comble. Le poids de l’Histoire était sur leurs épaules.

Remettons-nous dans le contexte. Nous sommes trois ans à peine après la fin de l’Holocauste, pendant laquelle les Nazis et leurs collaborateurs avaient tout mis en œuvre pour éradiquer la nation juive. Plus de six millions de femmes, d’enfants et d’hommes avaient été poursuivis, persécutés, torturés, assassinés, abattus brûlés, simplement parce qu’ils étaient juifs.

Et maintenant, ces dix hommes avaient à décider de l’avenir d’un peuple meurtri. Le choix n’avait rien d’évident.

Ils pouvaient décider de ne pas déclarer l’indépendance et possiblement laisser passer une chance qui ne s’était pas présentée depuis 2 000 ans et ne se représenterait possiblement jamais. Ou ils pouvaient décider de déclarer l’indépendance et risquer une répétition des atrocités de la Seconde Guerre Mondiale. En effet, les dirigeants arabes ne cachaient pas leurs intentions génocidaires. S’ajoutait à cela l’évaluation des militaires juifs : les chances de succès étaient évaluées à 50%. En d’autres mots, les chances d’être responsables d’une seconde catastrophe étaient élevées.

On serait nerveux à moins.

Le chef de la communauté juive, David Ben Gourion, mis une pression immense sur ses collègues. Il était de ceux qui croyaient que l’Histoire ne donnerait pas une autre chance aux Juifs. Il leur mit sur la tempe ‘le pistolet de l’Histoire’. Et, par un vote de 6-4, il fut décidé de déclarer l’indépendance.

Le vote n’aurait pu être plus serré.

Suite à ce vote, l’Égypte, l’Irak, la Jordanie, le Liban et la Syrie attaquèrent ce nouvellement créé État juif, nommé Israël. Ce fut une guerre sanglante. Les Israéliens perdirent 1% de leur population. Des centaines de milliers d’Arabes furent déplacés – comme le furent d’ailleurs des centaines de milliers de Juifs de pays arabo-musulmans, créant des populations de réfugiés dont le destin influe encore sur la situation.

Israël sortit gagnant de ce conflit. Ironiquement mais tristement, l’attaque des pays arabes prévint la naissance d’un État palestinien, la Cisjordanie étant absorbée par la Jordanie et Gaza par l’Égypte.

Pendant sa première décennie d’existence, la population d’Israël plus que doubla. C’est comme si d’ici 2033, la population du Québec passait de 8 787 554 habitants à 21 090 129 – ou celle de la France de 68 042 591 à 133 363 478 habitants.

Malgré ses succès, notamment économiques, il est facile d’oublier que la création de l’État d’Israël n’avait rien de préordonnée. Nulle part n’était-il écrit que, 75 ans après sa naissance, Israël serait un pays du premier monde, avec un niveau de vie semblable à celui de l’Europe occidentale.

Mais la tâche n’est pas terminée. Les tentatives de délégitimiser le seul État juif de la planète continuent de plus belle, allant jusqu’à l’accuser d’être un État d’apartheid, donc par sa nature même illicite.

Malgré ses traités de paix avec nombre de pays arabes (Égypte, Jordanie, Émirats Arabes Unis, Bahreïn, Maroc, Soudan), la paix n’est pas conclue avec ses voisins immédiats que sont les Palestiniens.

Les divisions au sein même de la société israélienne semblent plus profondes, comme le démontrent les manifestations monstres hebdomadaires contre certaines réformes voulues par le gouvernement de droite de Benjamin Nétanyahou.

Israël, et les communautés juives de la Diaspora, ont de quoi fêter les réalisations du seul État juif, rêve millénaire réalisé il y a aujourd’hui 75 ans. Mais pour les Juifs, s’asseoir sur nos lauriers serait une erreur monumentale. Les tâches restantes à accomplir sont immenses. Et pressantes.

Comme l’affirmait Hillel, ce grand sage du premier siècle: « Si pas maintenant, quand ? »

à propos de l'auteur
Originaire du Québec, Richard est avocat et vice-président des affaires externes du Centre consultatif des relations juives et israéliennes (Canada). Il est également auteur (Récipiendaire du 2012 Helen and Stan Vine Canadian Jewish Book Award) et ex-député fédéral. Ses sujets de prédilection sont le monde juif en général et Israël, d’un point de vue québécois et canadien. Les articles postés sur ce blog reflètent ses opinions personnelles.
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