Ismaïl Haniyeh, acteur de paix au Moyen Orient ?
L’élimination d’Ismaïl Haniyeh, numéro 1 du Hamas, a surpris l’ensemble de la classe politique et médiatique. Présenté comme un modéré, un acteur de paix essentiel à la résolution du conflit israélo-palestinien, les accusations ont tout de suite fusé contre Israël de vouloir provoquer une guerre régionale. Mais qui est-il vraiment ? L’article qui suit a été publié le 4 août sur le site web de Front Populaire.
Les réactions de la presse française à l’élimination d’Ismaïl Haniyeh le mercredi 31 juillet 2024 vers 2h du matin, dans une résidence à Téhéran, sont très surprenantes. Haniyeh, âgé de 61 ans, était le chef du bureau politique du Hamas. Il était impliqué dès la naissance du mouvement en 1987 aux côtés de Cheikh Ahmed Yassine.
Il devient le Premier ministre de l’Autorité palestinienne en 2006, après la victoire du Hamas aux élections à Gaza et les assassinats des membres du Fatah. De 2013 à 2017, il était l’adjoint du chef du bureau politique du Hamas, Khaled Mechaal. Mechaal a démissionné en 2017, après 30 années passées à diriger le Hamas, et c’est Haniyeh qui a été élu pour lui succéder.
Depuis 2019, Haniyeh vivait exilé au Qatar à Doha avec son bureau politique. La semaine du 29 juillet, il était en déplacement à Téhéran pour l’intronisation du nouveau président Iranien, Massoud Pezeshkian. Il a été éliminé dans son appartement, dans un des quartiers les plus sécurisés de la capitale iranienne. Personne n’a revendiqué le tir.
La presse française le présente comme un pragmatique, un artisan de la paix : « Les Palestiniens de Gaza et de Cisjordanie le considèrent comme un dirigeant modéré, beaucoup plus pragmatique que les autres chefs de la partie militaire du mouvement », « Il était réputé pour être un homme calme avec un discours “posé et ouvert” envers les diverses factions, même celles en concurrence de son mouvement » rapporte Libération.
Le Monde le présente comme un « modéré », au « cœur des efforts visant à mettre fin aux hostilités dans la bande de Gaza ».
Même Le Figaro en dresse le même profil : « c’est un politique qui était à la recherche de solutions, ce n’est pas un militaire et il a peu de relations avec la branche armée ».
La presse française est unanime : Israël provoque la guerre au Moyen Orient.
Mais lorsque nous regardons dans le réseau arabe, entre les vidéos partagées sur les réseaux sociaux et le travail titanesque des associations Memri et PalWatch, de référencer et sous-titrer toutes les déclarations du monde arabe, nous en avons un portrait bien différent.
Quelques extraits
« Nous aimons la mort comme les Israéliens aiment la vie » (30 juillet 2014, Al-Aqsa TV),
« Je déclare que nous ne reconnaitrons pas Israël, nous ne laisserons pas un pouce de la terre de Palestine, et la lutte armée est un choix stratégique » (6 septembre 2020, Official PA TV),
« Aujourd’hui, vous avez un rendez-vous avec une grande victoire et un triomphe éblouissant. […] Ô notre peuple, soyez au plus haut niveau de préparation. Cette bataille a commencé, et sera livrée avec du sang et du feu, avec la gloire et des armes. […] Cette terre est la nôtre, Al-Quds est la nôtre, tout [ici] est la nôtre. Vous [Israël] êtes des étrangers dans cette terre pure et bénie. Il n’y a pas de place ou de sécurité pour vous. » (7 octobre 2023, discours rapporté par Al-Jazeera) .
Citons-en une dernière :
Je l’ai déjà dit et je le répète, le sang des femmes, des enfants et des personnes âgées, je ne dis pas que ce sang vous oblige, c’est nous qui avons besoin de ce sang ! Besoin de ce sang pour qu’il réveille en nous l’esprit révolutionnaire, pour qu’il réveille en nous la détermination, pour qu’il réveille en nous l’esprit de défi et qu’il nous pousse à agir. (26 octobre 2023, Al-Jazeera).
Voici l’homme qui est cité en modèle de paix et de diplomatie par la presse française. Ses nombreuses déclarations constantes depuis ces dix dernières années auraient pourtant dû interpeller ces journaux. Acteur de paix ? Ses propos vont surtout pour l’extermination d’Israël.