Insouciance ou Résilience
J’aime ses rues animées, j’aime ses restaurants de jeunes attablés.
J’aime ses terrasses chauffées en hiver et refroidies en été.
J’aime ses tours lumineuses côtoyant les immeubles délabrés et tagués.
J’aime ses souks fleuris, colorés et odorants.
J’aime ses cris de primeurs en mal de clients.
j’aime ses fleuristes du vendredi vendeurs de bonheur de table shabbatique.
J’aime ses pistes cyclables dangereuses à souhait et ses trottinettes débridées .
J’aime ses surfeurs au look californien.
J’aime ses couples homos se promenant librement main dans la main accompagnés de leurs enfants.
J’aime ses plages pour LGBT et ses plages pour religieux au contraire de toutes mes idées « laïcardes » et universalistes.
J’aime ses odeurs particulières de rue qui sentent les années hippies.
J’aime cette Tayelet qui court soir et matin.
J’aime cet Hayarkon qui ruisselle vers la mer et qui verdoie le parc du même nom.
J’aime ses Hassidim le vendredi vous interpellant pour mettre les téfilines et qui vous souhaitent shabbat shalom malgré votre refus.
J’aime ses plages et le soleil couchant dans la rougeur du soir.
J’aime ses bars de plage et ses playlists des années 70.
J’aime Yaffo et ses puces où se cachent les objets du passé.
J’aime ses « mazgans » des magasins refroidissant les trottoirs.
J’aime ses rues défoncées par des travaux interminables pour l’idée d’un tramway.
J’aime ses visages barbus en tongs, la mitrailleuse à l’épaule.
J’aime ses larges avenues vertes de ses arbres centenaires hantés par les chauves souris nocturnes.
J’ai aimé manifester pour la démocratie.
Je n’aime pas du tout revoir semaine après semaine défiler les jours de captivité sur l’écran place des otages.
Je me souviens de la ville lumière d’Haussmann.
Je me souviens des terrasses et des serveurs en livrée noire.
Je me souviens des petits noirs au comptoir.
Je me souviens des kiosques à journaux.
Je me souviens des passages cloutés qu’aucun automobiliste ne respecte.
Je me souviens du Pont Mirabeau là où coule la Seine.
Je me souviens, je me souviens et j’ai oublié le présent de Paris.
J’aime aujourd’hui cette bulle insouciante pour les uns, Sodome pour les autres, résiliente pour les autres.
Cette bulle du printemps a un peu plus de cent ans, elle est désormais notre ville.