Inoubliable Palestine
On nous avait dit de l’oublier, les accords d’Abraham montrant ce que l’on savait depuis longtemps : le principal obstacle à la paix est le refus palestinien de reconnaître la légitimité de l’Etat juif.
Les Emirats arabes unis, Bahreïn, le Maroc et le Soudan franchissaient le pas, et demain l’Arabie saoudite et même le Qatar pourraient le faire à leur tour. Abba Eban l’avait bien dit : « Les Palestiniens ne ratent jamais une occasion de rater une occasion ».
En clair, en s’entêtant à ne pas admettre la présence d’un Etat juif, les Palestiniens étaient seuls responsables de leurs malheurs. Le raisonnement paraissait imparable.
Mais il était faux. La question palestinienne revient dans l’actualité et de la pire façon qui soit, avec des attentats en Cisjordanie et à Jérusalem. Le terrorisme palestinien a changé.
Désormais, après le Hamas et le Jihad islamique, des groupes autonomes (comme la « Fosse aux lions » à Naplouse) et même des individus isolés souvent très jeunes (l’un n’avait que 13 ans) tuent des Juifs, civils et militaires. Dans les prisons israéliennes aussi, la question palestinienne est toujours d’actualité.
La mort d’un militant du Jihad islamique suite à une longue grève de la faim devait provoquer la semaine dernière d’intenses bombardements des localités israéliennes proches de Gaza, et on a cru pendant quelques heures à un risque d’embrasement de toute la région.
Face au terrorisme, Tsahal réplique durement et déjoue de nombreux attentats en arrêtant et tuant des hommes armés, avec parfois des dommages collatéraux : la mort d’innocents qui deviennent autant de « martyrs » dont le sang réclame vengeance. Le cycle provocation-répression dure depuis des décennies et rien ne semble pouvoir arrêter la machine infernale. Car il y a maldonne. Les Palestiniens pensent que la « lutte armée » (le terrorisme) pourra faire reculer l’ennemi.
Les Israéliens sont persuadés que la seule réponse au nationalisme palestinien est l’usage de la force. Grave erreur d’analyse. On ne résout pas un problème politique par des solutions militaires.
Il fut un temps, il y a près de trente ans, où un gouvernement courageux tenta de trouver une solution au conflit avec les accords d’Oslo. Las ! Les extrémistes des deux camps s’entendirent comme larrons en foire pour faire échouer le processus.
Ils y arrivèrent avec des attentats-suicides et l’assassinat d’un Premier ministre qui avait eu le tort de penser que le temps de « la paix des braves » était venu. Ceux qui avaient armé le bras de l’assassin sont aujourd’hui au pouvoir à Jérusalem, et à Ramallah, l’Autorité palestinienne s’enfonce chaque jour un peu plus dans l’impuissance et l’impopularité. Lors de son procès, l’assassin d’Itzhak Rabin, Ygal Amir, arborait souvent un sourire qui étonnait les observateurs.
Aujourd’hui, on comprend mieux son contentement : c’est lui qui a gagné.