Inflation politique

Le dérapage de l’inflation en avril dernier n’est pas vraiment une surprise : le gouvernement israélien finance la guerre par des hausses de prix qui lui permettent d’augmenter ses recettes fiscales sans tailler dans les dépenses inutiles.
Les prix à la consommation en Israël ont augmenté davantage que prévu en avril : +1,1%. Sur les douze derniers mois, l’inflation fait un bond de +3,6%, le taux le plus élevé depuis deux ans.
En réalité, il n’y a aucune justification économique au dérapage des prix relevé en Israël en avril 2025 : le cours des matières premières est en recul alors que le prix de l’énergie dans le monde est à la baisse. Autrement dit, les coûts de production baissent, ce qui aurait dû se traduire par une baisse des prix à la consommation ou, tout au moins, la stabilité des prix.
Coût de la guerre
Appelons les choses par leur nom : l’inflation 2025 en Israël est d’abord politique avant d’être économique. Les hausses de prix pratiquées par les producteurs et distributeurs alimentaires ne justifient plus le dérapage de l’inflation ; en avril dernier, le prix du seul poste de l’alimentation n’a augmenté que de 0,1%, soit dix fois moins que l’indice général (+1,1%).
En ce début 2025, la cause véritable de l’inflation est la recrudescence des combats à Gaza et la poursuite d’une guerre pour l’instant illimitée dans le temps. L’appel de milliers de réservistes nécessaires pour étendre l’offensive de Gaza et le matériel militaire coûteux ont des implications inflationnistes que le consommateur israélien paie de sa poche.
C’est bien l’inflation qui permet au gouvernement de financer la guerre à moindre frais. Pour ne pas tailler dans certaines dépenses inutiles en temps de guerre, le ministre des Finances Bezalel Smotrich préfère relever certaines recettes fiscales qui se traduisent inéluctablement par des hausses de prix : électricité, eau, impôts locaux, TVA, cotisations sociales, etc. ; autant de hausses qui relèvent les coûts de production et se répercutent sur les prix au détail.
En fait, ce sont surtout les prix contrôlés et fixés par l’État qui connaissent une hausse rapide et brutale : en avril, le prix des transports en commun a fait un bond de 33%, ce qui explique la moitié de l’augmentation de l’indice des prix du mois dernier.
Le plus dur à venir
Le consommateur israélien paie aussi les conséquences indirectes de la poursuite de la guerre ; par exemple, l’arrêt des vols des compagnies aériennes étrangères entraîne l’augmentation du prix des transports aériens, ce qui décourage aussi le tourisme étranger.
Non seulement le gouvernement israélien ne fait rien pour lutter contre l’inflation, mais il l’entretient lui-même, un comble. Il nomme des commissions de lutte contre la cherté de la vie qui ne se réunissent jamais, il abandonne les programmes de l’immobilier bon marché et ne lutte pas efficacement contre les monopoles.
Même les décisions prises récemment par le gouvernement et la Knesset pour réduire les coûts d’importation en élargissant les échanges avec les marchés européens (comme la nouvelle réforme des importations « Ce qui est bon pour l’Europe est bon pour Israël ») ne seront pas efficaces tant que la guerre se poursuivra.
Le consommateur israélien doit se rendre à l’évidence : le plus dur est devant lui. La poursuite de la guerre, financée par des hausses de prix décidées par le gouvernement, continuera de tirer l’inflation vers le haut et le pouvoir d’achat vers le bas.