Incidences des sionismes sur la société israélienne (3/4)
Les utopies du sionisme religieux : le sionisme messianique
Un vaste ensemble de citoyens juifs d’Israël a vu son pouvoir politique s’accroître significativement à la suite du processus de droitisation de la société israélienne.
Cet ensemble comprend aussi bien des fondamentalistes religieux regroupés sous l’étiquette de sionistes religieux[1], que des nationalistes partisans d’un élargissement des frontières d’Israël. Ce qui a conduit en 2022 à l’émergence d’une coalition politique majoritaire entre les libéraux de centre droit (Likoud), les partis religieux (Union pour la Torah et Shass), et les partis ultranationalistes (Maison Juive et Unité Nationale).
Ils sont partisans de ce qu’ils estiment devoir être un véritable État juif, ce qui implique tout un ensemble de mesures à venir, parmi lesquelles :
- la restauration d’une royauté de droit divin,
- l’instauration d’un Troisième Temple à Jérusalem sur le Mont du Temple (Esplanade des Mosquées pour le monde musulman),
- la suppression de la liberté de conscience et la restauration d’un Tribunal Rabbinique (Sanhédrin) appliquant la Halakha,
- l’annexion de la majeure partie de la Cisjordanie (Judée et Samarie de la période biblique),
- et enfin, cerise explosive sur le gâteau, la réduction notoire du pouvoir juridique de la Cour Suprême dans le contrôle qu’elle exerce sur l’exécutif et le législatif.
Ils estiment que ces mesures sont des prémisses de l’advenue prochaine du Messie, envoyé de Dieu pour la rédemption du peuple juif. En un mot, les partisans de ce deuxième camp sont en faveur d’un sionisme d’inspiration messianique.
Au-delà de l’utopie, pour ne pas dire la catastrophe selon le romancier israélien Yishaï Sarid[2], qu’illustre la série de mesures que ce camp préconise, il est important de comprendre pourquoi et comment le sionisme religieux, devenu messianique, s’est introduit dans la société israélienne[3].
Le Rav Abraham Isaac Kook (1865-1935) en a été le grand inspirateur. Son approche politico-théologique voyait dans le sionisme politique prôné par Herzl une étape nécessaire dans la vie du peuple juif, qu’il encourageait à émigrer en Palestine, contrairement à l’avis des rabbins de son époque. Mais en même temps, le Rav Kook considérait que l’étape du sionisme politique ne pouvait être que transitoire, et qu’à terme, l’ordre politique devait être subordonné à l’ordre religieux.
Autrement dit, pour le Rav Kook, l’idée nationale d’un État juif ne pouvait atteindre son véritable achèvement, qu’en se soumettant à la loi divine[4]. Après le Rav Kook, un certain nombre de rabbins ont dû mettre un peu d’eau dans leur vin, et plutôt que de condamner ceux qui transgressent la tradition juive, ils ont introduit l’idée que les transgresseurs n’étaient que des victimes de leurs pulsions, de sorte que leur volonté se trouvait annihilée. Dès lors, au lieu de leur imposer des punitions infamantes, il valait mieux les ramener à la pratique religieuse par l’amour, comme cela avait été préconisé par le mouvement Hassidique au XVIIIe siècle[5].
Aujourd’hui, bon nombre de rabbins orthodoxes s’efforcent de comprendre la mouvance laïque, faute de pouvoir la châtier comme ils le voudraient. Mais sur toutes les questions sociétales telles que la liberté de conscience, l’identité juive, l’égalité hommes-femmes, la cacherout dans les lieux publics, les règles pour la conversion et pour l’adoption, la profanation du shabbat, l’obligation pour les étudiants de yeshiva de servir l’armée, et bien d’autres sujets encore, la position doctrinale des sionistes religieux s’oppose totalement à celle des partisans de la démocratie.
Dans un passé plus récent, les revendications des sionistes religieux en Israël se sont appuyées sur les perspectives tracées par le fils d’Abraham Isaac Kook (1865-1935), à savoir le Rav Tsvi Yehouda Kook (1891-1982). Elles utilisent l’argument hégélien des ruses de l’Histoire : « par les ruses de l’Histoire, le plan de Dieu travaille à la rédemption finale » (Krygier, op. ci. p. 429). Autrement dit, l’existence d’impies et autres agnostiques ne serait que le signal de l’advenue prochaine du messie, envoyé de Dieu vers le peuple d’Israël. Ce peuple, ignorant de la vocation d’Israël, serait comme l’âne qui doit servir de monture au messie : il ignore l’importance de sa mission[6] !
Pour résumer, les sionistes religieux cherchent à faire partager leur conviction que le sionisme politique moderne ne perçoit pas ce qu’en réalité il a déjà accompli, à savoir poser les bases préliminaires de l’ère messianique ! La victoire éclair durant la guerre des Six Jours en 1967 a fortement renforcé cette conviction. Selon les sionistes religieux, elle était empreinte du sceau divin, et rendait donc inexorable l’occupation des territoires conquis, car c’était le dessein divin pour parvenir à un Israël de dimension biblique, celui auquel était parvenu le royaume de David[7].
Sur le plan historique, il est intéressant de rapprocher la position des sionistes religieux de celle des zélotes avant la destruction du Second Temple : ils voulaient combattre l’empire romain coupable de vouloir détruire le Temple, œuvre divine, et pour convaincre leurs compatriotes de les suivre, ils ont brûlé les hangars où étaient entreposées les réserves alimentaires, d’où la famine et la défaite face à Rome ! Les Sages, représentés par le Rav Yohanan ben Zakkaï étaient partisans d’une toute autre voie : se rendre aux Romains et construire des centres d’étude de la Torah pour pérenniser le judaïsme. Ainsi, selon le traité talmudique Gittin (56 a), la destruction du Second Temple serait bien plus le résultat d’un nationalisme agressif que d’une faiblesse structurelle des forces juives contre Rome.
La question que l’on ne peut s’empêcher de poser est alors la suivante : l’extension territoriale exigée par l’alliance entre les sionistes religieux et les nationalistes, est-elle justifiée au nom du judaïsme, sachant qu’elle est une source potentielle de conflit guerrier ? Il est permis d’en douter pour au moins deux raisons.
D’abord, comme on vient de le rappeler à propos du Second Temple, la guerre ne constitue pas un objectif en soi. L’extension territoriale revendiquée par les sionistes religieux et leurs acolytes ne se fait pas au nom de la sécurité, ce qui pourrait constituer un motif légitime, mais uniquement pour une raison idéologique, à savoir la conquête de la terre sainte au nom de Dieu[8] !
Une deuxième raison se trouve dans l’anathème que Jacob a réservé à ses deux fils Siméon et Lévi, qui se sont révoltés en tuant toute la communauté à laquelle appartenaient les ravisseurs de leur sœur Dina (Genèse 49,5-7) :
Digne couple de frères : leurs armes sont des instruments de violence. Ne t’associe point à leurs desseins, ô mon âme ! Mon honneur, ne sois pas complice de leur alliance ! Car, dans leur colère, ils ont immolé des hommes… Maudite soit leur colère, car elle fut malfaisante, et leur indignation car elle a été funeste. Je veux les séparer de Jacob, les disperser en Israël.
Sous la double impulsion des activistes du Gush Emounim (Bloc de la Foi) d’une part, et des doctrines professées par le Rav Tsvi Yehouda Kook d’autre part, la Cisjordanie (désormais Judée-Samarie) devenait une terre que l’État d’Israël se devait de s’approprier. L’essence du sionisme messianique se trouve ainsi marquée par la juxtaposition des deux impératifs, la Halakha et la Terre ! Car, selon le sionisme messianique, peuple et terre se superposent, la sacralité de la terre étant solidaire d’une conception purement religieuse, donc ethnique du peuple juif, selon la Halakha. Les conséquences dramatiques de cette juxtaposition sont visibles dans la situation actuelle.
Le rejet de l’État-Nation : le néga-sionisme diasporique
L’antisionisme déferle aujourd’hui de par le monde, y compris en Israël. Ne serait-il que la version contemporaine d’un antisémitisme séculaire ? C’est vraisemblable, mais l’explication reste un peu courte, ne serait-ce que parce que le rejet du sionisme comme retour à Sion, gagne jusqu’à des penseurs juifs de premier plan, que personne ne soupçonne d’être antisémites.
Les positions de deux de ces penseurs, respectivement Daniel Boyarin et Jacob Plitman, doivent être examinées.
Pour Daniel Boyarin[9], professeur américain d’histoire des religions et spécialiste du Talmud et du judaïsme antique, être juif signifie être porteur d’un universalisme éthique incompatible avec l’existence d’un État-Nation, car ce dernier suppose une juxtaposition de trois éléments distincts, à savoir un groupe homogène d’humains, un territoire, et un appareil de domination. Une fois réunis, ces trois éléments impliquent nécessairement l’oppression et la guerre.
Or l’oppression serait contraire, selon Boyarin, à la conscience du collectif que forment les Juifs, notamment l’interdiction d’assumer une emprise coercitive sur autrui, comme par exemple sur les habitants des territoires conquis. Boyarin reconnaît que les Juifs forment une nation, mais pas au sens traditionnel du terme. Pour Boyarin, les Juifs forment une Nation diasporique, au sens où, comme le dit Dany Trom (op. ci.), elle aurait pour vocation :
d’être dispersée parmi les nations étrangères, et dans chacun des lieux de sa dispersion, un fragment d’Israël déploierait son existence et s’inventerait en une entité duale, avec sa double culture, son multilinguisme, sa langue juive spécifique, sa tournure de pensée et du parler, sa solidarité avec la nation juive dans sa totalité, et avec la population locale dont elle épouserait les causes justes.
Au fond, cela implique que les Juifs d’une Nation diasporique resteraient des Juifs de l’exil, sans aucune autonomie nationale, ce à quoi Herzl a voulu précisément mettre fin, en recourant à l’audacieux projet du retour à Sion, seul capable de mettre fin aux persécutions des Juifs. Dès lors, la critique que l’on peut adresser à Boyarin est aisée : pourquoi les Juifs d’une Nation diasporique seraient-ils mieux traités que ne le furent les Juifs de l’exil passé ?
Certes, l’antisionisme perdrait sa raison d’être, puisque les Juifs ne seraient plus rassemblés en un même lieu, mais rien ne prouve pour autant que l’antisémitisme disparaisse également. Ne se situant pas dans une perspective historique réaliste, mais plutôt dans le cadre d’un idéalisme américain de bon aloi, Boyarin ne répond pas à cette critique, ce qui ne manque pas d’affaiblir considérablement son approche. C’est ce que reproche Dany Trom (op. ci.) à Boyarin.
Il estime que l’auteur procède à une reformulation spécifiquement américaine, qui ne trouve son sens que dans le contexte multiculturaliste de la vie des Juifs aux États-Unis. La notion de Nation diasporique s’emboite parfaitement dans le monde horizontal des États-Unis d’Amérique, qui inclut idéalement différentes communautés en offrant à chacune d’elles une certaine autonomie et une égale dignité. Cela confère bien plus à la thèse de Boyarin la teneur d’un manifeste judéo-américain, qu’un statut de critique réaliste du sionisme à l’israélienne.
L’analyse de Jacob Plitman[10], éditorialiste de la revue de gauche Jewish Currents, tombe dans le même piège, en suivant toutefois des voies différentes. L’auteur cherche à concilier une conscience critique du comportement d’Israël avec un engagement moral à lutter contre les inégalités en général. Son concept de « hereness« , c’est-à-dire d’ancrage ici et maintenant, pousserait un Juif américain de gauche à préférer assumer ses propres convictions politiques face aux dérives droitistes de la coalition au pouvoir en Israël, plutôt que soutenir Israël.
Comme il est indéniablement plus facile d’être un Juif de gauche aux États-Unis que de l’être en Israël face aux dérives dont l’État juif se serait rendu coupable, cela implique qu’un Juif de gauche américain ne doit pas s’embarrasser du soutien à Israël s’il estime que ce pays viole les droits humains de certaines personnes – notamment les habitants arabes des territoires occupés – et recourt à la force militaire pour se protéger de ses ennemis, créant indubitablement la mort de nombreux civils innocents.
Ainsi, la conscience juive de Plitman le fait pencher davantage vers le respect de sa propre conscience de gauche que vers un soutien, fut-il conditionnel, à Israël. La critique qu’adressent Gabriel Abensour et Noémie Issan-Benchimol[11] à l’approche de Plitman est ainsi des plus pertinentes : « Sous couvert d’incarner un judaïsme diasporique transnational, fédérant les communautés juives par-delà les frontières, c’est en réalité à un agenda politique américain bien spécifique, saupoudré d’une pincée de folklore juif, lui-même utilisé contre ce que la majorité des Juifs réels font et sont, que l’on a affaire ».
Au total, la critique du sionisme chez ces deux penseurs juifs américains résulte d’un double constat : d’une part, ils estiment – à tort ou à raison ? – que leur conscience de gauche provient de leur judéité ; d’autre part, le refus d’Israël d’admettre que la force seule ne peut être une solution du conflit israélo-palestinien, alors que son incontestable supériorité militaire l’incite à en user. Ainsi, au nom de causes jugées progressistes, ces penseurs peuvent devenir des « néga-sionistes » convaincus.
En estimant par exemple que les Palestiniens souffrent davantage que les Israéliens, cela leur paraît suffisant pour soutenir les Palestiniens contre les Israéliens ! L’argument est un peu court, car au-delà de la difficulté d’évaluer la souffrance des uns par rapport à celle des autres, il devrait être clair pour tout un chacun que les israéliens qui se voient dénier le droit à leur propre existence (« la Palestine sera libre lorsque les Israéliens seront rejetés du fleuve à la mer », dit le slogan), qui ont subi le pogrom du 7 octobre, et qui sont bombardés à tout moment, sont eux-mêmes en proie à une menace existentielle et à des souffrances au moins aussi vives et aussi dignes que celles que subissent les Palestiniens.
Que cela soit bien clair : cela ne diminue en rien la valeur qu’il faut accorder aux souffrances des Palestiniens, mais cela ne justifie pas que l’émotion balaie tout raisonnement, ce qui conduit à prendre parti en faveur de ceux dont on estime – encore une fois, à tort ou à raison, là n’est pas la question – qu’ils sont davantage victimes que les autres ! Ce ne sont en effet ni le parti pris partisan en faveur d’un camp ou d’un autre, ni la compassion en faveur de ceux qu’on juge – là encore à tort ou à raison – être plus victimes que les autres, qui peuvent aider à résoudre le problème israélo-palestinien ! Malheureusement, ce sont des arguments de cet ordre qui sont trop souvent invoqués dans chacun des deux camps.
[1] L’appellation de sionistes religieux se justifie dans la mesure où ils reconnaissent la légitimité d’un État d’Israël, créé de main d’homme, à la différence de la plupart des décisionnaires religieux d’avant la naissance d’Israël.
[2] Yishaï Sarid, Le Troisième Temple, traduit de l’hébreu par Rosie Pinhas-Delpuech, Arles, Actes Sud, 2018. Voir la présentation de ce livre par David Encaoua : https://sifriatenou.com/2020/03/12/2570/
[3] Le courant sioniste religieux trouve son origine dans une faction (Mizrahi) formée au sein du Congrès sioniste dès sa fondation en 1897 par quelques rabbins (dont le rabbin Isaac Jacob Reines), à une époque où le sionisme était largement réprouvé par le monde religieux. Cette faction s’est ensuite transformée en un parti politique compatible avec la gauche socialiste, lors des diverses coalitions gouvernementales menées par Ben Gourion et ses successeurs. Structuré initialement comme un parti centriste, le Mafdal (parti national religieux) s’est à nouveau transformé après la guerre des six jours, en adoptant une version ultranationaliste du sionisme religieux, en tant que partenaire du Likoud. Voir Dany Trom, Israël : vers la rupture, In K Les Juifs, l’Europe et le XXIe siècle : https://k-larevue.com/israel-vers-la-rupture/
[4] Voir Paul Mendes-Flohr, Philosophy and Theology of Judaism in the State of Israel, in Jacob Neusner, et al. eds., The Encyclopedia of Judaism, vol. 2, 1999, Leiden : Brill. Bien avant le Rav Kook, des rabbins orthodoxes avaient accusé d’hérésie ceux qui ne partageaient pas l’idée que le retour à Sion ne pouvait résulter que d’une initiative divine (Rédemption), et cette accusation était souvent accompagnée de mesures vexatoires. Par exemple, il fallait haïr l’hérétique, faute de pouvoir lui appliquer des punitions corporelles plus sévères !
[5] Le non-religieux est aujourd’hui traité par les orthodoxes comme l’était autrefois celui qu’on désignait par le qualificatif déshonorant d’Am-Haaretz (peuple de la terre), c’est-à-dire un non pratiquant car ignorant. Le mouvement religieux Habad consacre aujourd’hui un effort important pour divulguer l’enseignement d’un judaïsme combinant tradition et modernité.
[6] Rivon Krygier (Fondamentalisme et Humanisme dans le Judaïsme, Editions in Press, 2024) rappelle à ce propos l’entrevue en 1952 entre David ben Gourion et Avrohom Yeshaya Karelitz, rabbin talmudiste et auteur de l’ouvrage Hazon Ich (nom par lequel l’auteur de ce commentaire du Talmud de Babylone est connu). À la question de savoir comment envisager la coopération entre le public orthodoxe et les séculiers, Hazon Ich répondit par la métaphore de la charrette vide qui doit céder la place à la charrette pleine, c’est-à-dire celle de l’antique Israël, profusément chargé de Torah et de ses commandements ». Voir Aviezer Ravitzky, La charrette pleine et la charrette vide : le sioniste laïque dans la pensée orthodoxe, Pardes, n°25, 1998`.
[7] Voir Micah Goodman, Catch-67, The Left, The Right, and The Legacy of The Six-Day War, Yale University Press, 2018.
[8] On se croirait revenu au temps des croisades !
[9] Daniel Boyarin, The No-State Solution, A Jewish Manifesto, Yale University Press, 2023. Voir l’article que consacre Dany Trom à ce livre : À propos de Daniel Boyarin, The No-State Solution. A Jewish Manifesto, in K, les Juifs, l’Europe, le XXIe siècle, 7 juin 2023, https://k-larevue.com/a-propos-de-daniel-boyarin-the-no-state-solution-a-jewish-manifesto/
[10] Jacob Plitman, On an Emerging Diasporism, Jewish Currents, April 2018, https://jewishcurrents.org/on-an-emerging-diasporism
[11] Gabriel Abensour et Noémie Issan-Benchimol, Une cartographie des diasporismes : pour un judaïsme de continuité, in K, les Juifs, l’Europe et le XXIème siècle, septembre 2024, https://k-larevue.com/cartographie-des-diasporismes/