Il n’y a qu’un seul parti qui partage une haine commune envers Israël et la France, c’est LFI

Le chef du parti de gauche La France Insoumise (LFI), membre de la coalition de gauche Nouveau Front Populaire (NFP), Jean-Luc Mélenchon, accompagné de Rima Hassan et Manuel Bompard, à la Faiencerie de Paris, le 30 juin 2024. (Crédits : Dimitar DILKOFF / AFP)
Le chef du parti de gauche La France Insoumise (LFI), membre de la coalition de gauche Nouveau Front Populaire (NFP), Jean-Luc Mélenchon, accompagné de Rima Hassan et Manuel Bompard, à la Faiencerie de Paris, le 30 juin 2024. (Crédits : Dimitar DILKOFF / AFP)

La messe est dite. Tandis que l’extrême gauche affiche son antisémitisme le plus caricatural, Jordan Bardella et Marion Maréchal s’apprêtent à rallier l’État juif. Jamais le mythe et la réalité sur ce sujet tant fantasmé n’avaient coïncidé avec autant de crudité qu’en ce moment. Depuis plusieurs décennies, mon combat central pour montrer que la haine avait changé de trottoir consistait à montrer, au début de manière bien ingrate, que l’antisémitisme d’extrême gauche – qui avait toujours existé – était devenu le plus dangereux, tandis que celui d’extrême droite – si longtemps ignominieux – achevait son déclin. J’ai passé trop de temps à expliquer que c’était avant tout parce que le stéréotype mensonger du Juif avait changé.

Quand le Juif errant n’avait pas d’État, il était peint en métèque veule et apatride par la droite extrêmement nationaliste. Quand le Juif en avait retrouvé un et qu’il le défendait bec et ongles contre l’Oriental, il était devenu pour la gauche radicale internationaliste et xénophile l’archétype du nationaliste belliqueux Occidental. Le génie mauvais du virus antisémite mutant susurrait ainsi au Juif changeant : « Dis-moi comment tu es, je te dirai comment je te hais ».

Dans son dernier état, l’alliance de l’islamisme et du gauchisme sur fond d’immigration invasive aura conduit ce virus mortel à déclencher agressions et massacres sur le sol de France. Cette semaine, cette vérité tout juste exposée a littéralement explosé. La symbolique est d’une rare cruauté : prétendant présomptueusement vouloir manifester le 22 mars contre le racisme d’extrême droite, la France insoumise a publié une affiche d’un Hanouna haineux et grimaçant, au nez protubérant, ressemblant trait pour trait au Juif éternel Süss tel qu’incarné sur l’affiche du film nazi de Veit Harlan.

Après que Jean-Luc Mélenchon a rejeté avec mépris sur l’extrême droite la responsabilité d’une polémique artificielle, son camarade de parti Paul Vannier, pour éteindre l’incendie, a joué les pompiers pyromanes : l’erreur, regrettable, viendrait de l’IA Grok sur X. Bref, encore la faute à Elon Musk ! Sauf que pour obtenir la caricature immonde, il fallait non seulement programmer le visage de Cyril Hanouna mais encore réclamer par mot-clé le stéréotype du juif moqué… Et puis le résultat haineux obtenu, le publier. On pensait se sauver mais c’était pour mieux s’enfoncer… On lit ici ou là que, cette fois, la ligne rouge est franchie, que le Parti insoumis se serait définitivement commis dans la pire infamie. En réalité, il n’y a rien de nouveau sous le soleil noir d’un parti qui jouit depuis trop longtemps du privilège rouge.

Dans l’inconscient idéologique médiatique, l’affiche ignoble est vomie y compris dans une petite partie de la gauche parce qu’elle rappelle les stéréotypes racistes de l’extrême droite moribonde dans sa période immonde. Mais l’antisémitisme New Age des Rima Hassan, Ersilia Soudais, Thomas Portes et autres Obono et Guiraud n’avait déjà rien à envier dans son admiration pour les tueurs d’enfants et les violeurs de femmes du Hamas avec les pires politiciens de la période brune. Je n’aurai pas assez de place pour rappeler ici les signes de cette haine, bien antérieure au 7 octobre, électoralement intéressée mais aussi profondément sincère. Dans une perspective historique, je rappellerai le soutien sans faille de Jean-Luc Mélenchon à ce Jeremy Corbyn qui était allé se recueillir à Tunis devant la tombe d’un chef terroriste du Hamas avant d’être mis au ban du Parti travailliste pour cause d’antisémitisme. Quand Jeremy Corbyn fut défait aux élections, son ami français imputa son échec… Au grand rabbin d’Angleterre.

Cette aversion religieuse particulière est elle aussi sincère. À l’instar de son regretté camarade Chavez, le chef des Insoumis n’a pas hésité à reprendre à son compte le mythe du peuple déicide. Je rappelle en effet qu’en juillet 2020, lors d’une interview sur BFM TV, il avait été interrogé sur la passivité des forces de l’ordre face à des manifestations violentes : « Doivent-elles être comme Jésus sur la croix qui ne réplique pas ? ». Notre homme de foi laïque et républicaine a répondu comme au pire temps d’avant Vatican II : « Je ne sais pas si Jésus était sur la croix, je sais qui l’y a mis, paraît-il, ce sont ses propres compatriotes ».

Autrement dit, si les Juifs d’aujourd’hui ont commis un nouveau génocide, leurs ancêtres avaient déjà commis au même endroit la vieille crucifixion. Tout est rond. C’est dire combien la détestation du parti d’extrême gauche pour la chose juive est totale et transcende même le cadre de l’antisionisme antijudaïque et viscéral. Et c’est précisément au même moment que Jordan Bardella et Marion Maréchal s’apprêtent à s’envoler vers Jérusalem pour participer à une conférence contre l’antisémitisme. Après avoir manifesté, eux, contre la haine pogromiste. Et avoir affiché une attitude exemplaire dans le moment cruel où les Juifs français et d’Israël étaient dans la peine, tournant ainsi le dos à Jean-Marie Le Pen.

Hormis quelques nostalgiques dans la communauté juive dite organisée qui ne veulent pas voir l’évidence, l’immense majorité de cette population inquiète et éplorée saisit la symbolique du moment. Et je trouve davantage de légitimité historique et morale à un Serge Klarsfeld pour l’exprimer qu’à ceux qui auront favorisé par leur aveuglement une immigration massive dont les Juifs français sont les premières (mais non les seules) victimes. Il n’y a qu’un seul parti antisémite qui communie dans une terrible indifférence dans la haine d’Israël mais aussi de la France.

Article paru sur LE FIGARO le 17/03/25. Avec l’aimable autorisation de l’auteur.

à propos de l'auteur
Gilles-William Goldnadel est avocat et écrivain.
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