Humiliation à Washington

Benjamin Netanyahu est rentré bredouille. Pire, humilié, mais il l’a bien caché. Deux jours à Washington pour s’entendre signifier par le président Donald Trump que désormais, c’était dans la capitale américaine que se faisait la politique moyen-orientale. Les autorités israéliennes seront informées mais pas plus.
Sur l’Iran, il a confirmé qu’il entendait donner la priorité à la voie diplomatique, et non pas militaire comme le souhaitait le Premier ministre israélien. On apprendra par la suite que son envoyé spécial à tout faire, Steve Witkoff, pourrait même se rendre dans la capitale iranienne. Benjamin Netanyahu dira le lendemain à ses ministres qu’il était au courant. Mais le secrétaire du gouvernement, Yossi Fuchs, avait affirmé la veille que son Premier ministre avait été pris au dépourvu par l’annonce du président américain : il était au courant, mais « il ignorait que ces négociations auraient lieu » si vite : dès le 12 avril.
En d’autres termes, le chef du gouvernement israélien avait été informé, mais pas complètement. Le président américain lui a fait aussi savoir qu’il aimerait bien que la guerre à Gaza se termine rapidement. L’irremplaçable Steve Witkoff au cours d’un entretien avec Benjamin Netanyahu, dès son arrivée, lui avait rappelé que pour l’administration américaine, la libération des otages restait une priorité.
Comme si cela ne suffisait pas, le président américain a souligné qu’il avait d’excellentes relations avec son homologue turc, le « très intelligent » Recep Tayyip Erdogan. Il révélera aux journalistes dans le bureau ovale :
J’ai dit au premier ministre : Bibi, si vous avez un problème avec la Turquie, je pense vraiment que je vais pouvoir le résoudre.
Plus encore, le président américain a rapporté qu’il avait dit à l’autocrate rêvant d’un nouvel empire ottoman :
Félicitations… vous avez vous avez fait ce que personne n’avait pu faire en 2 000 ans. Vous avez pris le contrôle de la Syrie.
Ce qui implique qu’Israël doit désormais s’accoutumer à vivre avec un État pro-turc à sa frontière orientale.
Last but not least, à la demande de Benjamin Netanyahu de lever les nouveaux droits de douane à 17% sur les produits israéliens importés aux États-Unis, Donald Trump a répondu par la négative en justifiant son refus :
Nous donnons à Israël 4 milliards de dollars par an, c’est beaucoup.
Une façon de signifier que l’État juif n’a pas à se plaindre et ne devrait plus obtenir d’autres privilèges.
Comme les autres pays, Israël bénéficiera du sursis de 90 jours pour l’application des nouveaux tarifs douaniers décidé par le président américain. Une volte-face qui pourrait en annoncer d’autres. Et pas forcément à l’avantage d’Israël.