Honte à l’UNESCO, honte à la France !

Nos grands médias ont très largement occulté la résolution honteuse votée au siège de l’UNESCO, c’est-à-dire à Paris, le 13 octobre dernier.

À toutes fins utiles, je rappelle que l’UNESCO est l’agence des Nations Unies en charge de la science et de la culture. Ce jour-là 24 États membres ont voté la résolution 200 EX/25 intitulée « Palestine occupée » et présentée par l’Algérie, l’Égypte, le Liban, le Maroc, Oman, le Qatar et le Soudan. Les représentants de 6 autres États membres ont eu le courage de voter contre, et je tiens à mentionner ici leur nom : l’Estonie, l’Allemagne, la Lituanie, les Pays-Bas, le Royaume-Uni et les États-Unis d’Amérique.

Et puis il y a un magma de 26 États membres qui ont préféré s’abstenir, ne voulant fâcher ni les amis arabes ni Israël, mais réussissant certainement à irriter et à décevoir les deux camps. Parmi les pays qui ont ainsi fait preuve de lâcheté, on trouve la France, l’Italie et l’Espagne, aux côtés de nations peu concernées par le conflit israélo-palestinien telles que Trinidad et Tobago, Saint Vincent et Nevis, Haïti et le Népal !

Pire, parmi les États membres qui ont soutenu la résolution, aux côtés d’inévitables pays arabo-musulmans, figurent de grandes nations chrétiennes telles que la Russie, le Brésil et le Mexique. Les dirigeants de ces trois grands pays ne peuvent pourtant pas ignorer l’histoire de Jérusalem et de la Terre Sainte, intimement liée aux origines du christianisme et donc du judaïsme !

Mais que contient donc cette résolution de l’UNESCO pour que je puisse la qualifier de « honteuse » ?

Israël y est qualifié de « puissance occupante » et ce terme est systématiquement repris dans les 41 alinéas du document. Les lieux saints du judaïsme, tels que le Tombeau des Patriarches ou celui de Rachel sont uniquement mentionnés sous leur nom arabe et sont présentés comme appartenant au patrimoine palestinien.

Les auteurs du texte osent évoquer les « fouilles illégales et destructrices » menée par la « puissance occupante » à Jérusalem qui porteraient atteinte au patrimoine palestinien. En quoi est-ce que la mise au jour de la cité de David, à l’extérieur des remparts de la vieille ville et loin de la mosquée al-Aqsa serait illégale et destructrice ?

La réponse est simple, même si elle n’est pas exprimée dans la résolution : cette mise au jour apporte la preuve éclatante au monde entier du lien historique existant entre Jérusalem et le peuple juif. Et cela est parfaitement intolérable pour les États arabo-musulmans et pour ceux qui, pour des raisons idéologiques et par anti-sionisme soutiennent les Palestiniens.

Car il ne faut pas s’y tromper, l’objectif de cette résolution est précisément d’occulter le passé juif de Jérusalem et de la Terre Sainte, de nier le moindre lien entre la ville qu’ils nomment « Al Qods » et l’histoire juive.

Rappelons que si cette résolution feint de s’émouvoir des fouilles archéologiques israéliennes, elle passe sous silence les travaux menés par le Waqf sur le Mont du Temple. Ces travaux, comme je l’ai déjà signalé dans une précédente chronique sur Jérusalem, avaient pour but officiel la construction d’une vaste salle de prières souterraine, sous la mosquée d’Al-Aqsa.

Le creusement et la bétonisation du sous-sol du site a en fait permis de faire disparaître à jamais toute évidence archéologique du passé juif du Mont Moriah et, en particulier, toute trace du Temple de Salomon ou de celui, plus récent, d’Hérode.

Qu’est-ce qui est plus condamnable, entre mettre au jour une cité antique sans porter atteinte au patrimoine de quiconque ou des travaux de construction sur un site historique et religieux protégé permettant l’éradication d’une partie du patrimoine universel ?

Les initiateurs de la résolution du 13 octobre n’en étaient pas à leur premier coup d’essai. Déjà en octobre 2015, l’Unesco avait classé le Caveau des Patriarches et la Tombe de Rachel comme des sites musulmans de l’État palestinien.

Abraham et Rachel étaient-ils Musulmans ?

Puis, le 12 avril 2016, ce fut une résolution proposée par l’Autorité Palestinienne établissant qu’il n’y avait aucun lien religieux entre le Mont du Temple, y compris le Mur occidental (le Kotel, communément surnommé « Mur des lamentations ») et le peuple juif. À l’époque, la France s’était abaissée jusqu’à voter en faveur de cette lamentable falsification historique.

Comment réagiraient les Français si une résolution énonçant qu’il n’y a aucun lien historique ou religieux entre la cathédrale de Reims ou Notre-Dame de Paris et le peuple français était proposée à l’UNESCO ? Nul ne conteste que Jérusalem, Israël et les Territoires palestiniens recèlent un important patrimoine islamique et que ce dernier doit être sauvegardé.

Personne n’a jamais contesté que la mosquée Al-Aqsa et le Dôme du Rocher fassent partie de ce patrimoine. Chacun sait, en Israël et dans le reste du monde, que certains lieux saints d’origine judaïque ont également de l’importance pour d’autres religions, que ce soit le christianisme ou l’islam.

Mais il y a une différence entre reconnaître tout cela et prétendre que l’ensemble du patrimoine historique et religieux situé à Jérusalem ou ailleurs en Terre Sainte appartienne à une seule religion à l’exclusion de toute autre. D’autant que ladite religion, l’islam, est la dernière arrivée sur cette terre et que les liens avec le judaïsme et le christianisme sont bien plus anciens !

Cette résolution du 13 octobre et les précédentes constituent des éléments parmi d’autres d’une insidieuse campagne menée à l’échelle du monde afin de délégitimer l’État d’Israël pour pouvoir, à terme, l’éradiquer. Cette campagne est menée de différentes manières : il y a les pressions diplomatiques sur l’Occident et sur les États du sud (avec, entre autre, des perspectives de contrats pour les premiers et des promesses d’aides financières pour les seconds), les actions appelant au boycott des produits israéliens, des universités israéliennes, des chercheurs israéliens et même des athlètes israéliens lors des rencontres sportives (comme on a encore malheureusement pu le constater lors des derniers Jeux Olympiques !)

Il y a aussi le lobbying au sein des agences des Nations Unies aboutissant parfois à des situations ubuesques où des représentants de pays violant systématiquement les droits de l’Homme (et de la femme !) sont élus membres du Conseil des droits de l’Homme de l’ONU, organisme qui condamne régulièrement Israël tout en restant silencieux sur les massacres ou exécutions arbitraires commis au Soudan, en Iran ou en Arabie Saoudite. Le vote de cette résolution du 13 octobre à l’UNESCO appartient à ce genre d’actions hostiles menées à l’ONU contre Israël.

La France, en s’abstenant sur une telle résolution, a fait preuve de lâcheté et d’hypocrisie. Lâcheté car elle a refusé de s’opposer à une tentative de falsification de l’histoire menée par un groupe d’États arabes souvent eux-mêmes fort peu exemplaires (comme le Soudan). Hypocrisie, car elle a feint de ne pas mesurer les implications d’une telle résolution et son caractère hostile envers un État ami, Israël, et envers une religion, le judaïsme, présente en France depuis l’époque gallo-romaine.

Israël a réagi à cette résolution en annonçant son retrait de l’UNESCO. Nul ne saurait l’en blâmer. La France se serait honorée en menaçant, avant le vote, de faire de même si une telle résolution était votée. Nul ne doute qu’une telle menace, venant de la part du pays qui accueille le siège de l’organisation aurait dissuadé nombre d’États de soutenir l’initiative arabe. Mais la France a choisi de ne rien faire en amont, elle a même préféré s’abstenir, et la résolution a été votée. L’Allemagne et les Pays-Bas (sans parler du Royaume-Uni !), eux aussi membres de l’Union européenne, ont refusé de se laisser intimider en votant contre la résolution.

Voici un an, le Parlement français, Assemblée Nationale et Sénat, avait voté une résolution demandant au gouvernement de reconnaître l’ « État de Palestine ».

En avril puis en octobre 2016, la France a franchi deux étapes supplémentaires dans sa politique de soutien à l’Autorité palestinienne et d’hostilité déguisée à l’égard du seul pays démocratique du Proche-Orient.

Je crains fort que le prix à payer pour toutes ces concessions, tous ces reniements et toutes ces trahisons ne se révèle un jour être très élevé. Mais lorsque l’on finira par le comprendre, ce sera sans doute trop tard.

1. Le Président du Conseil italien aurait depuis exprimé ses regrets pour cette abstention, indiquant qu’à l’avenir l’Italie s’opposerait aux résolutions hostiles à Israël…

2. C’est ainsi que, le 28 octobre, l’Arabie saoudite, aux côtés de 13 autres pays, a été élue comme nouveau membre de ce conseil, pour un mandat de trois ans.

à propos de l'auteur
Hervé Cheuzeville est diplômé de l'Institut National des Langues et Civilisations Orientales de Paris. Il est basé à Bastia, en Corse et a vécu et travaillé en Afrique de 1989 à 2013, toujours dans l'humanitaire, après avoir œuvré en Asie du Sud-Est. Il est l’auteur de "Kadogo, Enfants des guerres d’Afrique Centrale" (Ed. l’Harmattan, 2003), de "Chroniques Africaines de guerres et d’espérance" (Ed. Persée, 2006), de "Chroniques d’un ailleurs pas si lointain – Réflexions d’un humanitaire engagé" (Ed. Persée, 2010) et de "Au fil des chemins - Afrique, Asie, Méditerranée"(Edilivre, 2013). Les deux tomes de son ouvrage suivant, "Des royaumes méconnus", sont parus chez Edilivre: le premier est consacré à 6 royaumes d'Asie, le second à 12 royaumes africains. En mars 2017, les Editions Riqueti ont publié son dernier ouvrage, "Prêches dans le désert", qui constitue un véritable réquisitoire contre l'islamisme politique, le terrorisme islamiste et le parti pris propalestinien des grands médias. Ce livre a été suivi par "Nouveaux Prêches dans le désert" publié en 2020 aux Edizione Vincentello d'Istria. Entre temps, il avait publié, chez ce même éditeur "Rwanda, vingt-cinq années de mensonges". Hervé Cheuzeville a en outre contribué à deux ouvrages collectifs: "Corses de la diaspora" en 2018, sous la direction du Professeur Jean-Pierre Castellani (Scudo Editions) et "Chypre, 1974-2024, 50 ans d'occupation turque", sous la direction de l'historien Charalambos Petinos.
Comments