Hezbollah : le pari dangereux d’Israël

Des terroristes du groupe chiite libanais du Hezbollah effectuant un exercice d'entraînement dans le village d'Aaramta, dans le district de Jezzine, au sud du Liban, le 21 mai 2023. (Crédit : Hassan Ammar/AP)
Des terroristes du groupe chiite libanais du Hezbollah effectuant un exercice d'entraînement dans le village d'Aaramta, dans le district de Jezzine, au sud du Liban, le 21 mai 2023. (Crédit : Hassan Ammar/AP)

Face au dilemme d’Israël sur le front nord où la situation est loin d’être stable, il faut comprendre qu’une opération limitée n’est pas la solution. En effet, alors que l’opération à Rafah touche à sa fin et que le nord d’Israël est sous haute tension, Jérusalem doit trouver une option qui permette le retour en toute sécurité de ses habitants.

Nous sommes toujours dans ce jeu de « ping-pong » avec le Hezbollah qui pourrait se transformer en sorte de « routine » de guerre d’usure !

Les éliminations ciblées des hauts responsables du Hezbollah sont une réussite au niveau du renseignement et de la précision des frappes, mais ne nous y trompons pas, la réussite stratégique est pour le moment du côté du Hezbollah, qui dicte son tempo, et a forcé cent mille Israéliens à quitter leurs foyers, sans aucune perspective de retour, même après neuf mois !

Jusqu’à présent, la réaction du Hezbollah a été prévisible, mais soyons prudents avec nos certitudes, car s’il va de soi que nous devons autant que possible reprendre le contrôle de la situation, il faudra dans un avenir proche qu’Israël prenne des décisions stratégiques, claires, nettes, et tranchantes.

Il n’y a aucune ambiguïté sur le fait que nous devons continuer à affaiblir le Hezbollah, et peut-être trouver un accord, afin de repousser les milices chiites du Hezbollah au-delà du fleuve Litanie, comme la résolution 1701 le stipule. Néanmoins, un accord de cessez-le-feu serait comme un arbre qui cache la forêt, et ne pourra rendre le sentiment de sécurité aux habitants du Nord.

Même s’il est vrai qu’un cessez-le-feu avec le Hezbollah sortirait, pour le moment, Israël de son isolement international, Israël ne pourra être garant de la sécurité de ses citoyens face aux menaces terroristes à ses frontières !

Si Hassan Nasrallah accepte un cessez-le-feu, nous reviendrons à l’accord 1701, et la situation à court et moyen terme ne sera pas sensiblement différente de la situation actuelle. Le Hezbollah cherchera une forme d’usure tactique, et nous le paierons, à court, moyen, et long terme, cher.

Si la guerre contre le Hezbollah n’est pas une guerre décisive mais une guerre limitée, il n’y aura malheureusement aucun changement stratégique fondamental. Le pire scénario serait une guerre d’usure sans fin – c’est-à-dire que le Hezbollah et l’Iran seraient les maîtres du calendrier, et cela serait tout simplement dévastateur pour la société israélienne et son économie, et nous pourrions en payer le prix fort.

En tout état de cause et compte tenu de la situation, une action forte et décisive, quand Israël en décidera, et que « toutes les planètes seront alignées», devra être menée face au Hezbollah, et au Liban. Tsahal devra éradiquer, avec détermination, la menace qui pèse sur les villes et villages du Nord, de manière à permettre le retour de leurs habitants dans les délais les plus brefs, et éviter une guerre d’usure qui dure depuis trop longtemps.

à propos de l'auteur
Stéphan-Zeev Goldin Analyste sécuritaire et Conseiller dans différentes institutions israéliennes.
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