Guerir la cause du mal et non les symptômes

Des membres du mouvement de protestation contre la refonte, Frères et Sœurs d'Armes, rassemblés devant le domicile du Premier ministre Benjamin Netanyahu, à Jérusalem, le 28 septembre 2023. (Crédit : Chaïm Goldberg/Flash90)
Des membres du mouvement de protestation contre la refonte, Frères et Sœurs d'Armes, rassemblés devant le domicile du Premier ministre Benjamin Netanyahu, à Jérusalem, le 28 septembre 2023. (Crédit : Chaïm Goldberg/Flash90)

Depuis le 7 octobre, Israël est devenu la cible de toutes les haines. La violence qui se déchaîne est insensée. Seul et isolé, face à l’incompréhension générale. La raison ne peut suffire, il est temps d’entamer une introspection profonde.

Israël, le bouc émissaire des nations, l’éternelle victime – ce récit, répété depuis tant d’années, nous conforte dans l’idée d’un combat juste contre un ennemi absolu. Mais sommes-nous condamnés à être une victime perpétuelle, à la merci de nos bourreaux ? Il est troublant de constater que nos opposants adoptent un discours symétriquement inverse, nous faisant passer pour l’agresseur. Noir ou blanc ? Victime ou bourreau ? Qui croire ?

Personnellement, je ne peux plus m’identifier à cette dialectique manichéenne. Il m’est inconcevable que nous soyons irréprochables. Je suis troublé par notre réflexe systématique de contre-attaque et d’accusation, sans jamais prendre le temps d’un examen de conscience.

Lorsqu’une personne tombe malade, son corps lui signale un dysfonctionnement par des symptômes : sensations ou douleurs. Elle peut choisir de traiter ponctuellement ces symptômes, mais sans s’attaquer à la racine du mal, elle ne guérira jamais.

Israël a beau accuser à tort et à travers ses ennemis – Hamas, Hezbollah, Iran, pays d’Europe qui lui ont tourné le dos – nous ne faisons que combattre les symptômes, non la cause du mal.

Notre pays est malade. Très malade. Notre société est déchirée, rongée par une haine interne et un manque de cohésion ahurissant. Fracture sociale grandissante, corruption endémique, perte de confiance dans les élus, politisation du rabbinat orthodoxe qui a dévoyé sa vocation spirituelle et perdu toute légitimité aux yeux du peuple, refus de la population haredi de servir dans le rangs de Tsahal… Il est primordial de s’attaquer aux maladies internes qui affaiblissent notre nation.

Nous pouvons et devons lutter de toutes nos forces contre les ennemis qui frappent à nos portes. Mais si nous ne nous attaquons pas à la racine du mal, la lutte sera vaine.

Israël n’est pas seulement un pays, c’est une nation millénaire, un collectif porteur d’une mission historique. L’État d’Israël moderne, un miracle à bien des égards, n’est qu’un outil pour accomplir cette mission. Notre mission d’être une lumière pour les nations est la raison d’être de notre peuple et de notre État. Il est temps de nous réveiller, de nous rappeler qui nous sommes et pourquoi nous sommes là. Le travail est titanesque, le tremblement de terre est en cours. Il est temps de prendre au sérieux la cause du mal et de cesser de nous contenter de traiter les symptômes.

L’alliance entre le peuple d’Israël et l’Éternel ne nous abandonne pas à la haine gratuite. Elle nous impose une responsabilité. Ne pas accuser l’autre, c’est assumer ses propres responsabilités. Ne pas accuser mon voisin, mon ami, mon ennemi, mais moi-même. Je suis coupable. Nous sommes coupables. Réveillons-nous.

à propos de l'auteur
A l'age de 19 ans, David décide de quitter la Belgique pour venir s'installer en Israël. Après avoir servi l'armée, dans la brigade des parachutistes, il commence ses études au centre interdiciplinaire d'Herzlya (IDC) et y termine avec une maitrise en sciences politiques. Il a également étudié pendant deux ans, les arts de la scène au seminar hakiboutzim. Il est aujourd’hui enseignant à Ra’anana. Spécialisé dans le travail et la proximité avec les jeunes olim hadashim.
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