Goasguen : le nouveau délire des Verts

Claude Goasguen - à Paris - Reconnaissance de l'État palestinien : les associations juives manifestent à Paris - 2 décembre 2014 (Crédit : Glenn Cloarec/Times of Israël)
Claude Goasguen - à Paris - Reconnaissance de l'État palestinien : les associations juives manifestent à Paris - 2 décembre 2014 (Crédit : Glenn Cloarec/Times of Israël)

On savait que les Verts n’aiment pas les sapins de Noël, le Tour de France, et par définition Israël. Mais on ignorait leur détestation de Claude Goasguen.

« Cette grande voix politique manquera au débat républicain », avait déclaré  Emmanuel Macron en apprenant sa mort le 28 mai 2020 à l’âge de 75 ans des suites d’une crise cardiaque consécutive au Covid-19 dont il avait été la victime.

Homme de conviction, avocat de formation, Claude Goasguen avait consacré la plus grande partie de sa vie à la politique dans le sens le plus noble de ce terme. Il fut ministre du président Jacques Chirac, dont il fut auparavant  adjoint à la Mairie de Paris, en charge des Affaires étrangères, député du XVI ème arrondissement de Paris pendant 22 ans et maire de ce même arrondissement pendant 9 ans. Son grand amour, c’était Israël où il avait mené d’innombrables missions, qu’il défendait bec et ongles à l’Assemblée nationale et à bien d’autres tribunes, et personne n’a oublié qu’il fut un efficace président du groupe d’amitié France-Israël au Palais Bourbon.

Il semblait donc tout à fait naturel qu’une voie publique porte le nom de Claude Goasguen, qui avait servi Paris avec ardeur et passion. Anne Hidalgo y était favorable à un tel point qu’elle avait proposé une dérogation à la règle qui prévoit que le nom d’une personnalité ne peut être attribué que cinq ans au plus tôt après son décès.

Le vote a eu lieu mercredi 10 mars à la Mairie de Paris, mais les alliés verts d’Anne Hidalgo se sont violemment opposés à cette proposition. Au nom du groupe Europe Ecologie- Les Verts, Alice Coffin a déclaré que si la proposition était adoptée, cela situerait « le Conseil de Paris du côté de ceux qui trouvent que les trans, les gays, les lesbiennes, les musulmans, les pauvres, les femmes sont quantité négligeable ». Une déclaration pour le moins décalée qui a entrainé la réaction du maire du XVI ème arrondissement Francis Szpiner qui a accusé la militante verte de « cracher sur la mémoire de Claude Goasguen ».

Après un débat houleux et une suspension de séance, Le Conseil de Paris a voté en faveur d’une place Claude Goasguen  dans le quartier de la Muette. La délibération a été adoptée par 82 voix pour,34 contre et 2 abstentions. Les Verts, Generation.s et une partie des communistes ont voté contre. 118 conseillers ont pris part au vote sur les 183 qui composent cette assemblée décisionnaire de la ville de Paris. Certains socialistes se sont éclipsés avant le vote. Les Verts ont regretté qu’Audrey Pulvar, adjointe au Maire et tête de liste socialiste pour les régionales, qui avait apporté son soutien à EELV, n’ait pas participé au vote.

Ce nouveau délire des Verts doit être aussi interprété comme un vote de défiance contre un homme politique qui n’a jamais caché son attachement à Israël. Il confirme aussi le positionnement pro-palestinien des Verts qui soutiennent le BDS.

Me revient en mémoire un souvenir personnel. Lors du diner du CRIF de 2003, Roger Cukierman, son président avait assimilé l’antisionisme à l’antisémitisme à une époque où il n’était pas de bon ton de faire le lien. Il avait dénoncé une « alliance brun vert rouge ». Au nom de la Ligue communiste révolutionnaire, Alain Krivine nous avait fait un procès, le président Cukierman et moi-même, en tant que directeur général du CRIF et directeur de la Newsletter du CRIF. Krivine avait choisi de faire comparaitre comme témoin… le secrétaire général des Verts, dont chacun imagine les propos. Mais Krivine a perdu ce procès, qui préfigurait l’alignement des Verts, qui ne savent plus ce qu’est l’écologie, sur les thèses les plus extrémistes, les plus dangereuses pour les Juifs et la société française.

Nous savons qu’avec les Verts, il y a longtemps que l’arbre ne cache plus la forêt.

à propos de l'auteur
Haïm Musicant est journaliste. Il anime des émissions à Radio Shalom et Radio Kol Aviv en France et intervient également sur Radio Judaica à Bruxelles et Kan en français en Israël. il publie également des articles dans plusieurs médias juifs. Auteur de plusieurs livres, Haïm Musicant vient de publier avec Jean-Pierre Allali "Les Magnifiques. Figures extraordinaires du peuple juif " préfacé par le grand rabbin de France Haïm Korsia. Il a occupé des postes de haute responsabilité dans la communauté juive : directeur général du CRIF, directeur du B'nai B'rith Europe et du B'nai Brith France, directeur du CIDIP, Centre d'information Israël-Proche-Orient
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