Gantz semble protéger Netanyahu, Eizenkot commence à décevoir

Les ministres HaMahane HaMamlahti Benny Gantz (à gauche) et Gadi Eisenkot présentant un cadre de recrutement pour le service militaire des Arabes et des Juifs ultra-orthodoxes dans l'armée pendant une conférence de presse, à la Knesset, à Jérusalem, le 26 février 2024. (Crédit : Sam Sokol)
Les ministres HaMahane HaMamlahti Benny Gantz (à gauche) et Gadi Eisenkot présentant un cadre de recrutement pour le service militaire des Arabes et des Juifs ultra-orthodoxes dans l'armée pendant une conférence de presse, à la Knesset, à Jérusalem, le 26 février 2024. (Crédit : Sam Sokol)

Benny Gantz, Gadi Eizenkot et leur parti d’opposition ont rejoint la coalition quelques jours après le pogrom du 7 octobre dans le but de participer dans la gestion de la guerre. Une union nationale, même partielle, et bonne en soi. Or, Netanyahu en fait des valets supplémentaires. Un jour, ce sont de vrais partenaires, un jour il les roule dans la farine. Il prend souvent des décisions seul, sans même les mettre au courant. A quoi servent-ils alors ? A lui tenir le parapluie ? A prolonger son règne malgré le shabbat noir ?

Benyamin Netanyahu continue à s’opposer à accorder la priorité absolue à la libération des kidnappés. Pendant ce temps, ils croupissent aux mains du Hamas, pendant que leurs familles s’épuisent sans que leur lutte ne se fasse entendre. La situation s’aggrave depuis la libération de la première vague d’une poignée d’otages, il y a environ cinq mois. Gadi Eizenkot a jusqu’à présent été considéré comme le gardien de l’espoir au sein du Cabinet de Guerre contre toute influence des extrémistes du gouvernement. En s’associant au rejet de la dernière proposition égyptienne soutenue par les États-Unis, il a déçu. Est-il lui aussi désormais contaminé par les calculs électoraux ?

L’abandon des kidnappés ne sera jamais oublié ni pardonné par la société israélienne. Certes, la guerre n’a pas encore atteint son objectif : l’élimination du Hamas. Mais le coup porté à la bande de Gaza et la neutralisation d’une partie significative des combattants terroristes peuvent permettre à l’État d’Israël de mettre fin à la guerre et d’évacuer la bande de Gaza au profit des kidnappés.

A la guerre on peut toujours revenir. La vie des kidnappés, qui meurent dans les tunnels du Hamas, ne pourrait pas être récupérée. C’est le moment de prendre des décisions, aussi douloureuses soient-elles, car chaque jour le nombre de ceux qui restent encore en vie diminue de plus en plus. En temps de guerre, une armée forte comme Tsahal sait se retirer d’un combat pour des raisons tactiques, sans que sa décision ne soit considérée comme une capitulation. Alors, qu’est-ce qui empêche un accord ? Dans un sondage d’opinion du 7 mai, 59% pensent que cela découle des considérations politico-personnelles de Netanyahu.

Gantz et Eizenkot déclarent en boucle que leur priorité est le retour des kidnappés. Cependant, lorsque arrive le moment de vérité, un vote au sein du cabinet de guerre, ils s’alignent avec le patron, Netanyahu, et lui permettent de rejeter ou de torpiller chaque proposition. Pourquoi Gantz et Eizenkot continuent à soutenir Netanyahu ? Au diable la vie des kidnappés. Au diable nos relations avec notre ami le plus fidèle, les États-Unis ; au diable l’opposition du monde à la poursuite de la guerre, malgré son soutien à ses débuts ; au diable l’opinion publique mondiale, au diable la paix avec les Égyptiens. L’essentiel est la démonstration de force, comme un taureau blessé dans les arènes.

Israël est toujours embourbé dans le stigmate selon lequel seule la force parviendra à maîtriser ses ennemis. Il garde en mémoire peut-être l’image des milliers de chaussures des soldats égyptiens qui se sont sauvés pour préserver leur vie pendant la guerre des Six Jours. Aujourd’hui, nous avons affaire à un ennemi fondamentaliste, cruel jusqu’à l’inconcevable. Ses terroristes sont formés pour le Jihad et combattent tout en sachant que leur fin sera la mort.

Netanyahu s’efforce de sauver sa personne, tant du point de vue des conclusions d’une enquête d’État qui sera créée ainsi que de son procès qui avance. Mais de quoi Gantz et Eizenkot ont-ils peur ? Quant aux membres de la coalition en place lors du massacre du Shabbat noir, comment peut-on expliquer leur silence.

Comme à Sodome, si la coalition ne trouve pas cinq « justes » qui feront tomber le gouvernement de Netanyahu, la pérennité de l’État hébreu est en danger. Ivre des sondages, Gantz lance des déclarations et des messages aux médias, détachés de la réalité et surtout irréalisables : « Nous rapatrierons les kidnappés, nous vaincrons le Hamas, nous renforcerons notre emprise sur les points stratégiques de la bande de Gaza… ». Des déclarations contradictoires et futiles. Son maintien avec Eizenkot et leur parti au sein du gouvernement n’apporte rien depuis des mois.

Aujourd’hui, le pays est à l’épreuve de son existence. Ne pas libérer les kidnappés, à tout prix, sera considéré comme une défaite qui restera gravée dans la mémoire collective du pays et des Juifs de la diaspora. Un formatage politique est nécessaire pour éloigner tous ceux qui nous ont conduits au 7 octobre. Ceux qui coopèrent encore avec le gouvernement actuel doivent être bannis.

Netanyahu et ses valets devraient être accusés d’aveuglement négligent envers l’État. Toute tentative de poursuivre la politique intrigante et égoïste qui domine depuis l’assassinat d’Yitzhak Rabin aggravera la situation et augmentera le danger de la destruction de l’État d’Israël.

à propos de l'auteur
Né en 1947 à Meknès au Maroc, il a vécu en Israël de 1962 à 1988 avant de s’installer à Paris en 1988. Éditeur franco-israélien, il a conçu et dirigé à Paris de nombreux projets culturels, en particulier : une galerie d’art israélien moderne, un club littéraire et artistique autour du judaïsme contemporain et une librairie-café méditerranéenne. Il a conçu et dirigé, en 1998 le stand Israël Hote d’honneur (400 m2) au salon du livre et de la presse de Genève. Auteur d’une thèse de doctorat socio-littéraire sur la littérature israélienne, traduite et publiée en français, depuis la création d’Israël (1948) jusqu’à nos jours, il a publié deux bibliographies : • 2000 titres à thème juif - 1420 biographies d’auteurs", préfacée par Emmanuel Le Roy Ladurie, éd. Stavit, Paris 1998 ; • Littératures d’Israël, éd. Stavit, Paris 2003. Auteur bilingue (Hébreu-Français), il a publié : • A L’Autre Parnasse - Confessionsde femmees dans un café littéraire, roman paru en hébreu et en français en 2011, en anglais et en espagnol en 2013, éd. StavNet. • A l'Ombre des Murailles - souvenirs d'enfance du mellah de Meknès, Maroc, paru en hébreu et en français en 2015, en anglais et en espagnol en 2023, éd. StavNet. • Israël : politique et société – De Ben Gourion à Netanyahu, paru en Français, en Anglais et Allemand en 2021, ed. StavNet. • Trilogie pour enfant, écrite en hébreu et accompagnée de traduction en Français, illustrée par Alec Borenstein. Papi, vient vite ! Papi, tu dérailles ?!, Papi vient au dsert ! Mickael Pariente publie régulièrement des articles d'opinion dans la presse israélienne : Le Haaretz, Times of Israel, Ynet, Itonout... et en France, Libération, Le Monde...
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