France : la ville d’Orange honore la mémoire de la Shoah

Le théâtre romain d'Orange (Vaucluse) témoigne de l'engagement de la ville dans la transmission de la mémoire de la Shoah à travers des projets éducatifs et citoyens. (Crédit photo: Houda Belabd)
Le théâtre romain d'Orange (Vaucluse) témoigne de l'engagement de la ville dans la transmission de la mémoire de la Shoah à travers des projets éducatifs et citoyens. (Crédit photo: Houda Belabd)

La ville d’Orange s’engage, depuis des lustres, à transmettre la mémoire de la Shoah à travers des projets éducatifs, des partenariats et des débats citoyens, formant des jeunes contre l’intolérance. Mais encore?

La ville d’Orange inscrit son action éducative dans une volonté profonde de préservation et de transmission de la mémoire de l’Holocauste. À l’heure où les derniers témoins directs disparaissent, ce travail d’anamnèse devient une responsabilité collective, portée avec rigueur et engagement par les acteurs locaux (enseignants, associations, et institutions culturelles). Leur mission : éveiller les consciences des nouvelles générations, en éclairant l’histoire de la Shoah et en les armant contre les résurgences de l’antisémitisme.

Chaque année, les écoles et les structures culturelles d’Orange élaborent des projets en partenariat avec le Mémorial de la Shoah de Paris. Conférences, projections de films documentaires et expositions itinérantes tissent un fil vivant entre passé et présent. Ces initiatives permettent de donner un visage humain aux victimes et de transmettre des récits de survivants. L’exposition « Les Enfants de la Shoah » a ainsi marqué les esprits en retraçant les trajectoires d’enfants emportés par la tourmente, donnant une profondeur émotionnelle au parcours historique.

L’enseignement de l’Holocauste ne se résume pas à la restitution des faits. Grâce aux formations dispensées par le Mémorial, les enseignants d’Orange acquièrent des outils adaptés à une approche sensible et réfléchie de cette histoire tragique. Ces sessions de formation favorisent l’échange de bonnes pratiques entre enseignants et ouvrent un espace de réflexion autour des défis contemporains de la pédagogie : comment rendre cette mémoire intelligible, pertinente et vivante pour les élèves d’aujourd’hui ?

L’école devient ici un lieu de dialogue, où l’on explore les valeurs républicaines à travers des débats sur la tolérance, la dignité humaine et la lutte contre les préjugés. Ces discussions ne sont pas cloisonnées à l’étude de la Shoah mais s’étendent aux formes actuelles de racisme, de xénophobie et d’exclusion, faisant écho aux tragédies contemporaines comme les migrations forcées. La mémoire devient ainsi un outil de vigilance face aux dérives présentes et futures.

Une mémoire vivante au service de l’avenir

Les associations locales, à l’instar du Collectif pour la Mémoire de la Shoah en Provence, participent activement à cette transmission. Elles accompagnent les établissements scolaires dans des projets pédagogiques ambitieux, comme les visites du camp des Milles à Aix-en-Provence. Ce site d’internement, témoin des déportations de la Seconde Guerre mondiale, offre aux élèves une immersion poignante dans la réalité de la persécution. Il constitue également un lieu de réflexion sur les mécanismes de la haine et les dangers de l’indifférence.

D’autres initiatives incluent des échanges avec des lycéens israéliens, favorisant un dialogue interculturel et une compréhension plus large du destin du peuple juif. Ces rencontres permettent aux jeunes d’Orange de dépasser la seule chronologie de la Shoah pour appréhender la richesse et la complexité de la vie juive contemporaine, en Israël et au-delà.

L’action éducative menée à Orange incarne une approche holistique de la transmission de la Shoah. En multipliant les perspectives (des témoignages, visites de lieux de mémoire, échanges internationaux), la ville s’efforce de faire de cette histoire, non pas un récit figé dans le passé, mais un enseignement vivant pour le présent. Cette transmission ne se veut pas uniquement historique, mais aussi morale : former des citoyens éclairés et conscients des responsabilités qui leur incombent dans une société démocratique.

Alors que le temps efface peu à peu les voix des témoins, les projets portés par la ville d’Orange prennent une dimension d’autant plus cruciale. La mémoire de la Shoah ne saurait rester une simple injonction de commémoration : elle est une vigie face aux dérives de l’intolérance et une invitation à défendre sans relâche les valeurs de justice et d’humanité. À travers ces initiatives éducatives, Orange rappelle à la jeunesse que la transmission est non seulement un devoir, mais un engagement nécessaire pour que l’obscurité du passé ne vienne jamais obscurcir l’avenir.

à propos de l'auteur
Journaliste avec préméditation, auteure en devenir et poétesse du dimanche, Houda nourrit une passion profonde pour le patrimoine juif, notamment celui de la région PACA en France, où elle a séjourné. Ses recherches dans ce domaine, enrichies par ses échanges avec des experts et chercheurs, l'ont menée à explorer les traces du patrimoine judéo-provençal. À travers ses rencontres et ses découvertes, elle a développé un intérêt sans cesse grandissant pour ces héritages oubliés, tout en s'imprégnant des écrits majeurs de figures comme Maïmonide, dont l'influence résonne toujours dans cette région au carrefour des cultures.
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