Face au fracas du monde, nous sommes là !
Que faire dans notre vie face à ce que nous vivons en Israel, que faire avec nos surcharges émotionnelles.
Que faire face à la douleur déchirante chaque matin à l’annonce des jeunes qui tombent dans une guerre sans fin ? Que faire face aux otages qui meurent dans les tunnels ? Que faire face au tragique de notre condition juive ? Que faire face aux déferlements de haine anti-juive sous couvert d’antisionisme et de soi-disant défense d’un peuple palestinien sorti de nulle part dans l’histoire ; peuple, nation qui n’a jamais existé avant 1967 et qui n’existe qu’en miroir de l’existence d’Israel ?
Nous faisons face et résistons contre ce fracas du monde. Que mon ami me pardonne d’avoir emprunté ce terme qui est le titre de son blog.
La poésie yiddish est là pour nous rappeler que rien ne change le tragique de la condition juive.
- Itzhak-Leibush Peretz, poète yiddish tour à tour et quelque fois simultanément socialiste, mystique, réaliste, romantique et symbolique, fut le centre de la vie littéraire juive en Pologne et dans le monde.
Réconfortez[1]
Réconfortez mon peuple, il lui faut réconfort
Faites son coeur plus ferme et son esprit plus fort
Ne soyez pas le vent qui éteint la flammèche
Attisez-la plutôt, car la nuit est poison
Versez de l’huile encore, époussetez la mèche
Car la nuit est venin et le sommeil est mortRéconfortez mon peuple, il lui faut réconfort
Faites son coeur plus ferme et plus fort son esprit
L’on a vu s’embraser déjà plus d’une nuit
Être victorieux déjà plus d’un combat
Où le drapeau jamais de nos mains ne tombaIl se dresse – aussi fort que muraille de fer
Dans le chaos de mer dont bouillonnent les lames
Ô faites fort mon peuple et soufflez sur sa flamme
Ô faites fort mon peuple et qu’il ne s’affaiblisse
Que les forces de vie radieuses jaillissent
En colonne de feu dans la nuit qui surgitLa nuit chante, veillant le jour comme vigie
Décochez, flèche d’or, son rayon lumineux
Pour saluer là-haut la colonne de feu
Réconfortez mon peuple, il lui faut réconfort
Faites son coeur plus ferme et son esprit plus fort
- Hirsh Glik, poète yiddish acquis une immense popularité dans le ghetto de Vilno, et son plus fameux poème devint l’hymne de l’organisation armée de la résistance juive dans les ghettos de Vilno et de Varsovie… Il meurt au combat en Estonie en 1944.
Nous sommes là[2]
Ne dis jamais que tu prends ton dernier chemin
Quand les jours bleus sont écrasés sous un ciel bas
L’heure viendra que nous avons tant espérée
Frappant le sol nos pas diront : nous sommes làDes palmiers verts jusqu’au lointains pays neigeux
Nous sommes là ! Le coeur en peine et douloureux,
Où notre sang goutte à goutte fut semé
Notre courage et notre force vont germerSoleil futur tu embellis le jour présent
Hier est l’ombre où disparaîtront nos tyransSi le soleil se perd avant le jour levant
Tel un appel d’âge en âge soit notre chants
Il fut écrit, ce chant, par la sang, par le feu
Ce n’est pas le chant d’un oiseau dans le ciel bleuQuand tout brûlait, parmi les murs qui s’écroulaient
Fusil en main mon peuple a chanté ces couplets
Ne dis jamais que tu prends ton dernier chemein
Quand les jours bleus sont écrasés sous un ciel bas
Frappant le sol nos pas diront : nous sommes là
Nous sommes là et pour toujours face au fracas du monde. עם ישראל חי[3]!
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[1] Réconfortez de Itzhak-Leibush Peretz (1852-1915), dans Anthologie de la poésie yiddish, le miroir d’un peuple, éditions de Charles Dobzynski, Gallimard, 2000.
[2] Nous sommes là de Hirsh Glik (1922-1944), dans Anthologie de la poésie yiddish, le miroir d’un peuple, éditions de Charles Dobzynski, Gallimard, 2000.
[3] עם ישראל חי / Am Israel Hai / Le peuple d’Israël est vivant.