Face au Djihad, combien de divisions pour résister ?
D’abord, une explication : vous trouverez beaucoup de chiffres dans ce blog, peut-être trop. Ayant été ingénieur pendant toute ma vie professionnelle, je crois encore à l’importance d’évaluer précisément, de dimensionner toute information, et cela le discours politique l’évacue trop souvent derrière de belles phrases.
Après lecture des publications des « collègues bloggeurs » ayant traité ici des horribles attentats de Paris, j’y ai trouvé beaucoup d’analyses sur l’état de la société française, sur les raisons d’espérer ou de désespérer du gouvernement ou sur les raisons de faire ou de ne pas faire son Alyah maintenant ; aussi, beaucoup de passion mais pas d’évaluation quantitative sur la guerre qui nous est déclarée : un Djihad mené par un ennemi fanatique, avec des kalachnikov utilisées dans un terrorisme urbain.
Les chiffres qui suivent, je ne les ai pas inventés bien sûr, et on peut les collecter au fil des articles de presse et informations disponibles : mais je pense intéressant de tout regrouper pour vous donner une vue d’ensemble de la bataille qui commence. Je le ferai donc en déroulant, successivement, les différents fronts de cette sale guerre qui nous est déclarée
1. Surveillance du territoire et filature des djihadistes
Plus de 1.250 : C’est le nombre de jeunes Français partis faire le Djihad rien que pour les filières syrienne et irakienne, sans compter donc ceux entrainés au Yémen, dans la zone pakistano-afghane ou ailleurs.
Cette évaluation a été donnée par le Premier Ministre Manuel Valls dans son discours « historique » à l’Assemblée Nationale, mardi 13 janvier.
Parmi eux, des dizaines ont été tués, beaucoup de rentreront pas, mais si on se donne la fourchette basse de 10 % de retour cela donnerait quelques 150 tueurs prêts à frapper dans les prochaines semaines ou mois.
Plus de 3.300 : Ce sont les effectifs de la D.G.S.I, Direction Générale de la Sûreté Intérieure. Créé il y a peu (mai 2014) par le regroupement de l’ancienne D.S.T et des Renseignements généraux, elle est loin de dédier tous ses moyens à la lutte anti-terroriste, car entrent aussi dans ses attributions le classique contre-espionnage contre des puissances étrangères, la lutte contre les organisations criminelles internationales, la surveillance des milieux extrémistes et autres.
L’estimation officieuse est que le tiers des effectifs de la DGSI est dédié à la lutte contre les djihadistes. Nombre notablement insuffisant : 432 postes ont donc été créés récemment, et ils ne seront pas opérationnels immédiatement car bien des compétences sont requises (informaticiens, interprètes, etc.)
Une vingtaine : C’est le nombre d’agents de la D.G.S.I qu’il faut mobiliser par roulements 24 heures sur 24 pour surveiller un noyau de terroristes, le réseau logistique autour nécessitant bien entendu des renforts ; sans être particulièrement doué en mathématiques, on réalise la difficulté qu’il y aurait à surveiller en même temps les fameux 150 djihadistes qui seraient déjà présents ou à venir sur notre sol …
2.000 : C’est le nombre de personnes, par an, que les six services de renseignement peuvent surveiller au moyen des classiques écoutes téléphoniques, d’après Jean-Jacques Urvoas, député, spécialiste des questions de sécurité et Président de la commission des Lois à l’Assemblée : un chiffre ridicule, admet-il dans une interview au « Figaro » (14 janvier) ; il va falloir, très vite, assouplir le cadre juridique et permettre une vraie surveillance des « espaces privés » utilisés maintenant par les terroristes (Internet, FaceBook, Skype, etc.)
2. Protéger la communauté juive et défendre les sites stratégiques
4.700 : C’est le nombre de gendarmes, militaires et policiers mobilisés pour défendre les institutions, écoles et lieux de culte de la communauté juive. Il y en a 717 au total, cela fait donc en théorie et par site plus de 6 agents armés ; lourdement armés pour beaucoup, on voit maintenant à l’entrée de synagogues des soldats avec fusils-mitrailleurs et gilets pare-balles.
Mais deux remarques : premièrement, cette protection ne concerne pas les innombrables commerces, restaurants cashers et autres « lieux de vie » ; deuxièmement, une certaine protection sera aussi assurée – par une partie de ces forces – aux lieux de culte musulmans, non menacés par le terrorisme mais qui ont fait l’objet de plusieurs agressions, tirs et menaces depuis les attentats. On n’a donc pas une protection totale de toute la « vie juive » en France, et cette protection est impossible.
10.000 : C’est le nombre total de militaires mobilisés pour défendre le territoire national, gares, transports publics, sites stratégiques divers, commissariats de police, édifices publics, etc. C’est beaucoup, même si certains font partie aussi des 4.700 mentionnés ci-avant.
34.000 : C’est le nombre de postes de militaires et agents de la Défense Nationale qui devaient être supprimés par mesure d’économie. François Hollande vient de décider de freiner ce programme de réduction des dépenses, mais l’état des déficits contraint plutôt à économiser partout, et de manière de plus en plus urgente : une vraie communication de crise sera donc nécessaire pour expliquer aux Français qu’en temps de guerre il faut changer certaines priorités !
3. Prévenir la radicalisation dans les prisons
67.000 : C’est le nombre de détenus dans les établissements pénitenciers français. Le pourcentage de Musulmans est bien sûr un chiffre tabou, mais les chaines de télévisions évoquent une fourchette de 50 à 60 %. Le danger est bien sûr la radicalisation de certains au contact de la petite minorité de détenus dangereux, condamnés pour faits de terrorisme ou ayant vécu à la lisière du grand banditisme et de l’endoctrinement islamiste. Manuel Valls a évoqué leur possible regroupement dans son discours du 13 janvier.
Une douzaine : Ce sont les effectifs du « Bureau de renseignement pénitentiaire », d’après le blog du député Jean-Jacques Urvoas : à nouveau, un chiffre ridiculement faible pour surveiller les détenus susceptibles de se radicaliser après un séjour en prison, en suivant ainsi le parcours des Mohamed Merah, Chérif Kouachi, Amedy Coulibaly ou Mehdi Nemmouche.
0,2 % : C’est le pourcentage du budget dédié à la Justice dans notre pays, et qui explique bien des insuffisances : manque de place dans les prisons, promiscuité entrainant les « contagions » extrémistes, laxisme de tribunaux débordés qui hésitent à envoyer en prison, ou qui libèrent certains détenus rapidement et de manière irresponsable, comme ce fut le cas de Coulibaly.
4. Cinquième colonne et « complotisme » sur Internet
21.000 : C’est le nombre de « tweets » #jesuisKouachi, enregistrés en deux jours, en réponse aux millions de #jesuisCharlie : le Président du CRIF, Roger Cukierman, devait dénoncer sur SkyNews la « complicité criminelle » de Twitter avec les supporters des assassins ayant décimé « Charlie Hebdo ». Tweeter, cette fois, a reculé en supprimant ce sinistre « Hachtag », mais ce chiffre effroyable illustre deux choses que l’on devinait bien avant : le fait que des dizaines de milliers de personnes s’identifient aux terroristes, et donc sont pour certains, susceptibles de leur apporter un support logistique ; le rôle plus qu’inquiétant des réseaux sociaux dans la promotion du terrorisme.
13 : C’est le nombre de policiers de la plate-forme « Pharos », chargée justement de centraliser les signalements sur Internet, en liaison avec une centaine de leurs collègues de « l’Office central de lutte contre la cybercriminalité ». Précisons tout de suite que sur les plus de 160.000 signalements annuels faits par des Internautes (dernières statistiques), la majorité ne concernent ni le terrorisme, ni les messages menaçants envers les Juifs : trafics, pédo-criminalité, menaces diverses sont aussi au menu et la plate-forme jouant un rôle d’aiguillage a fort à faire. Elle peut même être débordée : il en a été ainsi ces derniers jours, où le portail du Ministère de l’Intérieur a été saturé par plus de 4.000 signalements !
20 % : C’est le pourcentage, effrayant, de jeunes qui croient aux théories du complot ; théories qui n’on fait que croitre de manière maligne par le fait d’Internet depuis le 11 septembre 2001. Comme l’écrit Ghislain de Violet, journaliste d’Europe 1, « François Hollande, la CIA ou Israël, les véritables responsables de l’attaque contre « Charlie Hebdo » et l’Hyper Casher de Vincennes ? C’est en tout cas le genre d’explications que des enseignants ont entendu, effarés, dans la bouche de leurs élèves suite aux attentats sanglants de la semaine dernière » ; un conspirationnisme qui explique en grande partie les quelques 200 incidents recensés depuis le 8 janvier dans des classes lors de la minute de silence organisée en hommage aux victimes, selon Najat Vallaud-Belkacem. »
Un cinquième de la jeunesse française ne comprend donc rien à cette guerre ; et risquerait, pour certains, de passer du côté des djihadistes si cela tournait vraiment en guerre civile.
5. Et pour finir … ne pas oublier les pilotes britanniques de l’été 1940 !
A celles et ceux qui seraient effrayés par la modestie des forces que la France peut opposer au Djihad qui nous est déclarée, je propose de retenir un dernier chiffre. Nous sommes au début juillet 1940, l’armée nazie a conquis en quelques semaines toute l’Europe occidentale, sauf le Royaume-Uni. Hitler va lancer son aviation pour mettre le pays à genoux, à coups de bombardements massifs et de bombes incendiaires.
En face, 1.103 jeunes pilotes au début, moins que de « Spitfire » et de « Hurricane » disponibles … et pourtant, ils sont arrivés à gagner ! Ne les oublions jamais, pour leur sacrifice (417 sont morts), mais aussi parce que si peu ont résisté aux nazis, comme nous résisterons aux nazis d’aujourd’hui.