Évidence

Evidence. (Crédits : Daniel Suraqui)
Evidence. (Crédits : Daniel Suraqui)

Définition du mot évidence : Caractère de ce qui s’impose à l’esprit avec une telle force qu’on n’a besoin d’aucune autre preuve pour en connaître la vérité.

Imaginons que le 8 octobre, tous les partis sionistes se soient unis pour former un gouvernement d’union nationale, notre situation n’eut-elle pas été dramatiquement meilleure aujourd’hui ? La réponse à cette question est évidente pour la vaste majorité des citoyens. Dans un passé relativement récent, au cours de situations dramatiques, c’est ainsi que nous avons réagi.

A la veille de la guerre des six jours, le Premier ministre israélien Levi Eshkol a formé un gouvernement d’union nationale le 1er juin 1967. Cette décision visait à renforcer l’unité et à préparer le pays à la guerre. Eshkol, qui était à la fois Premier ministre et ministre de la Défense, a accepté de nommer Moshe Dayan comme ministre de la Défense.

Durant la guerre du Kippour, les principaux partis d’opposition, y compris le Likoud dirigé par Menahem Begin, ont soutenu le gouvernement de Golda Meir. Ils ont reconnu l’importance de présenter un front uni pour maintenir le moral du public et des forces armées.

Le 7 Octobre la population israélienne a été sidérée et de nombreux mois plus tard nous sommes encore sous l’emprise du choc et de l’incompréhension. Dès le 8 Octobre un mot clef est apparu sur toutes les lèvres quelques soient les opinions politiques et ce mot-là est « union ». On a vu dans nos villes fleurir des affiches : « Soyons unis et rien ne pourra nous vaincre » ! L’union dans la tourmente est un instinct de survie dont nous n’avons pas été dépourvu au cours de circonstances dramatiques du passé.

Pourquoi aujourd’hui sommes-nous privés de ce bon sens élémentaire ? N’est-ce pas une évidence qu’un gouvernement uni aurait été bien plus fort pour assurer notre défense et pour résister aux critiques des puissances hostiles et des institutions internationales mal intentionnées ? Par-dessus tout, n’est-ce pas une évidence que chacun d’entre nous se seraient sentis plus forts, plus sereins, en sachant que nous avons un gouvernement qui représente l’ensemble de la nation. Cette union aurait eu un effet thérapeutique sur nous, nous aurions été bien plus forts pour résister aux pressions de nos ennemis, et parfois à celles de nos alliés quand celles-ci nous paraissent injustes.

Pourquoi ce sentiment populaire ne s’est pas traduit à l’échelon politique ? Un Israël uni est une force en soi-même aussi importante que nos forces armées, le consensus non seulement renforce notre cohésion, mais est aussi un bouclier envers l’extérieur.

Au lieu de cela, une fracture nous sépare. Il est clair que le gouvernement en place ne jouit pas de la confiance du peuple. A l’extérieur, les opinions publiques, les gouvernements, critiquent et parfois se déchaînent contre le gouvernement ‘Netanyahou’ rendant encore plus inconfortable la masse des citoyens qui n’approuvent pas la gestion du Premier ministre, mais qui savent pertinemment bien que par le biais de Netanyahou, c’est Israël qui est visé.

La conséquence du 7 Octobre, logiquement, aurait dû être l’union, comme cela s’est fait en 1967 et 1973. Or, c’est la désunion qui nous a touchés, tout comme elle a touché le peuple d’Israël lors de la grande révolte contre les romains, qui nous a valu 19 siècles d’exil. Attention, nous sommes en danger ! « Ce qui a été, c’est ce qui sera, et ce qui s’est fait, c’est ce qui se fera, il n’y a rien de nouveau sous le soleil ». Les mêmes actions entraînent les mêmes effets. Nous avons eu un avertissement le 7 Octobre, si nous ne nous redressons pas, une catastrophe encore de plus grande ampleur pourrait nous affecter.

Nous conduisons un bolide en direction d’un mur ; nous pouvons freiner, pour cela il faut que les intérêts particuliers laissent place à l’intérêt général. Pourquoi ne pas se mettre d’accord sur un gouvernement d’union nationale ayant à sa tête l’actuel Premier ministre qui dirigerait le pays jusqu’à la tenue d’élections fixée dans quelques mois ? Une telle solution propagerait une onde de confiance, nous rendrait plus forts, et nous permettrait d’affronter les problèmes sécuritaires qui nous entourent.

Voilà huit mois que nous aurions dû nous unir, il est encore temps, ne répétons pas les erreurs du passé. Le traumatisme du 7 Octobre nous a déstabilisés, n’est-il pas évident que si nous continuons sur la même pente, d’autres épreuves encore plus dures pourraient se produire ? Apprenons les leçons du passé. Unissons-nous, c’est une évidence.

à propos de l'auteur
Dr. Daniel Suraqui est physicien nucléaire. Il a été enseignant à l’Université de Jérusalem puis a développé des systèmes informatiques. En 2011, dans le cadre de la compagnie dont il est le fondateur, il a été le premier à développer une application sur Androïd, un clavier révolutionnaire appelé SlideIT qui a été utilisé par des millions d’utilisateurs et qui est basé sur de nombreux brevets. Après lui, d’autres compagnies ont utilisé cette technologie de sorte qu’aujourd’hui ce type de clavier existe dans toutes les langues et pratiquement dans tous les téléphones. Il a également écrit plusieurs livres et est un passionné d’Histoire.
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