Et si la communauté internationale avait bâti une coalition contre le Hamas… 2/2
1ère partie : https://frblogs.timesofisrael.com/et-si-la-communaute-internationale-avait-bati-une-coalition-contre-le-hamas-1-2/
C’est un cri de désarroi et d’indignation que je lance quand je vois la situation actuelle d’Israël, la solitude presque absolue face aux menaces constantes des organisations terroristes.
Entre le Hamas, le Hezbollah et les Houthis du Yémen, tous soutenus par l’Iran, et auxquels s’ajoute discrètement, mais suffisamment pour occuper des forces de Tsahal, la Judée Samarie que d’aucuns se plaisent à appeler « Cisjordanie », Israël doit se débattre tout seul. Cette solitude, cet isolement, cet abandon sont encore plus révoltants et plus poignants quand on songe à la réponse de la communauté internationale aux menaces terroristes posées par des organisations comme Al-Qaïda ou Daech. Pourquoi ne pas forger une coalition contre le Hamas comme elle a su le faire pour les autres groupes ?
Et comment ne pas éprouver un sentiment de colère quand on songe aux otages, dont Israël peine à obtenir la libération, et dont la communauté internationale se désintéresse totalement, alors qu’elle sait qu’ils sont livrés aux mains de tueurs sanguinaires ? Les manifestations pour leur libération ont lieu presque exclusivement en Israël, ce qui renforce le sentiment d’isolement dont souffre tout le pays. Pourquoi ne voit-on pas des mouvements mondiaux exigeant leur libération alors que les manifestations pro-palestiniennes, et donc en faveur du Hamas, se multiplient partout ? Cette différence de traitement, ce « deux poids deux mesures » de la part des pays occidentaux est inacceptable, pour ne pas dire scandaleux.
Dans de telles conditions, seule aujourd’hui, dans une guerre atypique et de surcroît multi-fronts, et qui exige le respect du Droit international même si l’autre ne le respecte pas, Tsahal réussira-t-elle à mettre ses ennemis hors d’état de nuire ? Certainement, si on lui en laisse le temps, ce que la communauté internationale ne semble pas disposée à accepter.
Peut-on espérer une reddition du Hamas ? Certainement pas avant qu’il n’y soit contraint. La mort des civils, quel que soit leur âge, laisse les organisations terroristes de glace. Pis encore ; elles se réjouissent quand le nombre de victimes augmente, car elles sont convaincues que c’est le prix à payer pour que règne un jour sur le monde le Califat. Alors, comment ne pas s’inquiéter pour Israël ?
De la nécessité d’une coalition
Même si on a comparé le 7 octobre au 11 septembre sur le plan de l’horreur, ou encore à 10 Bataclan, il reste que la guerre contre le terrorisme menée par l’Occident contre Al-Qaida et Daech est fort différente de celle que mènent les Israéliens contre les organisations terroristes. Elles n’ont en commun que leur ennemi : le terrorisme islamiste.
Pour lutter contre le terrorisme, les avantages d’une vaste coalition ne sont plus à démontrer. Les États-Unis et la France ont organisé des coalitions, dans un cas pour lutter contre Al-Qaïda et dans l’autre contre Daesh (EI). De même, en avril dernier, quand l’Iran a attaqué Israël, la coopération entre États a joué un rôle non négligeable. Voyons quelques avantages d’une coalition
1. La collaboration
L’Amérique et ses alliés reconnaissent que c’est grâce à la collaboration des « États qui les appuient », et grâce à un soutien sans faille « qui a permis une coopération entre les services de renseignements, qu’ils ont pu contrer la menace posée par Al-Qaïda, la disperser et l’affaiblir. Sans la coalition qu’elle a organisée contre Daech, la France n’aurait certainement pas réussi à affaiblir cette organisation.
Souvenons-nous aussi qu’en avril dernier, les pays arabes ont fourni, du moins aux dires des Américains, des renseignements sur l’attaque de l’Iran grâce auxquels Israël a pu se préparer. Sans la coopération avec les États-Unis, la Grande-Bretagne, la Jordanie. La France, les Émirats et l’Arabie saoudite, Israël n’aurait pas pu mener la contre-attaque en un temps record et avec un minimum de dommages.
Pourquoi, alors, n’y a-t-il pas de coalition internationale pour soutenir l’armée israélienne dans sa lutte contre le Hamas alors qu’il est aussi dangereux, sinon plus, que Al-Qaïda et Daech réunis ?
Or, en l’absence d’une coalition dans une guerre contre la terreur, partage et renseignements sont quasi-inexistants sauf parfois, mais pas toujours, quelques informations ou renseignements fournis par les États-Unis. Israël se voit donc condamné à porter seul le poids de la guerre la plus difficile qui soit. En effet, comment livrer combat, tout en respectant le droit international, contre une armée de terroristes où sont effacées les divisions traditionnelles (soldats/ civils), où l’ennemi se confond avec la population, se sert des civils comme boucliers humains, et trouve refuge dans des lieux intouchables en temps de guerre (écoles, hôpitaux, organisations humanitaires).
2. La non-implication des pays musulmans
« De plus, nous dit-on, le monde musulman ne s’est pas rallié à la cause de Ben Laden ». L’Amérique et la France n’avaient donc pas à craindre la réaction des pays musulmans lesquels, étant eux-mêmes concernés par le terrorisme, ont choisi de s’allier à l’Occident.
Dans la guerre d’Israël contre le Hamas, certes, le monde musulman, plus précisément l’Égypte et la Jordanie, ne se sont ralliés officiellement à aucune des deux organisations terroristes. Non parce qu’ils soutenaient Israël dans son combat, mais bien parce qu’ils n’ont qu’un souci : se préserver de l’emprise des Frères musulmans, fondateurs du Hamas, qu’ils craignent comme la peste.
Leur crainte est telle que, contrairement aux pays occidentaux qui autorisent des millions de personnes à manifester leur soutien au Hamas, les États arabes ont frappé d’interdiction les manifestations, et imposé des sanctions très lourdes à ceux et celles qui braveraient leur ordre.
Toutefois, comme ils n’ignorent pas que leurs populations sont solidaires des Gazaouis, ils ont jugé bon de dénoncer avec vigueur l’attaque israélienne et se sont gardés de condamner ouvertement les monstruosités du Hamas. C’est aussi la crainte irrépressible des Frères musulmans qui explique leur implication pour aboutir à un cessez-le-feu. Et la communauté internationale, qui les couvre d’éloges pour les efforts qu’ils fournissent en vue de la cessation des combats, sait pertinemment que tous leurs gestes sont dictés uniquement par le besoin vital d’éloigner les Frères musulmans.
3. Pas de tribune pour les opposants
Troisième avantage, et non des moindres : « Ceux qui se sont élevés contre la guerre en Irak ont difficilement pu trouver une tribune », nous disent les chercheurs canadiens.
On ne peut pas en dire autant, hélas, de la guerre à Gaza et de celle qui se prépare contre le Hezbollah. Certes, au lendemain de l’attaque du 7 octobre, l’UE a condamné « avec la plus grande fermeté les attaques du Hamas » et s’est déclarée solidaire de l’État juif, lui reconnaissant, par la force des choses, le droit à se défendre. Quant aux pays arabes, exception faite de ceux qui ont officialisé leurs relations avec Israël et choisi le silence radio, les autres soit soutiennent le Hamas (Iran, Algérie, …) soit appellent à la désescalade.
Et aussi paradoxal et incompréhensible que cela puisse paraitre, on a le sentiment que ce massacre qui soulève des haut-le-cœur est à l’origine d’une flambée planétaire – je dis bien « planétaire » – de l’antisémitisme, comme le peuple juif n’en avait jamais connu depuis la fin de la Seconde guerre mondiale. Au lieu de susciter la réprobation à l’endroit du Hamas et des habitants de Gaza qui l’ont glorifié, ce massacre inqualifiable a suscité… un mouvement de solidarité envers les agresseurs ! En fait, la guerre a offert aux antijuifs une plateforme pour exprimer, sans encourir le moindre risque, leur haine inextinguible pour le peuple juif.
Vingt-quatre heures ont suffi pour déchainer les passions, pour que se multiplient à la vitesse grand V les tribunes où tous les antijuifs laissent exploser leur haine du peuple juif et de l’État juif. On a assisté alors non seulement à un déluge de mensonges, de condamnations et de menaces proférées par les terroristes, soutenus par l’ONU et partagés par la communauté internationale, mais aussi à des agressions armées contre des Juifs parce que juifs. Quelques exemples :
- Égypte : Le 8 octobre 2023, à Alexandrie, un policier égyptien tue deux touristes israéliens et un guide touristique égyptien;
- États-Unis : Le 9 octobre, soit 2 jours après le massacre, une souccah est vandalisée en Californie ;
- le 10 octobre, un homme casse la porte vitrée d’une synagogue ;
- le 11 octobre, à l’Université Columbia, une femme déchire des affiches des otages et frappe un israélien avec un bâton ;
- le 14 octobre, à New York, un homme frappe une femme au visage parce qu’elle est juive !
- France: Du 7 au 25 octobre 2023, on a recensé 719 « évènements ou incidents antisémites » ;
- Le 18 octobre, deux cocktails Molotov sont lancés sur une synagogue;
- Tunisie: Le 18 octobre 2023, la synagogue d’El Hamma est vandalisée ;
- L’ONU: Le 27 octobre, l’Assemblée générale des nations unies adopte une Résolution appelant à une « trêve humanitaire immédiate, durable et soutenue ».
Réaction de la communauté internationale face à la violence dirigée contre les Juifs : « Non » à une coalition !
C’est sa réponse. Pourtant, la formation de coalition pour combattre Al-Qaïda et Daech a montré ce que la communauté internationale peut accomplir lorsqu’elle s’unit. Alors pourquoi cette unité fait-elle défaut lorsqu’il s’agit de combattre le Hamas ? Pourquoi la communauté internationale est-elle si réticente, pour ne pas dire opposée, à la mise en place d’une coalition contre cette organisation dont les attaques sont tout aussi meurtrières et destructrices que celles des autres groupes ?
Évidemment, tous les Occidentaux ont tenté, tant bien que mal, de justifier leur refus.
La réponse du Canada à la coalition contre Al-Qaïda
Bien que le rapport canadien soit antérieur au 7 octobre et qu’il porte sur les avantages d’une coalition dans la guerre contre Al-Qaïda, il n’en demeure pas moins que les auteurs ne plaident pas en faveur d’une coalition. Ils n’en voient pas l’utilité car, selon eux, les autres mouvements terroristes ne sont pas aussi dangereux que Al-Qaïda. Ils en minimisent les risques et prétendent qu’ils ne se risqueront pas à l’imiter : « Peu d’entre eux partagent la vision apocalyptique imposante d’Al-Qaida ou son désir nihiliste d’accomplir cette vision par l’autodestruction », affirment-ils.
C’est peut-être ce que le Canada se plaisait à croire, tout comme les Israéliens d’ailleurs, avant la date fatidique du 7 octobre, avant ce jour où les Fous de Dieu ont prouvé au reste du monde qu’il se trompe royalement en s’imaginant qu’ils ne sont pas aussi dangereux que Al-Qaïda ou que Daech. Effectivement, nous avons pu constater que le comportement du Hamas est calqué en tous points sur celui d’Al-Qaïda.
La réponse de la France
1. Inutilité des coalitions
Pierre-Jean Luizard, directeur de recherche au CNRS, vous dira que les coalitions sont inutiles, mieux encore que « toutes les coalitions internationales formées contre des mouvements djihadistes ont finalement eu un effet contraire au but recherché ». Comment peut-il faire une telle déclaration alors qu’il admet par ailleurs que si l’objectif de la coalition contre Daech était « la destruction des bases de l’organisation en Irak et en Syrie, […] cette dimension territoriale est réussie ».
Certes, l’idéologie islamiste perdure et cela était à prévoir. Mais Israël ne vise rien d’autre que la destruction des bases du Hamas. Tsahal peine à chasser de Gaza les terroristes. Sans doute leur nombre est-il bien plus important que ne le laisse supposer l’évaluation de Tsahal.
2. Alliés d’Israël
Pierre-Jean Luizard juge le Hamas trop dangereux : « Contre l’État islamique, nous dit-il, il n’y avait pas le risque que représenterait une coalition contre le Hamas d’internationaliser le conflit ».
En réalité ce n’est pas tant une internationalisation du conflit qu’il craint, que les foudres des pays arabes qui considèreront la France comme un allié de l’État juif. « Cette coalition aurait fait paraître la France et les autres pays participants comme des alliés directs d’Israël et des ennemis des pays arabes […] et notamment à travers une intervention terrestre des soldats français dans la bande de Gaza », prévient -il. Être l’allié d’Israël, c’est hors de question ! Israël n’est pourtant ni un État terroriste, ni un État voyou ! Certes, non, c’est bien pire : Israël est un État juif !
Or, la raison qu’il invoque ne tient pas : d’une part, plusieurs pays arabes souhaitent ardemment, mais en silence, la victoire d’Israël contre le terrorisme des Frères musulmans et, d’autre part, les alliés ne feraient qu’assumer leur responsabilité face au terrorisme qu’ils se sont engagés à combattre (Résolution 1373 de l’ONU). Pour rappel, en 2013, la France n’a pas hésité à intervenir au Mali pour lutter contre le terrorisme islamiste. Mais concernant Israël, le directeur de recherche du CNRS ose nous dire :
3. « Ce n’est pas notre guerre » !
C’est là son principal argument. Autrement dit, la guerre au Mali, ou dans tout autre pays, exige que tous les membres de l’ONU assument leurs responsabilités en vertu de la Résolution 1373. Une exception cependant : Israël.
Et pour appuyer sa décision, Pierre-Jean Luizard s’abrite derrière les dires de spécialistes (lesquels ?) et les cite : « La proposition, beaucoup critiquée par les spécialistes, pourrait « accroître les divisions et aggraver les haines réciproques en nous entraînant dans une guerre qui ne devrait pas être la nôtre ».
Et pour adoucir le choc que produisent ses propos, il souligne que l’État juif a une des meilleures armées au monde et que, par conséquent, on ne peut pas lui imposer quoi que ce soit ! Qu’on me permette ce terme populaire : Foutaises !
Le terrorisme, un problème global ?
Le terrorisme islamiste est pourtant considéré par la communauté internationale et par l’ONU comme un problème global. C’est d’ailleurs ce qu’avaient souligné non seulement la France, mais aussi les chercheurs canadiens quand ils affirment dans leur rapport ce qui suit : « De la même façon qu’il était erroné de considérer les détournements d’avions de la compagnie El Al, dans les années 70, comme « le problème d’Israël », il est nécessaire d’agir pour défendre les idéaux libéraux qu’ont en commun les pays occidentaux, et nous ne pouvons décider à ce stade-ci de nous en laver les mains ».
Des mots, rien que des mots ! Contrairement aux dires des chercheurs canadiens, que fait d’autre la communauté internationale sinon « s’en laver les mains » quand elle considère que la guerre d’Israël contre le terrorisme n’est pas sa guerre, que c’est « le problème d’Israël » ?
Conclusion
La reconnaissance de la légitimité de la lutte d’Israël contre le Hamas, et un soutien concret de la communauté internationale, auraient été des signes importants de solidarité et de justice qui auraient réconforté tous les Juifs.
Si, en outre, une coalition avait été créée comme l’avait suggéré le Président français, elle aurait permis de « mieux cibler les terroristes auxquels on s’attaque, d’échanger l’information avec les partenaires, d’être plus précis, et d’épargner les civils ». Et comme le nombre de civils tués aurait été plus faible, l’image de l’État juif n’aurait pas été salie par les condamnations des organisations internationales (ONU, CPI, CJI), et les Juifs n’auraient pas servi de boucs émissaires à tous les mécontents de la planète, ils n’auraient pas été, comme c’est le cas actuellement, vilipendés, agressés, violentés physiquement et verbalement.
En revanche, l’indifférence des pays occidentaux face à la situation en Israël n’a fait que renforcer le sentiment d’isolement et de désespoir qui habite les Israéliens. Ajoutons que leurs critiques et leur passivité envoient également un message aux groupes terroristes : ils peuvent continuer leurs actions sans craindre une réponse internationale forte, ce qui a pour effet de prolonger le conflit et d’augmenter la souffrance des civils, qu’ils soient israéliens ou palestiniens.
Il est temps que la communauté internationale prenne ses responsabilités et agisse de manière cohérente face au terrorisme. Il est temps qu’elle ouvre les yeux et réalise que la lutte contre le Hamas mérite autant de soutien que celle contre Al-Qaïda ou Daech. Et il est temps qu’elle réalise aussi que les otages israéliens méritent autant d’attention et de mobilisation que ceux retenus par d’autres groupes.
Une coalition internationale pour soutenir Tsahal aurait été un pas important vers la résolution du conflit et la restauration de la sécurité en Israël. Hélas, la communauté internationale s’y est opposée, et, à nos yeux, elle est responsable si le conflit traîne en longueur.
Israël prendra le temps qu’il faudra pour vaincre tous ses ennemis, n’en déplaise à la communauté internationale.
Israël vivra, Israël vaincra !