Eliezer Ben Yéhouda, le prophète de la renaissance de l’Hébreu

Eliezer Ben-Yehuda, reconnu pour avoir contribué à la modernisation de l'hébreu, à son bureau à Jérusalem en 1912. (Shlomo Narinsky, première publication en 1918 à Jérusalem, via Wikimedia Commons)
Eliezer Ben-Yehuda, reconnu pour avoir contribué à la modernisation de l'hébreu, à son bureau à Jérusalem en 1912. (Shlomo Narinsky, première publication en 1918 à Jérusalem, via Wikimedia Commons)

Paris. 2008. Grâce à l’initiative de l’Académie de la Langue hébraïque (HaAcadémiah LaLashon HaIvrit), l’Assemblée générale de l’Unesco décide de rendre hommage à la figure emblématique d’Eliezer Ben Yéhouda (7 janvier 1858- 16 décembre 1922), couronnant ainsi une vie et une œuvre exceptionnelles vouées totalement à la résurrection de la langue hébraïque.

Cette reconnaissance internationale fait dire à l’Académie de la langue hébraïque que « le succès de l’hébreu prouve qu’une langue ancienne peut s’adapter à une nouvelle réalité ». En effet, le rêve d’Eliezer Ben Yéhouda, longtemps considéré comme une utopie, prend forme et se réalise du vivant même de ce visionnaire solitaire.

Issu d’une famille profondément hassidique, il est, dès sa plus jeune enfance, instruit dans l’étude des textes liturgiques hébraïques et des sources se rattachant à la tradition juive classique. Pourtant, inspiré par les nihilistes russes, il rompt avec son appartenance au peuple juif. Il avoue, cependant, que c’est à son attachement à la langue hébraïque qu’il doit sa non-assimilation à la nation russe.

Eliezer Ben Yéhouda est intimement persuadé que la rédemption d’Israël ne s’accomplira que par le renouveau de l’hébreu comme langue nationale : En 1877, il écrit : « Les Juifs ne peuvent être vraiment vivants que s’ils retournent au pays de leurs pères et qu’ils reviennent à la langue biblique »

Et encore : « l’Hébreu est la seule voie pour réaliser la rédemption de la nation juive ». Fidèle à cette vision, et sous l’influence de l’émergence des nationalités et du mouvement de la Haskala (Aufklarung), il décide, avec son épouse Dévorah Yonas, d’adopter l’hébreu comme langue vernaculaire.

Après avoir collaboré au Journal hébreu HaBaTSelet («Le Lys») en tant que rédacteur en chef-adjoint, il fonde en 1884 son propre Journal «HaTsVi» («Le Cerf»), véritable plateforme où il exhorte les jeunes pionniers et les futurs fondateurs de l’Etat d’Israël à ne s’exprimer qu’en hébreu.

Devenu enseignant à l’Ecole de l’Alliance Française Universelle, il n’a de cesse de vouloir propager l’hébreu. Malgré l’absence de manuels scolaires en hébreu, son entreprise se voit couronnée de succès. En 1891, la maison d’Eliezer Ben Yéhouda se transforme en Centre du Comité de la Langue hébraïque qui deviendra, en 1953, l’Académie de la Langue hébraïque.

Au terme de la Première Guerre mondiale, Eliezer Ben Yéhouda retourne en Erets Israël après avoir fuit les persécutions ottomanes. Le mérite lui revient d’assister à la reconnaissance de son œuvre majeure par l’Administration mandataire britannique qui déclare l’hébreu langue officielle en Erets Israël. Eliezer Ben Yéhouda s’éteint en 1922 mais son œuvre, la résurrection de l’hébreu, continue à vivre et s’épanouir.

L’hébreu, aujourd’hui couramment parlé, écrit et lu en Israël, témoigne des justes efforts de ce grand visionnaire qui aspira à lier tous les Juifs venus de tous les horizons mais divisés par une multiplicité de langues, par une langue commune, acceptable par tous[1].

L’hébreu constitua à n’en point douter le lien unificateur qui, de fait, permettra la résurrection nationale, spirituelle et culturelle du peuple juif sur la terre ancestrale promise à ses Patriarches, les premiers Hébreux.

[1] Le français et l’allemand, entre autres, ont brigué un temps l’honneur d’être cette langue commune à tous.

Les deux grands chanteurs Mati Caspi et ‘Hava Albershtein interprètent  » Eliezer Ben Yéhouda ».

à propos de l'auteur
Diplômé de l’Institut des Civilisations et Langues Orientales de Paris (INALCO) et certifié de l’Institut Catholique de Paris (ICP) enseigne la Bible (TaNa’Kh), sa langue, son éthique et son histoire. Installé, depuis son Alya en 1989 à Ashkelon, il participe activement au refleurissement d'Erets Israël. Végétarien par conviction morale, Haïm rêve d'une ère nouvelle où les grandes spiritualités pourraient se rencontrer en vue d'instaurer un monde meilleur. Convaincu que le retour du peuple d’Israël en Erets-Israël annonce la restauration de l'idéal de fraternité abrahamique, il encourage le dialogue interreligieux dans le respect de l'autre
Comments