Élections municipales

Les élections municipales ont été repoussées deux fois, mais elles finiront par se tenir le 27 février. Les électeurs doivent utiliser deux bulletins : un bulletin jaune pour désigner le maire et un bulletin blanc pour le conseil municipal.

Le maire peut être élu dès le premier tour s’il obtient plus de 40 % des voix. Sinon, un deuxième tour sera organisé le 12 mars. Ce scrutin se déroulant en pleine guerre, le taux de participation risque de s’en ressentir.

Déjà, les élections municipales mobilisent moins d’électeurs que celles pour la Knesset : 60 % contre 70 % en moyenne. L’instauration d’un jour de congé vise à résorber ce déficit. Mais cette fois-ci, d’autres éléments pourraient perturber le scrutin.

D’une part, les élections ne seront  pas organisées dans les 12 villes et communautés locales où les habitants ont été déplacés (Sdérot, Kyriat Shmona, les kibboutzim frontaliers de Gaza… ). D’autre part, les soldats de carrière et réservistes pourront voter là où il se trouvent, ce qui implique une logistique lourde et un décompte des voix compliqué.

Enfin, même si de plus en plus de réservistes ont été démobilisés, 500 candidats seront encore sur le terrain, privé du droit de faire campagne. Ce qui pourrait alimenter des contentieux électoraux.

Contrairement aux élections intermédiaires en France ou aux mid term aux États-Unis, le scrutin municipal en Israël n’a guère de valeur prédictive : très souvent les candidats sont sans étiquette et leur coalition comporte des partis qui s’opposent au niveau national. Ce qui ne signifie pas que ces élections seront dépourvues de suspens. Á Jérusalem, Moshé Léon devrait retrouver son siège conquis en 2018 et il déclare déjà son ambition d’être le maire d’un million d’habitants.

À Tel-Aviv, la situation réserve plus de suspens. Le maire sortant, Ron Huldaï, 80 ans, élu depuis 1998 (cinq mandats !), est fier d’avoir fait de sa ville « le New-York d’Israël ». Il se représente mais montre que, cette fois, il tiendra sa promesse de se retirer en prenant en numéro deux son successeur désigné, ancien adjoint et néanmoins rival, Asaf Zamir. Face à ces deux candidats issus de la gauche, Orna Barbivaï, du parti centriste Yesh Atid de Yaïr Lapid, pourrait créer la surprise. Á Haïfa, Einat Kalisch-Rotem, devrait céder son fauteuil à l’ancien maire, Yona Yohav.

Celle qui voulait faire de la grande ville portuaire « le Berlin du Proche-Orient » n’a jamais pu gérer sa majorité où on trouvait des travaillistes et des ultraorthodoxes ashkénazes. Une mésaventure que ne risque pas de vivre Rubik Danilovitvch, maire de Beer-Shéva, qui, fort de son bilan, se retrouve seul candidat au poste de maire.

Un rêve pour ses collègues dans les 238 autres mairies convoitées.

à propos de l'auteur
Philippe Velilla est né en 1955 à Paris. Docteur en droit, fonctionnaire à la Ville de Paris, puis au ministère français de l’Economie de 1975 à 2015, il a été détaché de 1990 à 1994 auprès de l’Union européenne à Bruxelles. Il a aussi enseigné l’économie d’Israël à l’Université Hébraïque de Jérusalem de 1997 à 2001, et le droit européen à La Sorbonne de 2005 à 2015. Il est de retour en Israël depuis cette date. Habitant à Yafo, il consacre son temps à l’enseignement et à l’écriture. Il est l’auteur de "Les Juifs et la droite" (Pascal, 2010), "La République et les tribus" (Buchet-Chastel, 2014), "Génération SOS Racisme" (avec Taly Jaoui, Le Bord de l’Eau, 2015), "Israël et ses conflits" (Le Bord de l’Eau, 2017), "La gauche a changé" (L'Harmattan, 2023). Il est régulièrement invité sur I24News, et collabore à plusieurs revues.
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