Donbass – Ukraine

De Munich à Moscou : Sudètes et Donbass

Lors de la dislocation de l’Empire Austro-Hongrois en 1918 quatre entités germanophones de Tchécoslovaquie appelées collectivement Sudètes se sont senties isolées dans un nouveau territoire slave et demandèrent leur rattachement à l’Allemagne. Avec 3.2 millions d’habitants les germanophones constituaient 22.8% de la population totale.

Finalement Hitler résolut le problème des sudètes en prenant le contrôle de toute la Tchécoslovaquie. On peut comparer le problème des Sudètes à celui du Donbass après la dislocation de l’URSS. Sur la base d’une stratégie analogue à celle des allemands la Russie veut résoudre le problème du Donbass en envahissant toute l’Ukraine. Cette similitude est dans les deux cas est rendue possible en raison du caractère lâche des démocraties occidentales.

Le Donbass comprend deux Oblasts : Donetsk et Louhansk qui incluent respectivement 4.6 millions et 2.2 millions habitants soit au total 6.8 millions d’habitants sur une population Ukrainienne de 42.5 millions en excluant la Crimée (déjà annexée par la Russie). Le Donbass ne représente que 16% de la population Ukrainienne et comprend à la fois des Russophones et des Russes Ethniques et plus exactement 75% à Donetsk et 69% à Louhansk. Toutefois tous les russophones ne sont pas des russes ethniques et en 2011 un sondage a montré que 40% des russophones se considéraient comme Russes soit 1.8 million d’habitant c’est-à-dire 0.4 de la population ukrainienne. Par ailleurs l’Ukrainien est une langue similaire au Russe et le sort des habitants du Donbass n’est en rien comparable à celui des habitants des sudètes isolés en terre slave.

Il ressort de cela que le problème identitaire et linguistique n’est qu’un prétexte pour atteindre d’autres fins et dans le pire des cas le retour de 1.8 millions de Russes ethniques en Russie ne devrait pas poser de problème à un pays aussi vaste.

A la base le Donbass est la région la plus riche en ressources minières de l’Ukraine mais ses ports constituent un attrait pour la Russie bien plus grand pour un pays qui a toujours voulu être une grande puissance maritime.

En effet la Russie est paradoxalement le plus vaste pays du monde et mais aussi le plus enclavé en ce qui concerne son accès à la mer et en particulier aux mers du sud. Sur le pacifique où la Russie à un accès ouvert le pays est très peu développé.

Le problème n’a été qu’en partie résolu par l’invasion de la Crimée qui n’est qu’une presqu’île de la mer noire. En conséquence de nombreux navires russes doivent mouiller en terre étrangère. Cette situation n’était pas durable pour un pays qui vise à être une grande puissance militaire et maritime quitte à mettre de côté son développement économique.

Avec la Crimée la Russie avait récupéré Sébastopol et avec l’Ukraine elle prendra à nouveau possession d’Odessa sur la mer noire et même de Marioupol sur la mer d’Azov. Au nord la mer baltique est aussi d’enclavée et l’on ne peut parler d’accès pleinement ouvert que pour la côte pacifique.

Malgré un vaste territoire la clef du désenclavement pour la Russie est la menace nucléaire si cela est nécessaire. La Russie doit en effet fortement aboyer car ce vaste pays est relativement pauvre.

Le PIB nominal de la Russie est inférieur à celui de l’Italie soit 1630 milliards de dollars en 2018 dont une grande partie va à l’armement, contre 2 072 milliards pour l’Italie, 2 775 milliards pour la France et 20 500 milliards pour les USA. Ainsi le PIB nominal per capita est en Russie de 11 240 $ ; 34 533 $ pour l’Italie, 42 045 $ pour la France et 61 900 $ pour les USA.

Bien que le monde occidental ait une dette envers la Russie pour sa victoire sur l’Allemagne en 1945, nous devons rappeler à ce pays qu’il n’est plus qu’une puissance de second ordre et que sa menace nucléaire est similaire à du terrorisme. De plus la taille de la Russie ne la protège pas du feu nucléaire puisque 80% de la population est concentrée sur 25% de son territoire. 

L’enjeu est grand car en faisant passer des territoires sous le régime russe on prive leur population de liberté et des droits humains fondamentaux. La puissance de la Russie est fondée sur la lâcheté des représentant des démocraties occidentales et non pas sur des faits.

à propos de l'auteur
Didier a une formation universitaire franco-américaine et une longue expérience des affaires internationales, il est passionné d'Histoire et en particulier de l'Histoire du judaïsme et l'antisémitisme. Il a une connaissance approfondie d'Israël et du Moyen Orient.
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