Donald Trump, Kamala Harris, et Israël
La campagne pour les élections américaines du 5 novembre a basculé. Donald Trump, le miraculé du 13 juillet, était donné gagnant face à un Joe Biden chancelant. Patatras ! Le président sortant se retire de la course, et tout indique que sa vice-présidente, Kamela Harris, sera investie lors de la convention du Parti démocrate (du 19 au 22 août à Chicago).
Ce coup de théâtre relance la campagne du Parti démocrate où on se remet à espérer. En Israël, le gouvernement, et une majorité de l’opinion publique, sont convaincus que le candidat républicain serait le meilleur président pour Israël. Pas si sûr. Très fâché avec le Premier ministre Benjamin Netanyahu – qu’il accuse de ne pas l’avoir soutenu lorsqu’il proclamait que l’élection de 2020 lui avait été « volée » – il affiche une solidarité avec Israël, mais sans enthousiasme.
Après le 7 octobre, il déclare que le Premier ministre israélien n’était « pas préparé » à une attaque du Hamas. Il continue d’insister sur son soutien historique à l’État juif mais demande à son gouvernement de « terminer ce qu’il a commencé » pour « en finir rapidement » car il serait « en train de perdre la guerre des relations publiques ». Mais là n’est peut-être pas l’essentiel.
Si Donald Trump est élu, ce sera son dernier mandat, et il ne sera plus tenu de ménager ses dizaines de millions d’électeurs évangélistes partisans fanatiques d’Israël. Last but not least, cet adversaire farouche de la dépense publique doit trouver que le soutien à Tsahal coûte bien cher (près de 20 milliards de dollars cette année). D’ailleurs, le candidat qu’il a choisi pour la vice-présidence, JD Vance, envisage de faire payer à Taïwan l’aide militaire des États-Unis. Une aide de même nature que celle dont Israël bénéficie…
Kamala Harris occupe une position centriste au sein de son parti, mais elle entretient de bonnes relations avec ses éléments plus progressistes qui critiquent souvent Israël. Cependant, elle ne devrait pas se démarquer de la politique étrangère de celui dont elle a été la vice-présidente pendant quatre ans. Elle demeure convaincue qu’il revient aux États-Unis d’aider Israël à contrer les ambitions iraniennes au Moyen-Orient. Sans pour autant taire ses critiques vis-à-vis du gouvernement Netanyahu, comme elle l’a fait en réclamant plus d’aide humanitaire, et moins de victimes civiles à Gaza.
Cette fille d’un père jamaïcain et d’une mère indienne a épousé – sur le tard – un Juif américain. Incarnation des minorités, elle combat l’antisémitisme et tous les racismes.
En d’autres termes, si elle était élue à la présidence des États-Unis, elle continuerait à soutenir Israël, mais pas de façon inconditionnelle. De toute façon, il faudra que l’État juif s’y fasse : Donald Trump et Kamala Harris tiennent compte d’une opinion publique américaine qui a une vision de plus en plus critique de la politique israélienne.