Donald Trump, Kamala Harris, et Israël

La sénatrice Kamala Harris D-Calif. prend la parole lors de la conférence politique 2017 de l'American Israel Public Affairs Committee (AIPAC), le mardi 28 mars 2017, au Washington Convention Center, à Washington. (Photo AP/José Luis Magana)
La sénatrice Kamala Harris D-Calif. prend la parole lors de la conférence politique 2017 de l'American Israel Public Affairs Committee (AIPAC), le mardi 28 mars 2017, au Washington Convention Center, à Washington. (Photo AP/José Luis Magana)

La campagne pour les élections américaines du 5 novembre a basculé. Donald Trump, le miraculé du 13 juillet, était donné gagnant face à un Joe Biden chancelant. Patatras ! Le président sortant se retire de la course, et tout indique que sa vice-présidente, Kamela Harris, sera investie lors de la convention du Parti démocrate (du 19 au 22 août à Chicago).

Ce coup de théâtre relance la campagne du Parti démocrate où on se remet à espérer. En Israël, le gouvernement, et une majorité de l’opinion publique, sont convaincus que le candidat républicain serait le meilleur président pour Israël. Pas si sûr. Très fâché avec le Premier ministre Benjamin Netanyahu – qu’il accuse de ne pas l’avoir soutenu lorsqu’il proclamait que l’élection de 2020 lui avait été « volée » – il affiche une solidarité avec Israël, mais sans enthousiasme.

Après le 7 octobre, il déclare que le Premier ministre israélien n’était « pas préparé » à une attaque du Hamas. Il continue d’insister sur son soutien historique à l’État juif mais demande à son gouvernement de « terminer ce qu’il a commencé » pour « en finir rapidement » car il serait « en train de perdre la guerre des relations publiques ». Mais là n’est peut-être pas l’essentiel.

Si Donald Trump est élu, ce sera son dernier mandat, et il ne sera plus tenu de ménager ses dizaines de millions d’électeurs évangélistes partisans fanatiques d’Israël. Last but not least, cet adversaire farouche de la dépense publique doit trouver que le soutien à Tsahal coûte bien cher (près de 20 milliards de dollars cette année). D’ailleurs, le candidat qu’il a choisi pour la vice-présidence, JD Vance, envisage de faire payer à Taïwan l’aide militaire des États-Unis. Une aide de même nature que celle dont Israël bénéficie…

Kamala Harris occupe une position centriste au sein de son parti, mais elle entretient de bonnes relations avec ses éléments plus progressistes qui critiquent souvent Israël. Cependant, elle ne devrait pas se démarquer de la politique étrangère de celui dont elle a été la vice-présidente pendant quatre ans. Elle demeure convaincue qu’il revient aux États-Unis d’aider Israël à contrer les ambitions iraniennes au Moyen-Orient. Sans pour autant taire ses critiques vis-à-vis du gouvernement Netanyahu, comme elle l’a fait en réclamant plus d’aide humanitaire, et moins de victimes civiles à Gaza.

Cette fille d’un père jamaïcain et d’une mère indienne a épousé – sur le tard – un Juif américain. Incarnation des minorités, elle combat l’antisémitisme et tous les racismes.

En d’autres termes, si elle était élue à la présidence des États-Unis, elle continuerait à soutenir Israël, mais pas de façon inconditionnelle. De toute façon, il faudra que l’État juif s’y fasse : Donald Trump et Kamala Harris tiennent compte d’une opinion publique américaine qui a une vision de plus en plus critique de la politique israélienne.

à propos de l'auteur
Philippe Velilla est né en 1955 à Paris. Docteur en droit, fonctionnaire à la Ville de Paris, puis au ministère français de l’Economie de 1975 à 2015, il a été détaché de 1990 à 1994 auprès de l’Union européenne à Bruxelles. Il a aussi enseigné l’économie d’Israël à l’Université Hébraïque de Jérusalem de 1997 à 2001, et le droit européen à La Sorbonne de 2005 à 2015. Il est de retour en Israël depuis cette date. Habitant à Yafo, il consacre son temps à l’enseignement et à l’écriture. Il est l’auteur de "Les Juifs et la droite" (Pascal, 2010), "La République et les tribus" (Buchet-Chastel, 2014), "Génération SOS Racisme" (avec Taly Jaoui, Le Bord de l’Eau, 2015), "Israël et ses conflits" (Le Bord de l’Eau, 2017), "La gauche a changé" (L'Harmattan, 2023). Il est régulièrement invité sur I24News, et collabore à plusieurs revues.
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