Discours biblique de Benyamin Netanyahou
Le premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, lors de son discours au Congrès américain (27 septembre 2024) n’a eu de cesse d’utiliser des citations extraites et inspirées de la Bible hébraïque (TaNaKh).
Sept raisons expliquent le recours permanent au TaNaKh :
Renforcer le lien historique
L’utilisation de citations bibliques souligne les racines profondes du peuple juif en Terre d’Israël et le lien historique avec cette terre.
La première citation fait référence à Moïse et à la promesse de la terre promise (Deutéronome 30 : 19-20).
משֶׁה אָמַר שֶׁהַפְּעֻלּות שֶׁלָּנוּ יִקְבְּעוּ אִם אֲנָחְנוּ נַשְׁאִיר לְדורות שֶׁאַחֲרֵינוּ בְּרָכָה או קְלָלָה
« Moïse a dit que c’étaient nos actions qui détermineraient ce que nous laisserions aux générations futures, la bénédiction ou la bénédiction », en référence au passage où les fils d’Israël se tiennent entre les monts Eyval et Guerizim (Deutéronome 11 : 29).
Souligner la légitimité
Les citations bibliques renforcent la revendication de légitimité de l’État d’Israël moderne.
Créer une identification
Face à un public américain d’origine protestante et évangélique, dont beaucoup connaissent la Bible, les citations créent une identification et un sentiment de valeurs partagées.
Amplifier le message et donner un souffle prophétique au discours politique
נֵ֣צַח יִשְׂרָאֵ֔ל לֹ֥א יְשַׁקֵּ֖ר
« Le Protecteur d’Israël ne ment pas » (I Samuel 15 : 29).
Connexion symbolique
L’utilisation du langage biblique relie la lutte actuelle d’Israël aux luttes historiques du peuple juif. Tout leader se doit de connaître son passé pour construire le futur.
Effet rhétorique
Les citations bibliques ajoutent du poids et de la profondeur émotionnelle au discours, améliorant son efficacité rhétorique. Benjamin Netanyahu accusant l’ONU d’antisémitisme cite le roi Salomon qui, à Jérusalem, la Capitale éternelle d’Israël, a déclaré il y a 3000 ans :
אֵין כָּל-חָדָשׁ, תַּחַת הַשָּׁמֶשׁ
« Il n’y a rien de nouveau sous le soleil » (Ecclésiaste 1 : 9).
Renforcer l’identité juive et remonter le moral du peuple juif en Israël
L’utilisation de la Bible souligne l’identité juive d’Israël et sa place en tant qu’État juif.
חִזְק֣וּ וְאִמְצ֔וּ אַל־תִּֽירְא֥וּ וְאַל־תַּעַרְצ֖וּ מִפְּנֵיהֶ֑ם כִּ֣י ה’ אֱלֹקיךָ ה֚וּא הַהֹלֵ֣ךְ עִמָּ֔ךְ לֹ֥א יַרְפְּךָ֖ וְלֹ֥א יַעַזְבֶֽךּ
« Soyez forts et vaillants ! Ne vous laissez effrayer ni intimider par eux ! Car l’Éternel, ton Dieu, marche lui-même avec toi ; il ne te laissera pas succomber, il ne t’abandonnera point ! » (Deutéronome 31 : 6).
D’aucuns pourraient imaginer que Benjamin Netanyahu utilise ces citations uniquement à des fins de simple rhétorique ou dans le seul but de convaincre les Évangélistes américains et du monde entier. Or il s’avère que Benjamin Netanyahu n’a jamais caché son véritable attachement à l’Histoire biblique, attachement qu’il doit certainement à son père Bentsion Netanyahu qui fut professeur de littérature hébraïque, d’histoire juive et médiévale, d’études hébraïques et juives.
À cela s’ajoute le fait que l’un de ses fils, Avner, a lui-même participé au Concours annuel biblique au Jour de l’Indépendance d’Israël et a été classé troisième en finale puis, au vu de ses résultats, deuxième exæquo avec le deuxième candidat. Benjamin Netanyahu a lui-même révélé à plusieurs reprises qu’il étudiait et commentait chaque Shabbat sous la direction de son fils Avner la parashat HaShavoua – la péricope biblique.
En 2012, Benjamin Netanyahu renouvelle le « Cercle d’Études bibliques » créé par David ben Gourion et nommera ce même Cercle du nom de son beau-père Shemouel ben Artsi, grand écrivain amoureux du TaNaKh (Il détenait une licence et une maîtrise de TaNaKh).
Ce discours, s’il met en garde l’Iran, le Hezbollah et le Hamas, laisse surtout transparaître une vision de paix, celle adressée à l’Arabie Saoudite, paix qui transformera toute la région du Moyen-Orient en une zone de prospérité économique et de dialogue culturel entre Juifs et Musulmans. Le mot « shalom-Paix » apparaît pas moins de 22 fois. Le mot « bénédiction » 12 fois (10 fois au singulier et 2 fois au pluriel) et la « malédiction » (8 fois).
Benjamin Netanyhou conclut son discours :
עַם יִשְׂרָאֵל חַי עָכְשָׁיו, מָחָר, לַנֶּצַח
« ‘Am Ysraël ‘haï’ (Le peuple d’Israël vit) maintenant, demain et à jamais ! «
La première utilisation documentée de l’expression « Am Ysraël ‘haï » (‘Le peuple d’Israël vit’) remonte à la libération des camps de concentration pendant la Shoah.
Le service radio de la BBC a capturé un moment poignant impliquant le rabbin militaire britannique Leslie Hardman. Le contexte de cet événement s’est déroulé dans le camp de concentration de Bergen-Belsen, qui a été libéré le 20 avril 1945. Après la cérémonie d’accueil du Shabbat, les survivants ont entonné l’hymne du futur état d’Israël ‘Hatikvah’ (‘L’Espoir’) puis le rabbin Hardman a proclamé avec émotion : « Am Yisraël ‘haï ! Benei Yisraël od ‘haïm ! » Ce qui signifie : « Le peuple d’Israël vit ! Les enfants d’Israël vivent encore ! »
Cette déclaration revêtait une signification profonde dans le contexte de l’après-Shoah. Elle exprimait la résilience et la survie du peuple juif face à la tentative d’extermination nazie.
Cette utilisation précoce de l’expression « Am Yisraël ‘haï » dans un moment aussi crucial de l’histoire juive a contribué à en faire un slogan puissant de résistance, de survie et d’espoir pour les générations futures. Elle symbolise la persistance de l’identité et de la culture juives malgré les persécutions.
Il n’est pas de grands dirigeants en Israël qui ne lisent pas la Bible. Ainsi les grands discours écrits et prononcés par les premiers ministres de l’État d’Israël David ben Gourion et Menahem Begin révèlent également de riches citations et allusions bibliques souvent inspirées des prophètes d’Israël.